Dans la nuit du 23 septembre dernier, à Koutiala, deux individus travaillant tous pour le compte de la filiale de la société GDCM (Grand distributeur de céréales au Mali) en qualité de gardiens, se sont livrés avec une rare violence à une flagellation sanglante sur cinq enfants. Nul ne sait encore, exactement, pourquoi les deux quidams en sont arrivés à commettre une telle horreur pour laquelle ils croupissent aujourd’hui en prison.
Selon plusieurs sources concordantes, le responsable de la filiale de GDCM de Koutiala, Bourama Doumbia, serait le commanditaire des sévices corporels infligés aux cinq enfants par les deux gardiens, Abdoulaye Cissé et Tiécoro Diarra, placés sous sa responsabilité directe. Bien que les deux quidams soient déjà écroués, les habitants du quartier Lafiala (théâtre de l’incident malheureux) à Koutiala, en sont à se demander toujours pourquoi et comment des adultes ont pu commettre, avec autant de cynisme, des violences sanglantes sur des enfants âgés de 8 à 13 ans.
Depuis que ce grave incident s’est produit au quartier Lafiala de Koutiala (où les suppliciés vivent avec leurs parents biologiques), ses habitants ne décolèrent toujours pas contre les auteurs de l’équipée sanglante menée en cette nuit du 23 septembre contre d’innocents enfants dont le seul tort aura été, de l’avis de leurs parents, d’avoir choisi comme aire de jeu, la devanture du siège de la société.
Nos sources nous informent que, les populations de la capitale de l’or blanc ont de la peine à contenir leur haine vengeresse devant ces plaies béantes et hématomes insupportables, qui couvrent les corps frêles des victimes de la flagellation sauvage. Sans défense, elles ont subi durant des dizaines de minutes, la charge de deux sadiques qui, tout en les frappant, leur promettaient l’enfer, nous a révélé un témoin de l’horrible scène.
Les photos que nous publions ci-contre, illustrent éloquemment la gravité des blessures et des multiples contusions reçues suite à la barbarie des gardiens tortionnaires qui accompli leur forfait au moyen de câbles électriques. Dès lors, nul doute que les contusions et blessures béantes, handicaperont pour longtemps les mômes.
Arrêtés immédiatement par la police de Koutiala puis déférés le lendemain des faits à la prison de la même localité, les deux bourreaux doivent comparaître en correctionnel, en principe demain, 14 octobre.
La nuit fatidique
Que s’est-il passé en cette nuit du 23 octobre entre les 5 enfants que sont Dramane Mallé, 11 ans, Daouda Traoré, 8 ans, Mamadou Coulibaly, 11 ans, Mamadou Konaté, 13 ans, Lamine Mallé, 10 ans) et le représentant de GDCM et ses gardiens ?
Au sujet de cette dramatique affaire, Daouda Mallé, l’un des parent des victimes que nous avons approché, nous confie : « Dans la nuit de mardi à mercredi, 23 septembre, comme à l’accoutumée, les enfants, à la faveur de l’éclairage public, s’adonnaient aux lancées de pétards. Malheureusement pour eux, c’est devant l’un des magasins de GDCM qu’ils se trouvaient ce jour là. Et, c’est à la grande stupéfaction de tous que l’on a appris que les enfants ont été accusés par les travailleurs de la société, d’avoir tenté de mettre le feu aux marchandises entreposées dans un de leurs magasins.
Mais, il haut savoir que cette accusation est une invention des deux quidams pour pouvoir justifier les violences perpétrées sauvagement contre les enfants. L’on imagine mal qu’entre 21 heures 22 heures, les magasins soient ouverts, donnant ainsi la possibilité éventuelle aux enfants d’y entrer et de mettre le feu. Les gens de la société ont exhibé des « brins d’allumettes » en tentant de prouver que les enfants avaient bel et bien l’intention de commettre des dégâts aux préjudices de GDCM. D’après eux, ces brins d’allumettes avaient été ramassés dans le magasin. Rien de tout ça ne trompera personne. L’agression barbare perpétrée contre nos enfants n’est ni plus, ni moins qu’un crime gratuit. Ces individus se disent couverts par les relations qu’entretient leur PDG avec les plus autorités du pays ».
Après cette première version des faits, nous nous étions fait le devoir de chercher à avoir un avis contradictoire, avec le patron de GDCM, Modibo Kéïta. Mais nous n’avons pas pu mettre la main sur lui. Sa secrétaire et un de ses agents, un certain Samaké avec qui nous avons parlé au téléphone, n’ont pas pu, non plus, nous aider.
Par contre, nous avons joint par téléphone, son Représentant Bourama Doumbia, à Koutiala. Et sa version des faits tranche, sans surprise, avec celle donnée par Daouda Mallé, l’oncle de Lamine Mallé et de Dramane Mallé, cités plus haut.
En effet, Bourama nie toute participation à la séance de flagellation des enfants et déclare qu’il n’était même pas sur les lieux. Et, qu’il n’aurait donné aucune instruction aux gardiens pour frapper les enfants. Une déclaration démentie à Koutiala, où, un autre témoin, joint par nos soins, soutient mordicus, qu’il avait bien entendu tous les propos que l’intéressé a échangés avec ses deux gardiens.
Et, entre autres propos tenus, le témoin a dit se souvenir des phrases du genre : « Vos enfants n’ont eu que ce qu’ils méritaient ; si demain, ils revenaient jouer avec des allumettes alors, ils recevront la même correction ; notre PDG est ami avec les plus hautes autorités du Mali. Donc, vos parents ne peuvent rien contre nous, même si on vous tuait, ici ».
Bourama Doumbia que certains parents désignent formellement comme étant le commanditaire des sévices commis sur leurs enfants, se défend pourtant de toute implication directe dans l’Affaire des enfants et les gardiens. Mieux, l’intéressé se dit profondément indigné lui-même et, reconnaît par ailleurs que la correction infligée par ses gardiens a été très disproportionnée. L’homme nous confie qu’il avait pris en charge les frais médicaux des enfants, à hauteur de 60 000 FCFA dès le premier jour.
En ce qui concerne la tentative de représailles des habitants du quartier Lafiala contre GDCM de Koutiala suite à la torture des cinq enfants, Bourama Doumbia accuse une radio privée locale d’avoir distillé des informations erronées en annonçant par exemple qu’il y a eu des morts et des éventrés parmi les enfants. C’est immédiatement après la diffusion sur les ondes que les populations sont sorties pour venir fracasser la porte d’un des magasins de GDCM en emportant 23 sacs de sucre et 42 sacs de farine.
Les protagonistes de cette douloureuse affaire se retrouvent demain devant le juge. Ce dossier constitue à n’en pas douter, un test pour le tout nouveau procureur de la capitale de l’or blanc qui vient de prendre fonction.
Alpha Kaba Diakité
13 Octobre 2008