Partager

Malgré une pluviométrie abondante, des cotonculteurs du cercle de Kadiolo sont loin de se frotter les mains. Et cela à cause d’une baisse inexpliquée de la production à l’hectare. « Rares sont les paysans qui ont pu récolter la quantité habituelle à l’hectare », souligne Fatogoma Ouattara, un paysan de Niananso-hameau (3 km de Kadiolo-ville).

Ayant utilisé la quantité d’engrais recommandée par les services techniques, beaucoup pointent un doigt accusateur sur les semences. « Je pense que les semences qu’on nous a vendus n’étaient pas de bonne qualité cette année », s’indigne M. Ouattara. Un avis partagé par de nombreux autres paysans rencontrés.

Le hic, c’est que malgré les mauvaises récoltes de coton, ces malheureux paysans doivent faire face aux dettes de la campagne agricole. « La dette individuelle de certains d’entre nous atteint 500 000 F CFA. Et nous ne savons pas encore comment nous pouvons rembourser », s’inquiète Fatogoma, qui est aussi un responsable de la Coopérative de producteurs. C’est dire que le coton n’a pas encore fini de jouer de sales tours à nos paysans.

Un nouvel espoir

Le redémarrage de la mine d’or de Syama suscite beaucoup d’espoir dans le cercle de Kadiolo. « Nous pensons que cela va redynamiser notre cercle sur le plan économique. Kadiolo a été beaucoup affectée par la crise ivoirienne à cause de sa proximité avec ce pays. Les populations commencent à se remettre des conséquences de cette crise sur l’économie locale. Et la réouverture de la mine d’or de Syama va beaucoup y contribuer », souhaite un élu local.

« Depuis le déclenchement de la crise ivoirienne en septembre 2001, le secteur des transports est moribond. Des compagnies ont fait faillite parce que les échanges économiques se sont déportés sur d’autres localités. Aujourd’hui, de nombreux jeunes chauffeurs sont au chômage. J’espère que la reprise des activités de la mine va nous offrir des opportunités d’emploi et relancer les transports », rêve K. B., un jeune chauffeur en chômage depuis quelques années. Un optimisme compréhensible d’autant plus que la ruée vers l’or de Massiogo (Misséni) a déjà donné une seconde vie aux taxis-brousse.

« Lors de son démarrage dans les années 1980, la mine avait ignoré les populations locales dans le recrutement et dans l’approvisionnement en denrées. A part quelques actions isolées au niveau de l’éducation et de la santé, les populations du cercle n’ont presque pas bénéficié de l’impact de cette exploitation minière. Nous espérons que ce ne sera pas le cas cette fois-ci et que les repreneurs de la mine vont accorder la priorité aux locaux par rapport à certains emplois et à l’attribution de certains marchés », espère D. D., un responsable de jeunesse. Gageons que les nouveaux gérants de la mine sont conscients de l’espoir suscité par leur arrivée et qu’ils vont œuvrer à ce que l’or de Syama brille pour tous, à commencer par les populations locales.

Le goudron toujours attendu

« Tous les régimes nous ont promis le goudron, mais aucun n’a tenu parole. Nous espérons que, avec ATT, nous allons connaître la concrétisation de ce vieux rêve », nous jette à la face une notabilité de Kadiolo. De l’indépendance à nos jours, les Kadiolois rêvent de voir leur ville reliée à la RN7 par une voie bitumée. Et ils ne désespèrent pas.

Le bitumage de la « Voie 18 » (une route de 16 km qui permet de rejoindre la ville sans passer par Zégoua) et de l’axe Kadiolo-Zégoua (une dizaine de kilomètres) tient à cœur les populations de la Capitale du Folona parce que permettant de désenclaver leur ville. Selon certaines sources, une équipe des travaux publics était récemment à Kadiolo pour les études de faisabilité. Ce qui a redonné espoir aux Kadiolois.

Moussa Bolly (envoyé spécial)

08 janv 07