La même source rapporte qu’un élève de l’école de la protection civile (dont nous taisons le nom), vivait, avant son incorporation, avec une jeune fille. La demoiselle habite près de la gare routière de Sogoniko. L’idylle, selon les témoins, a duré des mois. Pendant tout le temps de la formation, l’élève gendarme recevait la visite de sa petite amie. Elle venait lui offrir des tranches de bon temps, avant d’aller s’adonner au plus vieux métier du monde. De temps en temps, la belle apportait de l’argent et des petits cadeaux à son tourtereau. Vers la fin de sa formation, le jeune élève gendarme nourrissait de nouvelles ambitions pour sa dulcinée. Il voulut la prendre en mariage. Il appela un jour sa bien aimée et lui demanda de cesser de se prostituer.
La jeune fille l’écouta jusqu’à la fin de son discours et ne répliqua point. Elle tourna le dos et s’en alla sans donner d’assurance à son Jules. Elle continua d’arpenter les trottoirs sans se soucier de la proposition d’union faite par le jeune élève gendarme. Et elle disparut pendant plusieurs jours. Le hasard faisant bien les choses, une nuit, son copain la rencontra bras dessus, bras dessous avec un autre homme.
Le jeune amoureux vit rouge et interpella sa petite amie avec autorité. Il lui demanda de le rejoindre. La prostituée s’approcha sans méfiance. Elle n’eut même pas le temps de se justifier. Furieux, les yeux rougis par une jalousie terrifiante, le jeune homme se jeta sur «l’infidèle» et la battit copieusement. Puis il tourna dos sans dire mot à la fille.
Représailles
Atteinte dans sa chair et dans son honneur, la jeune fille se rendit dans un bar. Elle se gava d’alcool, cassa une bouteille dont elle ramena un tesson. Elle revint trouver son copain qui tournait dans le coin. Sans lui donner le temps d’esquiver, elle lui lacera le bras avec le bris de verre. Le jeune élève gendarme ressentit à son tour une humiliation cuisante dans sa chair et dans son honneur. Il retourna à la caserne et raconta à ses camarades sa mésaventure. Les faits s’étaient passés dans la nuit de samedi à dimanche dernier.
Le soir suivant, les élèves gendarmes montèrent une opération de représailles. Ils opérèrent une descente sur Biribougou et prirent position dans la gare. Ils entreprirent de tabasser toutes les personnes présentes. Ils laissèrent derrière eux six blessés dont un grave.
Trois filles de joie et trois hommes ont porté l’affaire au commissariat de police du 7e arrondissement. Mais ce genre d’enquête n’est pas facile à mener à terme, les gendarmes étant hostiles à toute intervention policière dans leurs «affaires».
L’Essor s’est rendu à la caserne des sapeurs-pompiers pour en savoir plus. Un responsable a confirmé, sous anonymat, la réalité des faits. Mais il donne une autre version de l’événement. Notre interlocuteur soutient qu’un groupe d’élèves a effectivement opéré une descente pour venger un des leurs blessé par une prostituée. Mais il s’empresse d’ajouter que ce ne sont pas tous les élèves qui ont fait partie de l’expédition punitive. Les coupables seront difficiles à identifier. Les auteurs de cet acte ne sont pas sortis par la porte principale. Le gradé assure qu’une enquête est menée pour démasquer tous les mis en cause. Le haut responsable ne se prononce cependant pas sur l’éventualité d’une punition contre les redresseurs de tort. Cela signifie-t-il qu’ils resteront impunis ? Voilà qui sera moralement difficile à justifier.
G. A. DICKO | Essor
17 mai 2007