S’il y a une Commune qui a le plus souffert des actes de vandalisme, de vol, de troubles graves à l’ordre public et de dommages volontaires sur la propriété mobilière et immobilière des populations c’est la Commune V du District de Bamako. Cette Commune de par sa position géographique, était devenue le 27 mars dernier l’épicentre du mouvement insurrectionnel.
C’est là aussi où beaucoup de personnes ont été interpellées puis déférées devant le procureur de la République près le Tribunal de cette Commune, Moussa Colon Coulibaly. Celui-ci, dans une procédure de flagrant délit, a traduit plus de 24 personnes devant le Président Hamet Sam.
Hier la salle d’audience a refusé, pour la circonstance, du monde. Ce nombre de prévenus cités à la barre (24) étaient largement suffisant pour remplir cette salle étroite sans compter la présence de nombreux parents, amis et curieux ainsi que la forte présence des forces de l’ordre. Dans le 1er dossier qui a été appelé et qui concernait 18 prévenus, deux ne se sont pas présentés, Fousseni Mariko et Idrissa Sacko. Ces deux prévenus se sont évadés.
Le procureur Moussa Colon Coulibaly a requis contre eux. Il demanda leur condamnation à 3 ans ferme d’emprisonnement. Le procureur a été suivi dans son réquisitoire par le Président du Tribunal, Hamet Sam qui a repris dans son verdict ce qui a été demandé par le procureur de la République.
A l’issue des débats tous les prévenus ont adopté la stratégie de la dénégation systématique. Ainsi, Les nommés Fousseni Niambélé dit Filani, prêcheur à la grande Mosquée de Badalabougou et Madani Sarré, , employé de commerce ont tous deux été déclarés non coupables des faits qui leurs étaient reprochés. Ils ont été relaxés.
Pour le cas du prêcheur, il y a eu forte mobilisation des populations du quartier SEMA et des responsables religieux de la grande Mosquée de Badalabougou. L’Imam de cette Mosquée El Hadji Issoufi Diaby s’est même déplacé en personne pour venir témoigner en faveur du prévenu. Est-ce pour cette raison que son principal accusateur, Cheick Tidiane Traoré le propriétaire du Bar-restaurant l’Eden-Parc s’est -il rétracté en sa faveur à la barre ? Finalement, Cheick Tidiane a retiré sa plainte contre le prêcheur.
Quant au reste du groupe à savoir Samba Fomba (Gardien), Adama Traoré, Sambou Diakité ; Tiemoko Sacko (chauffeur) ; Baba Touré (Gardien) ; Moussa Balla ; Oumar Niangadou ; Moussa Cissé (vendeur de Boutique) ; Malamine Sarré ; Daouda Dicko (ouvrier) ; Boubacar Ballo ; Mohamed Cissé (chauffeur) ; Aboubacar Ballo (Elève de Medersa) ; ils ont tous été reconnus coupables des faits qui leurs étaient reprochés et condamnées à 18 mois d’emprisonnement ferme et 20 000 FCFA d’amende chacun.
Ils ont donc quinze jours pour faire appel de ce jugement dira le Président du Tribunal Hamet Sam.
Auparavant, tous ces prévenus avaient nié les faits à la barre. Une stratégie qui n’a pas marché. Pour asseoir leur culpabilité et leur faire condamner, le procureur de la République, Moussa Colon Coulibaly fera un des Réquisitoires les plus accablants. Il fera savoir que le Mobile invoqué est la défaite des Aigles du Mali face aux Togolais et que les casses qui ont suivi ont causé d’énormes dégâts. Mais, dira- t-il, au-délà du match, c’est un instinct bestial de vandalisme qui s’est emparé de la jeunesse de Bamako.
Même les cocotiers qui longent la route de l’aéroport ont été saccagés. Les gens ont perdu leurs biens à l’occasion de ces actes. Selon lui, les arguments invoqués à la barre ne tiennent pas.Toutes ces personnes ont été arrêtées à des heures tardives, révéla-t-il.
Dans tous les cas, conclut Moussa Colon Coulibaly, le procureur de la République, l’infraction la plus largement poursuivie est le trouble à l’ordre public. Ces gens là ont troublé la circulation et la tranquillité d’honnêtes citoyen. Certaines personnes ont été retrouvées en possession d’objets volés. Les faits ont causé un préjudice énorme. Pas mal d’investissements nationaux ou étrangers ont été détruits, saccagés.
L’image de notre pays a été ternie. Nous devons par cette décision participer à l’oeuvre de rééducation de notre jeunesse.
La décision doit être une décision ferme mais responsable.»Notre travail, dira le procureur ne consiste pas à faire de la vengeance mais de la justice».
Cet appel du procureur a été entendu par le Président du Tribunal de la Commune V qui n’a guère hésité à infliger des sanctions exemplaires.
Birama Fall
12 avril 2005