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Après la proclamation des résultats définitifs du 1er tour des élections législative par la Cour Constitutionnelle, les regards sont désormais tournés vers le second tour qui se déroulera le 22 juillet. Toutes les candidatures considérées comme fantaisistes et celles faibles d’envergure de façon générale, en raison de la faible notoriété de certains candidats et de la pauvreté d’autres sont sorties de la compétition dès le premier tour. Comme pour apprendre aux uns et aux autres que les élections sont non seulement l’affaire des acteurs politiques qui ont d’ailleurs vocation à conquérir le pouvoir, mais aussi qu’elles ne peuvent être banalisées par ceux qui n’en ont pas vocation.

Par ailleurs, il faut rappeler que même certaines personnalités influentes des milieux politiques ont eu du mal à se faire élire dès le premier tour. Il s’agit en particulier des présidents de partis qui espèrent tirer leur épingle du jeu au second tour.

LES PARTS DE RESPONSABILITE

Malgré qu’il y ait eu peu d’engouement des électeurs, ces élections ont enregistré au 1er tour plus de 1400 candidatures pour 147 sièges à pourvoir.
Ces élections ont été l’occasion de se rendre compte que les populations sont de moins en moins intéressées par la chose politique. Cela n’est pas un fait nouveau, mais le phénomène a pris de l’ampleur ces dernières années. On a tenté de donner plusieurs explications à cette situation. Ainsi, pour certains, c’est la manière dont les affaires publiques sont gérées qui explique ce désintérêt.

Mais cela est sans doute une explication erronnée et très superficielle, simpliste de la situation qui prévaut aujourd’hui dans le processus électoral malien et qui interpelle en ce moment tous: acteurs politiques, administration, populations qui sont les électeurs sur lequels tout le reste mise. Mais, de plus en plus, au regard de l’ampleur que prend le phénomène de l’abstinence.

LE FOND DU PROBLEME

Les causes du désintérêt des populations à la chose politique sont plutôt à rechercher dans la manière dont les acteurs politiques gèrent la chose politique.
Dans ce sens est important le rôle des relations qui se tissent entre les acteurs politiques et les populations, en l’occurrence les militants des partis et les électeurs de façon générale.

Il y a, en effet, une crise de confiance qui s’est installée entre certains acteurs politiques les électeurs est en train de prendre de l’ampleur au grand dam des acteurs politiques eux-mêmes. Aujourd’hui, l’administration, la classe politique et les populations sont fortement interpellées par rapport au faible taux de participation aux différentes élections depuis l’ouverture démocratique.

LA PROBLEMATIQUE DE LA LEGITIMITE DES ELUS

Mais, ce qui est sûr, cela n’est pas de nature à compromettre le processus démocratique ou électoral, mais influe négativement sur la légitimité de nos élus. En plus, une participation plus accrue des électeurs incontestablement encourage les acteurs politiques et singulièrement les candidats aux élections, en même temps elle permet de renforcer l’image des processus électoraux au Mali.

A présent, tous sont conscients de ce besoin, mais comment va-t-on parvenir à résoudre l’équation? Cela est une question qui interpelle tous. Et les acteurs politiques gagneront mieux à développer une synergie dans le sens de la recherche de solutions à ce problème crucial plutôt que de se jeter la responsabilité les uns sur les autres.

LE CONSENSUS N’EST PAR ETERNEL

On a tout l’impression que certains croient toujours que le consensus est éternel. Ils doivent se convaincre que la démocratie malienne ne s’arrêtera pas à l’expérience du consensus politique du premier mandat du président Amadou Toumani Touré. En fait, cela ne représente qu’une étape dans le processus démocatrique malien. ATT est, en effet, arrivé au pouvoir après que l’Adéma eût fait dix ans au pouvoir.

Ce parti, jadis majoritaire au pouvoir a aussi initié une gestion concertée du pouvoir, de laquelle le temps aura raison. On se rappelle aussi que le consensus politique initié par ATT s’est aussi effrité vers la fin de son premier mandat. Aussi, les perspectives politiques du Mali sont telles que les données sont appelées à changer.

En effet, l’opposition politique en gestation ne tardera pas à poursuivre son combat vers les changements qu’elle souhaite. Mais le plus important est le fait qu’elle puisse se doter des moyens de sa politique.

Dans tous les cas, c’est l’issue des élections législatives qui sera déterminante car, c’est à partir de là qu’on se fera une idée précise des rapports des forces des partis et de l’option réelle de chacun.

Moussa SOW

16 juillet 2007.