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Le projet a été conçu depuis plus de vingt ans. Les plus pessimistes des spécialistes en énergie l’ont estimé irréalisable. Mais ceux qui ont cru, sous la direction de Ahmed Diané Séméga, ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, ont eu raison de leur détracteur. Ils ont reçu devant le peuple de Kéléya et certains membres du gouvernement les félicitations du Président de la République Amadou Toumani Touré qui était fier que le Mali pouvait un jour se passer du gasoil à cause de son huile de pourghère.

Le village de Kéléya est le chef lieu de la commune rurale de Kéléya (cercle de Bougouni). Il est situé à 100 km de Bamako sur la route de Sikasso. L’électrification de cette localité constitue le premier projet du programme national de valorisation énergétique de la plante pourghère (PNVEP). Il consiste à installer un générateur à huile de pourghère pour l’alimentation en électricité du village de Kéléya.

Ce projet d’électrification, qui a toujours été un rêve, est devenu depuis le samedi 21 mai une réalité avec son réseau d’éclairage public, l’électrification des édifices communautaires et administratifs ainsi que le branchement d’une vingtaine d’abonnés. Pour un coût total de 46.835.500 F Cfa, le projet n’est pas important à cause de son montant, mais plutôt pour l’immense espoir qu’il suscite auprès des populations rurales.

Car le pourghère, qui est traditionnellement utilisé au Mali principalement comme plante médicinale, pour fabriquer le savon local et servir de haie vive, est devenu du coup une source d’énergie et de revenus. Il existe partout au Mali ou du moins principalement dans les régions de Sikasso, Koulikoro, Ségou et Kayes.

Les populations peuvent désormais se consacrer à la culture de pourghère dont la production actuelle est estimée à 50.000 tonnes ou l’équivalent de 12.500.000 litres d’huile de pourghère. La consommation du 1er groupe électrogène (celui de Kéléya) en huile de pourghère est de 3,7 litres par heure.
Perspectives

Le maire de la commune rurale de Kéléya Magara Bagayoko a exprimé au Président de la République et au ministre de l’Energie sa satisfaction et celle des populations de Kéléya pour le choix de leur village dans le cadre de l’expérimentation de ce 1er projet majeur du PNVEP. Il a promis, la main sur le cœur, de faire cultiver 25 hectares de pourghère pour que leur groupe électrogène ne s’arrête jamais et que d’autres villages puissent bénéficier du projet.

Le PNVEP, qui se présente comme un programme structurant pour le développement socio-économique équilibré et durable pour le Mali, vise entre autre la valorisation énergétique de la plante pourghère à travers la promotion de son huile comme carburant de substitution au gasoil notamment pour l’électrification rurale et les véhicules de transport, etc.

Dans cette optique, le PNVEP envisage pour la phase 2004-2008 le fonctionnement de 5 groupes et de 20 véhicules 4 X 4 à partir de l’huile de pourghère. Pour le ministre des Mines et de l’Energie Ahmed Diané Séméga, le Mali se doit donc de valoriser rapidement ses immenses potentialités en énergie renouvelable pour réduire sa pauvreté énergétique. Kéléya est un exemple à suivre : « la technologie de production d’énergie électrique mise en œuvre dans ce village est fortement innovante et prometteuse pour le développement des services énergétiques accessibles aux populations rurales » a révélé le ministre.

Le Président de la République, qui a félicité le ministère des Mines, de l’Energie et de l’Eau, a salué l’innovation pour qui, dit-il, connaît le prix des hydrocarbures. L’exemple de Kéléya, ajouta-t-il, est un espoir pour d’autres localités d’avoir leur réseau de distribution électrique.

Kéléya est désormais doté d’une centrale électrique utilisant comme carburant, l’huile de pourghère ou Bagani Tulu en bamanan. Au demeurant, le PNVEP mériterait pour cette innovation d’être fortement soutenu par les plus hautes autorités du pays et les partenaires au développement pour d’une part asseoir les bases d’un développement énergétique durable dans le monde rural malien et d’autre part assurer l’indépendance énergétique nationale.

Envoyé Spécial
Idrissa Maïga

23 mai 2005