Comme pour dire que la récente descente inopinée des services vétérinaires à Kalabancoro et à Niamana, qui s’est soldée par des prises de viande impropre à la consommation, n’est qu’un coup d’épée dans l’eau, des apprentis bouchers continuent d’abattre clandestinement les bœufs à l’abri des regards indiscrets. Où est l’Anssa ?
Les constructions inachevées, les abords de marigots, du fleuve… constituent aujourd’hui des lieux d’abatages clandestins de bœufs par excellence à Kalabancoro, précisément à Kalaban-village. Une fois abattue dans les conditions insalubres, la viande est transportée dans des conditions tout aussi désastreuses, à vélo, dans des pousse-pousse et même par des hommes.
Selon certaines indiscrétions, souvent des vétérinaires à la retraite ou au chômage se donnent le droit d’apposer leur cachet moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. La viande ainsi abattue clandestinement est écoulée sur le marché. Pour un témoin, ce sont les femmes qui se partagent des invendus pour en faire des soupes qu’elles revendent très généralement les matins.
Pour Ibrahim Doumbia, vétérinaire en service au Laboratoire national de la santé, la viande étant un élément essentiel à l’équilibre nutritionnel de l’homme, elle doit être sous contrôle des agents compétents et avoir une traçabilité. Faute de quoi elle peut être vecteur de transmission de certaines maladies infectieuses comme la tuberculose, les vers intestinaux (ténia), la forte diarrhée, la fièvre typhoïde et l’hépatite virale.
Manque à gagner
» Il est impératif pour les services vétérinaires de contrôler la viande avant toute consommation ou vente sur le marché. Sans quoi, elle est appelée à la saisie », souligne M. Doumbia, qui en appelle à la collaboration en dénonçant toute pratique à l’encontre des principes édictés.
Ces pratiques, qui nuisent à la santé des consommateurs de viande, occasionnent aussi un manque à gagner pour les Abattoirs frigorifiques de Bamako (AFB).
Selon une autorité du LNS, « chaque bœuf abattu nous rapporte 4775 F CFA. Et chaque abattage clandestin est un manque à gagner pour le Trésor public ». Pour cet interlocuteur, le pire c’est qu’aucune inspection sanitaire vétérinaire n’est faite et la viande est consommée sans qu’on sache de quelles maladies les animaux pouvaient souffrir.
Il invite l’Anssa à appliquer avec la dernière rigueur, l’article 8 sur l’abattage qui stipule que tout boucher agréé (chevillard, détaillant, abattant) pris en flagrant délit d’abattage clandestin encourra de la saisie de la viande issue de cet abattage, au paiement à l’Etat de 50 % de la valeur d’une carcasse différente.
En plus, il sera dépossédé de sa carte professionnelle pour une durée de 3 mois. En cas de récidive sans préjudice des sanctions, le retrait de la carte professionnelle sera définitif et le coupable déféré devant un tribunal correctionnel. Il invite la population à être vigilante pour l’achat de viande.
Une opération « coup de poing » pour démanteler le réseau de bouchers abatteurs clandestins serait une œuvre de salubrité publique.
Amadou Sidibé
20 Octobre 2010.