Cette conférence-débat a drainé une foule composée pour la plupart d’élèves, de chercheurs, d’étudiants et de nombreuses personnalités politiques et administratives parmi lesquelles Adama Samassekou président de l’académie internationale des langues du Mali et Sékou Doucouré, représentant personnel du chef de l’Etat à la francophonie et secrétaire général de la commission nationale des cultures africaines et de la francophonie.
Le premier conférencier, Monsieur Bruno Maurer a fait une analyse historique comparative du thème retenu. « Aujourd’hui, quand on parle du français et des langues partenaires, le sujet ne soulève pas d’opposition », a-t-il fait savoir. Selon lui, « le français peut servir de marche-pied aux langues si l’on parle de langue française comme partenaire des langues africaines ».
Le deuxième conférencier, le docteur Amidou Maïga a affirmé qu’en parlant du français comme langue partenaire des langues africaines, le titre n’est pas innocent. A ce propos, il a rappelé les ambiguïtés soulevées par les linguistes tout en attirant l’attention sur le français qui, dit-il, est perçu comme une « langue dominante sur les langues africaines ». Pour ce qui est du statut des langues, il a révélé qu’à la lumière des critères de l’officialité, des moyens de communication de masse, des possibilités économiques et de la représentation sociale, on a campé les langues africaines.
Quant au troisième conférencier, en l’occurrence le Docteur Abdoulaye Salifou, il a axé son intervention sur les efforts consentis par l’agence en vue de la promotion et de la diversité des langues. Evoquant la fuite des cerveaux et de ses conséquences pour les pays africains, il a cité les différents programmes mis en place par l’agence à travers une politique de stratégie.
Les atouts de la langue française
Les conférenciers ont également mis l’accent de l’existence d’un programme qui tient compte de la mobilité de la langue française. Après le sommet de Beyrouth, il a été décidé d’augmenter le fonds alloué à la promotion du français. C’est pourquoi, contrairement au passé, 200 bourses sont offertes chaque année. Il s’agit de bourses de formation doctorale, de bourses de formation initiale et de DEA ou de Master dans une thématique qui n’existe pas. L’agence entend également renforcer la collectivité des universités. Toutefois, ils n’ont pas manqué de signaler la menace que l’anglais fait planer sur la langue française.
Cas du Mali
Les Maliens savent s’approprier du français pour résoudre certains problèmes qui se posent à la diversité linguistique a indiqué un des conférenciers. Le Docteur Maïga, en rappelant une disposition de la constitution qui consacre le français comme langue officielle au Mali, dira que le statut est sans portée réelle. Il a rappelé les efforts consentis pour traduire le français dans les langues locales.
Evoquant quelques statistiques de l’utilisation du français dans le pays, les conférenciers ont fait savoir qu’il offre des possibilités. C’est pourquoi, ils ont souligné que sa valeur marchande est incontestable dans les transactions. Pour eux, le français est positivement perçu au Mali. Les conférenciers ont ajouté que c’est la « langue de l’émancipation ».
Quant aux langues locales, elles sont considérées comme des « langues d’intégration ». Par ailleurs, un des conférenciers a déploré qu’au Mali, il n’y a pas une politique de « véhicularisation » du français. Le français, ont-ils dit, n’est parlé que par une minorité de fonctionnaires. lls ont indiqué que lors des états généraux sur l’enseignement du français qui se sont tenus à Libreville, il a été décidé de revaloriser les langues nationales. La cohabitation entre le français et les langues partenaires est possible, selon les conférenciers. Mais cela ne peut se faire que dans le respect mutuel de la diversité linguistique et culturelle.
Laya DIARRA
17 Mars 2005