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« J’ai commencé la traduction avec le gouverneur Sory Ibrahim Sylla – aujourd’hui Général de son état à la retraite. A l’époque, j’étais animateur de jeunesse. Il a eu à me rencontrer lors des rencontres régionales en 1973. Et depuis cette date jusqu’à nos jours, je n’ai jamais cessé de traduire dans les cercles de Kolokani et Banamba » a – t -il révélé.

Avant de poursuivre : « de cette date à maintenant sous Moussa Traoré en passant par Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, je n’ai jamais cessé de traduire« .

« Pas un seul Premier ministre, pas un seul ministre, pas une seule délégation officielle, n’a passé dans ces localités qui n’ait sollicité mon concours pour la traduction« .

Courtois et bavard, Kaïdo a l’ouie très fine. Sur scène, il force l’admiration. Prostré derrière l’intervenant, il assimile avec une extraordinaire capacité l’essentiel et le plus souvent la quintessence du message qu’il traduit avec précision, en imageant avec les détails.

En plus de cette activité lucrative et périodique, il continue toujours d’enseigner. « J’attends d’ailleurs mes copies de fin de deuxième trimestre. J’enseigne au second cycle de Banamba, l’Education Civique et Morale avec un effectif de 400 élèves pour 5 classes dont deux 9ème, une 8ème et deux 7ème« , a – t – il souligné avec un air de satisfaction.

A la question de savoir : Comment vous faites pour vous en sortir ? Il réagit : « J’utilise l’écriture braille pour préparer, mais pour communiquer je lis. Mais puisque la vision ne change pas la langue, je communique avec les élèves et j’ai une meilleure vision qui me permet d’écriture sur le tableau noir« .

La communication, mon credo :

« Moi, ma force c’est la communication. Sans la communication, on ne se comprend pas. Et quand les hommes ne comprennent pas, ils ne vont pas dans le sens. C’est ça ma conviction et mon credo« .

M. Kaïdo Sadoussi, est né en 1949 (57 ans) marié et père de 11 enfants, 3 garçons et 8 filles. En 1982, M. Sadoussi a fait une formation au centre de perfectionnement de Turin en Italie.

« Cette formation m’a permis de comprendre et de maîtriser beaucoup de techniques. Mais la base, c’est l’enseignement« .

Avec l’expérience, et l’âge, Kaïdo est bien placé aujourd’hui pour prodiguer des conseils à la jeunesse. Selon lui, il faut avoir d’abord une ambition. Et surtout se cultiver.

« Moi, avant de perdre la vue, j’étais un rat de bibliothèque. Je lisais, je lisais, je lisais…« .

Son secret : « j’ai développé en moi, le sport cérébral : échec, mots croisés, tout ce qu’il y avait de difficile qui pouvait faire fatiguer la mémoire et la développer« .

Avant de révéler une autre facette de Kaïdo : ‘’dans le journal Barakéla, dans les années 1979, il y avait une rubrique qu’on appelait ‘’ les grilles Kaïdo Sadossi » des grilles de mots croisés que je formais. Avant de perdre la vue j’étais au mots fléchés ‘’5 étoiles ». Donc j’ai eu à me développer à travers le sport cérébral. J’étais le champion des échecs de la région de Koulikoro. »

Aujourd’hui, il est très remonté contre la jeunesse malienne. Selon lui, la jeunesse actuellement répugne l’effort. « Sans effort, il n y a rien ! Ils ne lisent pas. Il faut maîtriser le français. Aujourd’hui, les élèves, même ceux qui sont à l’université, rares sont ceux qui peuvent consulter un dictionnaire. Il faut se cultiver. Ce qui m’écœure aujourd’hui à Banamba, il n y a aucun jeune qui est tenté de me relayer le jour où je ne serai pas là… » s’est – il indigné.

A l’endroit de la jeunesse, il a lancé ce message : « Il faut se cultiver : sans culture il n y a pas d’excellence. Et surtout maîtriser au moins deux langues« .

Ce n’est donc pas exagéré quand il prononce : « se retrouver dans mon cas, c’est rare« .


Almahady M. Cissé

21 avril 2006.