A part la région de Sikasso, toutes les autres régions du Mali abritent des communes en difficultés alimentaires. La récente évaluation de la situation alimentaire du SAP a révélé que 12 communes de Kayes et 12 communes de Koulikoro, avec respectivement 124. 199 et 168.110 personnes sont en difficultés alimentaires.
Si une seule commune de Ségou, avec 7.045 personnes est en difficultés alimentaires, à Mopti, ce sont 43 communes, avec 574.617 personnes et 22 communes à Tombouctou avec 204.209 personnes.
Gao et Kidal abritent respectivement 7 et 4 communes en difficultés alimentaires, avec 52.115 et 17.962 personnes.
En cette période de l’année, ce sont près de 1.150.000 personnes soit 10 % de la population du pays qui vivent des difficultés alimentaires exceptionnelles dans 10 communes.
Mieux, le SAP a aussi identifié 87 communes dans lesquelles les populations vivent en difficultés économiques. Ces communes qui abritent 1. 082.451 personnes, soit 9,5 % de la population sont reparties entre les différentes régions du pays à l’exception, encore une fois, de Sikasso. Ce sont : 27 communes avec 325.962 personnes à Kayes, 8 communes avec 162.107 personnes à Koulikoro, 9 à Ségou avec 125.517 personnes, 16 à Mopti avec 227.608 personnes, 18 à Tombouctou avec 169.548 personnes, 2 à Gao avec 40.311 personnes et 7 communes à Kidal avec 31.398 personnes.
Selon le SAP, cette précarité alimentaire et économique qui frappe environ 10 % de la population du Mali est due au fait que la campagne agricole 2004-2005 a évolué dans des conditions de pluviométrie et de crue peu satisfaisantes, avec une forte pression des déprédateurs, notamment des criquets pèlerins.
Cependant, le SAP se veut formel : «le facteur ayant le plus affecté les résultats de cette campagne reste incontestablement le déficit pluviométrique».
Selon les données collectées sur le terrain, le SAP a indiqué que la production céréalière nationale 2004-2005 est passable. Mais reste en deçà de la moyenne.
Par ailleurs, en ce qui concerne les conditions générales de l’abreuvement, il a conclu qu’elles sont encore satisfaisantes dans l’ensemble. Toutes fois, les cas de tarissements précoces des eaux de surface se poursuivent dans les grandes zones de concentrations d’animaux.
Le SAP a aussi indiqué que le déficit, pluviométrique et surtout la faiblesse de crue sur l’ensemble des cours d’eau, n’ont pas permis une bonne inondation des zones de frayeurs pour la reproduction des espèces de poissons.
Conséquence : malgré que la pêche soit rentrée dans sa phase active, depuis octobre-novembre 2004, les captures sont restées très timides et nettement moins bonnes que celles de l’année dernière pour la même période.
Pire, le SAP annoncé une très mauvaise campagne à Ségou, Mopti, Tombouctou et une campagne relativement moyenne à Gao.
Pour atténuer les difficultés alimentaires que vivent les populations, le SAP a formulé plusieurs recommandations. Ce sont : des distributions alimentaires gratuites pour 2 mois, soit 20.993 tonnes de céréales, la poursuite des ventes d’intervention de l’OPAM dans les régions de Tombouctou, Gao, Kidal et Kayes pour 3000 tonnes, la vente de céréales par des offres publiques de vente dans les grands centres de consommation pour 4.500 tonnes et la création ou le renforcement des banques de céréales après une évaluation et la mise en place des conditions idoines de bonne gestion par les communes bénéficiaires. Le stock prévu à cet effet est de 5000 tonnes.
Par ailleurs, la structure d’alerte a recommandé l’appui en aliment bétail de 15.000 tonnes vendu au prix usine. Le transport étant subventionné.
Pour permettre aux paysans éprouvés par les difficultés d’être prêt dès les premières pluies, le SAP a proposé de mettre en place un système d’appui en semences adaptées de mil, sorgho, paddy, arachide et Niébé.
Dans le but de juguler l’insécurité alimentaire dans des zones exposées tous les deux ans au fléau, il a été recommandé de réaliser 47 petits périmètres irrigués villageois dans les communes ou cela est possible.
Pour améliorer les conditions d’abreuvement du cheptel, la proposition a été faite de réaliser quelques sucreusements de points d’eau.
Le SAP a aussi demandé d’appuyer les pêcheurs qui sont devenus très vulnérables cette année.
Enfin, il a recommandé le renforcement de la surveillance contre les criquets pèlerins, les oiseaux granivores et tout autre ennemi des cultures.
Assane Koné
14 Mars 2005