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Jeudi, jour de foire hebdomadaire à Koutiala, le marché grouillait de monde. De l’autre côté de la ville, au quartier Koko, l’imam de la mosquée El hadj Malick Ba, qui a constaté des troubles mentaux chez un de ses talibés, décide de le soigner avant de le remettre à ses parents.

Les deux hommes s’embarquent dans un véhicule de transport en commun pour San, première étape du voyage. Le voyage est finalement sans retour pour l’imam et son talibé.

Arrivé à Kassorola sur l’axe Koutiala-San, le véhicule tombe en panne ; le temps de le réparer est suffisant pour le talibé malade de s’enfuir et disparaître dans la brousse, mais il est vite poursuivi par son maître et un motocycliste.

Maîtrisé, El hadj Malick Ba tente de conduire le malade au véhicule. Au cours du trajet survient le drame, le talibé malade mental muni d’un couteau, administre plusieurs coups à l’imam qui, aussitôt, rend l’âme.

Ayant constaté la gravité de son acte, le talibé se suicide peu après en se tailladant le corps.

Impatients et craignant le pire, les occupants du véhicule alertent des chasseurs pour la « battue ». Le constat est vite fait : la scène est macabre. Mais, personne dans le véhicule ne connaît les deux victimes.

Aussi une fouille corporelle de l’imam permet-elle de révéler le numéro de téléphone d’un ami d’El hadj Malick Ba, résidant à Bamako.

Ce dernier appelle un proche de l’imam, mais lui dit qu’un accident est arrivé et que le talibé est mort. Les coups de fil s’accélèrent et aboutissent à la saisie de la gendarmerie qui va sur les lieux et dit à la famille Ba la vérité.

Le talibé malade, lui, ne rend l’âme qu’à l’hôpital de Koutiala juste après son admission.

Ainsi prend fin le parcours d’un homme dont la sainteté, la maîtrise du coran et des préceptes coraniques ne souffraient l’ombre d’aucun doute.

Respecté de tous, il jouissait d’une grande admiration à Koutiala. A l’annonce de la dramatique nouvelle, une vive émotion s’est emparée de tout le Miniankala.
Dors en paix, maître et homme de Dieu !

M. L. Sylla
(Radio Jamana Koutiala)

28 juin 2005