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L’affaire portant sur le détournement de 171 millions de F CFA aux détriments de Kafo Jiguinew de Koutiala est sur toutes les lèvres dans la Capitale du Miankala. L’inspecteur général de cette institution de la micro finance, deux gérantes et d’autres complices ont réussi à subtiliser la somme de 171 millions de F CFA.

L’inspecteur général, un informaticien de son état était, de sources sûres, le seul à maîtriser le logiciel Sibank, utilisé par Kafo Jiginew pour les opérations de service de clientèle. Comment l’agent a-t-il pu réaliser son coup ?

Rien n’est encore sûr, les enquêtes suivant leur cours. Mais, le pot aux roses a été découvert lorsque l’institution a décidé de remplacer le logiciel Sibank par un logiciel canadien, en l’occurrence SAF. M. Coulibaly se serait opposé à cet avis de son supérieur Alou Sidibé.

C’est lors du basculement des chiffres de Sibank à SAF, que les Canadiens constateront des erreurs, en clair des vols, qu’ils signaleront au directeur général tout en lui précisant que ces irrégularités ne pouvaient être faites que par une personne du service maîtrisant parfaitement le logiciel Sibank.

Comme M. Coulibaly était déjà licencié du service pour une autre affaire ténébreuse de vente de véhicules réformés (nous y reviendrons plus tard), la direction de Kafo Jiginew eut recours à un de ses amis pour déceler les anomalies.

Il s’agit d’un Congolais travaillant au Burkina Faso. Ce dernier qui répond au nom de Roland Tiaba avait suivi en compagnie de M. Coulibaly des formations à Paris sur le logiciel Sibank. Selon nos sources, c’est M. Tiaba qui a aidé la direction à savoir avec une certaine exactitude l’étendue des dégâts et localisé les caisses d’où les fameuses sommes se sont évaporées.

Aboudramane Coulibaly, l’inspecteur général, s’assurait des services des deux gérantes de caisse, Berthé Béatrice et Martine Dembélé. Des comptes, en réalité fictifs, étaient ouverts au nom du jeune frère de l’inspecteur et d’un certain Souleymane Sanogo dit Niguila Solo. Ainsi, semble-t-il, par des jeux d’écritures, les gérantes alimentaient les comptes des complices de l’inspecteur. Ces derniers allaient ensuite toucher les sommes qu’ils reversaient à l’inspecteur moyennant commissions.

Sur chaque opération, précisent nos sources, les gérantes recevaient entre 700 et 800 000 F CFA. Toujours, selon nos sources, ces manœuvres frauduleuses avaient cours depuis 1998. Selon la presse locale, les deux gérantes auraient reconnu leur responsabilité dans l’affaire. Comme elles, les autres complices connus pour le moment (on parle d’une quarantaine de complices) qui sont le jeune frère de l’inspecteur et Niguila Solo séjournent actuellement à la Maison d’arrêt de Koutiala. Le dossier se trouve entre les mains du procureur de Koutiala que, malheureusement, nous n’avons pu rencontrer.

Pour revenir à l’affaire ténébreuse des voitures, à ce niveau, il s’agissait de véhicules que Kafo Jiginew avait décidé de réformer et proposer à la vente. Sur les 2,2 millions proposés par la direction, l’inspecteur les avait cédées à un prix moindre, provoquant l’ire de son employeur qui a réclamé l’annulation de la vente.

Alors que les autres clients acceptaient l’annulation de la vente en remettant les voitures acquises à Kafo Jiginew, l’inspecteur n’obtempérait pas. Selon nos sources, tous les malheurs de l’inspecteur sont surtout partis de là, car dans ce faux combat, il a réussi à entraîner des travailleurs dans son sillage dont certains sont définitivement remerciés.

Selon des témoignages, il ne passait pas de jours où, il n’y avait pas de marches de travailleurs de Kafo Jiginew à Koutiala pour soutenir M. Coulibaly. Affaire à suivre !

Denis Koné
(envoyé spécial à Koutiala)

13 mars 2006.