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Etant donné la prohibition qui la frappe dans les grands pays consommateurs, à savoir les Etats-Unis et l’Europe, son écoulement y est l’occasion d’une guerre féroce entre gangs, pour le contrôle des marchés. On oublie souvent que la guerre dans les pays développés, c’est cette tuerie quotidienne à laquelle on s’est résigné, semble-t-il, et que Sarkozy a promis d’enrayer dans les banlieues des grandes villes françaises. L’Afrique n’est donc pas le seul théâtre de la barbarie, encore que son sous-développement exigerait d’elle plus de calme, du fait que c’est dans la paix qu’un pays se construit.

La journée mondiale contre les stupéfiants, célébrée le lundi 26 juin est certes une bonne chose, en ce qu’elle vise à débarrasser l’humanité du fléau de la drogue. Celle-ci crée une accoutumance irréversible, s’attaque au cerveau et bientôt le toxicomane n’est plus qu’un lambeau humain, capable de tuer pour avoir sa dose quotidienne. Les Occidentaux s’en méfient comme de la peste. N’y voient-ils pas souvent un cheval de Troie introduit par l’ennemi (autrefois communiste, aujourd’hui islamiste) pour détruire leur jeunesse?

Pourtant, les choses ne sont pas aussi simples. En Europe même, certains se scandalisent de la prohibition qui frappe les stupéfiants et de la liberté totale accordée aux consommateurs d’alcool, alors même, qu’il s’agit d’une drogue grisante au même titre. Un pays comme la Hollande en a tiré la conséquence logique, en autorisant la consommation des drogues douces, comme le chanvre indien.

En Afrique celui-ci était couramment fumé sous le nom de yamba, d’où d’ailleurs le nom de la pipe en bambara (tambadaga) et en soninké (jambagine). Quand le whisky, la vodka, le pastis, le gin ou le rhum sont nocifs, même consommés avec modération en ce sens qu’ils ont vite fait d’enivrer celui qui en boit, on se demande pourquoi il ne sont pas aussi interdits.

Et puis on épiloguera longuement sur le sens de “modération” sans parvenir à s’entendre. En effet le dicton français enseigne bien que “qui a bu boira” comme pour dire qu’en la matière il n’y pas de petite quantité, le buveur débutant étant appelé à progresser. Il y a aussi d’autres fautes dont les lois ne disent rien, comme le tourisme sexuel, la prostitution ou les jeux de hasard.

C’est tout simplement injuste, et une façon de compliquer le problème, de s’attaquer à un seul produit dans la boutique du diable, alors que chacun devrait pouvoir y acheter le paradis artificiel de son choix.

Ibrahima KOÏTA

29 juin 2006.