« Etude d’analyse de la dette extérieure du Mali et de ses impacts sociaux, économiques et politiques », est l’intitulé de l’étude réalisée par la Coalition des alternatives africaines, dette et développement (CAD-Mali) avec le soutien financier de Diakonia. Cette étude s’inscrit dans le cadre de la stratégie Initiatives locales d’éducation populaire et des alternatives.
Le document, volumineux d’une centaine de pages comporte 4 parties : évolution historique de la dette extérieure du Mali de 1960 à 2004, analyse de la dette extérieure du Mali de 1994 à 2004, les impacts des programmes d’ajustement structurel et les stratégies de réduction de la pauvreté, les alternatives au surendettement et les axes de plaidoyer.
Faisant une analyse succincte de ce document, la présidente de CAD-Mali, Mme Barry Aminata Touré, dira que la problématique de la dette se résume à l’équation 1-6 = 4. Cela voudrait dire que, pour une dette contractée dans les années 80, les pays du Tiers-monde ont remboursé six fois le montant initial et se retrouvent 20 ans plus tard quatre fois plus endettés.
Le fardeau de la dette des pays du Tiers monde, a-t-elle déploré, est lourd sur les épaules des peuples qui vivent désormais sous le seuil fatidique de la pauvreté absolue. Cette dette est dans la plupart des cas odieuse, immorale et illégale.
Générations piégées
L’encours de la dette du Mali en 1968 était de 55 milliards de F CFA. En 2003, ce montant a atteint 1766 milliards sans compter la dette contractée auprès de la Chine et les prêts spéciaux destinés à l’armement.
Les plans d’ajustement structurel n’ont pas produit de miracles.
Au contraire, il a été observé 10 000 pertes d’emplois avec la privatisation et la liquidation des sociétés et entreprises d’Etat. De même, la promesse d’allégement de 40 % du stock de la dette extérieure par la France et la décision de réduction de 70 millions de dollars consentis par la Club de Paris en mars 2003 et l’annulation de 37 milliards de dollars de dette en mars 2004 du Mali à l’égard du Japon dans le cadre de l’initiative PPTE n’ont pas permis d’apaiser les souffrances des populations dues au fardeau de la dette.
Le document souligne qu’après 20 ans d’ajustement structurel, il n’existe pour le Mali aucun espoir de sortie du carcan de la dette. Dans l’hypothèse la plus optimiste, le Mali ne pourrait payer la totalité de ses dettes qu’au bout de 45 ans, dans l’hypothèse pessimiste surtout avec la détérioration de la situation économique du pays, ce délai serait de 106 ans, soit sur 4 générations.
C’est pourquoi, la CAD-Mali priorise l’annulation de la dette comme support essentiel à la décision de la communauté internationale et de l’Union africaine d’éradiquer la pauvreté. Cette étude a déjà fait l’objet d’un atelier de restitution mercredi dernier par trois experts (Georges Kéita, Amadou Dao du rectorat et Mamadou Lamine Traoré, inspecteur des services économiques) au siège de CAD-Mali.
Sidiki Y. Dembélé
03 janvier 2005.