Mardi, à l’hôtel Salam, la cérémonie de lancement du projet d’appui à la santé des femmes en Afrique et à la prise en charge des fistules obstétricales a eu lieu sous la présidence de la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille Mme Diallo M’Bodji Sène.
Etaient également présents, les ambassadeurs de France au Mali, Michel Reveyrand de Menthon, et du Sénégal, Mme Saoudatou N’Diaye Seck, les représentants résidents du FNUAP dans notre pays, Mamadou Diallo, et de l’Organisation mondiale de la santé, Lamine Cissé Sarr, Ciryl Wissocq de « Équilibre et population » (une ONG française), Dramane Sangaré de la Fondation pour l’Enfance, ainsi que nombreux autres invités.
Le Projet d’appui à la santé des femmes en Afrique et à la prise en charge des fistules obstétricales a été initié par le Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France au Mali, ainsi que le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).
Le Projet d’appui à la santé des femmes en Afrique et à la prise en charge des fistules obstétricales intègre le programme mondial d’élimination des fistules obstétricales. Il mobilisera sur financement de la coopération française plus de 1,3 milliard de Fcfa et s’étalera sur 3 ans.
La mise en œuvre du Projet d’appui à la santé des femmes en Afrique et à la prise en charge des fistules obstétricales, s’articulera autour de trois axes d’intervention : la prévention, le traitement et la réinsertion sociale.
Ces femmes, voulant faire la plus belle chose au monde, procréer, se sont déchirées, suite à un accouchement difficile, contractant ainsi une fistule, devenant ou incontinentes, i.e. ne peuvent plus retenir leur pipi, ou elles n’arrivent plus à retenir leurs selles.
Par cet état de fait, elles sentent souvent le pipi ou le caca. Beaucoup sont rejetées soit par leurs maris, soit par leur famille, les privant ainsi de toute aide matérielle et morale, les laissant souvent dans un isolement total.
Comme l’a dit quelqu’un « La fistule est une maladie honteuse qui marginalise la patiente. Cette dernière est abandonnée par son mari qui la ramène dans sa famille d’origine où les gens la fuient aussi. Il n’y a que les mouches qui lui tiennent compagnie!« .
Aussi, il est inadmissible qu’une telle maladie puisse encore exister en ce 21ème siècle !
Qu’est-ce que la fistule?
La fistule, déchirure d’un organe d’évacuation des produits physiologiques de l’être humain, est selon les spécialistes définit comme un canal d’origine congénital, accidentel ou artificiel, par où s’écoule un produit physiologique (urines, matières fécales) ou pathologique (pus).
La fistule est une complication de l’accouchement. Elle se nomme alors fistule obstréticale.
Selon les statistiques de l’Organisation Mondiale de la Santé, dans le Tiers-monde, sur 1.000 femmes décédées des suites de complication de l’accouchement comme l’hémorragie, la septicémie, sur 10 d’entre elles, on retrouve une fistuleuse.
En Afrique, particulièrement au Mali, la fistule vésico-vaginale d’origine obstétricale liée à l’accouchement non assistée par un médecin gynécologue ou une sage-femme, relève de 90% des cas rencontrés.
La fistule recto vaginale et vésico recto vaginale se retrouvent à pourcentage presque égal chez ces femmes ici.
Dans la fistule recto vaginale, la déchirure relie le rectum au vagin et dans la fistule vésico recto vaginale, le vagin sera relié soit à la vessie seule soit à la vessie et le rectum, avec comme conséquence, un écoulement permanent d’urines et de selles en dehors des voies normales chez la femme, qui peut rejeter les deux déchets par le vagin ou le rectum.
Ces deux types, se retrouvent à pourcentage presque égal chez les femmes au Mali.
Aussi, la fistule reste un problème des pays sous-développés, car de nos jours, elle n’existe plus en Occident !
Au delà de la problématique des fistules obstétricales, la santé de la mère en général est une question fondamentale. Elle mérite une attention particulière et doit être inscrite au cœur des actions de santé publique.
Selon la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, une enquête menée dans les pays où sévit le fléau que représente la fistule, établit que les communautés ont souvent un jugement négatif sur la femme victime de fistule qui est perçue comme inféconde et n’ayant aucune chance de fonder un foyer.
Mme Diallo M’Bodji Sène a estimé que « La prise en charge médicale et sociale des fistuleuses n’est pas seulement une question de solidarité, mais relève avant tout de la justice sociale et de l’équité« .
Pour l’ambassadeur de France, Michel Reveyrand-De Menthon : « Améliorer la santé des femmes est un devoir moral« .
Paris avait soutenu, dès 1987, une initiative mondiale en faveur d’une maternité sans risque, a rappelé Michel Reveyrand-De Menthon.
Le représentant résident de l’UNFPA a, lui, commenté les statistiques du service d’urologie du centre hospitalo-universitaire du Point G. Ces chiffres montrent que 15% des femmes atteintes de la fistule ont moins de 18 ans et que 98% d’entre elles n’avaient jamais fréquenté un établissement de santé.
Pour Dramane Sangaré de la Fondation pour l’Enfance, le projet ainsi lancé, est un maillon de plus dans la longue chaîne de solidarité de prise en charge des fistules obstétricales.
La prise en charge des fistuleuses a été également saluée par le représentant de l’ONG « Équilibre et population« .
23 mai 2007.