L’instauration de l’autorité de l’État dans le milieu scolaire est une des recommandations du Forum national de l’éducation que les autorités scolaires ont du mal à appliquer. A preuve : les élèves du lycée de Kita, qui avaient réclamé le report des compositions pour des raisons inavouées, ont pris en otage ces évaluations, vendredi dernier, une journée qui fut particulièrement violente.
Dans une déclaration lue sur des antennes des médias publics, le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues nationales, Pr. Salikou Sanogo, a dénoncé l’attitude des élèves qui s’étaient offerts, à la veille de la fête de Tabaski, un congé pour permettre à leurs camarades d’aller préparer cette fête. Cette initiative, qui commence à s’instaurer comme une tradition dans le milieu scolaire, a provoqué l’émoi des autorités scolaires.
Tout en rappelant que l’administration est la seule compétente pour prendre une telle décision, le ministre a promis de sanctionner vigoureusement ceux qui s’adonnent à la pratique. Sauf que beaucoup de nos concitoyens voyaient plus en cette sortie médiatique un ton pr
On pourrait être tenté de donner raison à ces pessimistes, car le vendredi dernier, les membres du comité AEEM (Association des élèves et étudiants du Mali) du lycée de Kita ont pris en otage l’organisation des compositions suite au refus de l’administration d’accorder aux élèves quelques jours pour préparer les évaluations. Initialement, la commission pédagogique de l’établissement avait fixé la date du 1er trimestre pour le jeudi 16 décembre 2010.
» A la veille de cette date, le comité AEEM est venu nous voir pour réclamer trois jours afin de permettre, selon eux, aux élèves de préparer les épreuves », a révélé le proviseur du lycée de Kita Bakary Kouyaté, qui a noté que son administration n’a pas hésité de rappeler aux élèves les dispositions réglementaires en la matière, qui stipulent que seule la commission pédagogique est habilitée à fixer les dates des évaluations et à accorder une journée de révision avant le démarrage des compositions.
Face à ce refus, le comité AEEM a purement et simplement exigé le report du 1er trimestre et invité les élèves, à l’issue d’une assemblée générale le jeudi 16 décembre, jour du démarrage des épreuves, à observer une grève de 48 h. En tant que première autorité de l’établissement, le proviseur a décidé de commencer les évaluations le lendemain, c’est-à-dire, le vendredi 17 décembre.
Mais les élèves ne l’entendaient pas de cette oreille. Quelques coups de sifflet du secrétaire à l’information du comité AEEM, Diango Sidibé, ont suffi pour alerter les élèves et proclamer un nouveau mot d’ordre de grève. L’intervention des forces de l’ordre suite à des jets de pierre a poussé le personnel administratif et le corps professoral du lycée à se retrancher dans les bureaux. Dispersés, les grévistes sont descendus dans la ville pour ériger des barricades et brûler des pneus.
Selon nos informations, la police a procédé à des arrestations qui ont ensuite tourné à un tiraillement entre forces de l’ordre et le maire de la localité, Sory Bado, qui en serait venu aux mains avec un agent de police. Les compositions ont été reportées à une date ultérieure. « Nous avons décidé de reporter les évaluations jusqu’à la rentrée des congés de Noël », a confirmé Bakary Kouyaté sans être en mesure de donner une date fixe pour les évaluations.
Amadou Waïgalo
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Un lycée 2 comités AEEM
Selon le proviseur du lycée de Kita, un bureau du comité AEEM avait été mis en place avant la fête de Tabaski, mais le bureau de coordination de l’Association est venu plus tard mettre un autre bureau estimant que le premier n’est pas son émanation.
» L’ancien » bureau, qui se prévaut de la légitimité, refuse cette décision, ce qui suscite des tiraillements au lycée de Kita.
Pour résoudre cette crise, une commission de bons offices a mis en place un bureau « consensuel », mais c’est ce dernier bureau qui est justement à l’origine des troubles survenus dans la Cité de l’arachide.
A. W.
22 Décembre 2010.