On n’était pas dans le septentrion en cette belle matinée du samedi 15 octobre 2005. Mais, à l’arrivée de la délégation ministérielle, à 9 heures 53, il faisait très chaud. Une chaleur qui a apparemment redonné du tonus aux danseurs du bari et du djandjigui qui avaient afflué sur la place publique tôt le matin.
Dans la délégation de Bamako, on pouvait noter la présence, outre de la ministre de tutelle, Mme Diallo Mbodji Sène, celle de son homologue de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Mme Ba Awa Kéïta, de la représentante résidente de la FAO au Mali, Mme Mahamat Mariam Nour, du président de l’APCAM, Bakary Togola et plusieurs autres invités de marque.
On pouvait lire la joie sur tous les visages, parmi lesquels celui du maire de la commune rurale du Kaladou, Yacouba Dowélé Marico.
« C’est avec honneur et fierté que la ville de Dioïla accueille la célébration des festivités de la 10ème édition de la journée mondiale de la femme rurale…cela traduit éloquemment le souci constant du gouvernement de responsabiliser les femmes rurales pour qu’elles soient les vraies actrices de leur développement » a déclaré Yacouba Dowélé Marico.
Dans le Banico, comme partout ailleurs dans les zones rurales du Mali, les femmes sont sur tous les chantiers du développement et du bien-être de la famille, souvent dans des conditions effroyables. Elles pratiquent le maraîchage, l’agriculture avec des moyens de travail rudimentaires.
Par ailleurs, les femmes paient un lourd tribu aux corvées domestiques comme le transport de l’eau en parcourant des kilomètres afin de satisfaire aux besoins en eau potable de la famille.
Pire, elles sont victimes des maladies comme le VIH/SIDA et d’autres infections génitales dues à l’excision, le mariage précoce, le lévirat, pour ne citer que ceux-ci.
Fort de ce constat, le maire de la commune rurale du Kaladougou a souligné qu’il est impérieux de « déterminer les droits de la femme rurale, d’informer l’opinion publique pour un changement de mentalité ». Yacouba Marico a, enfin, appelé les décideurs à « remettre les femmes dans leurs droits ».
Même sentiment chez le Préfet de Dioïla, Oumar Diarra qui pense que « les femmes rurales ne pourront remplir pleinement leur rôle fondamentale pour la survie et le bien-être de la famille qu’au prix de très lourds efforts ».
Le thème de cette journée, rappelons-le, était « quels droits pour les citoyennes du monde rural« . Un thème qui, selon, la ministre de la Femme de l’Enfant et de la Famille, Mme Diallo Mbodji Sène, est « évocateur » et qui a été choisi « en raison des réalités du Mali« .
Elle, non plus, ne dressera pas un tableau reluisant des tracasseries que subit cette tranche qui représente environ 52% de la population du Mali et qui, d’ailleurs, effectue près de 80% des travaux liés à l’agriculture.
Sur 682 maires de communes rurales 5 sont des femmes soit 1%. Le taux de mortalité maternelle est de 582 décès pour 100 000 naissances. La prévalence des IST-VIH/SIDA est de 2% pour les femmes contre 1% chez les hommes.
En plus, l’accès à la terre, les programmes de redistribution des terres, prennent pour cible le ménage sans pour autant se préoccuper des besoins spéciaux des femmes.
Dans la vulgarisation agricole, les systèmes ne desservent pas aussi bien les agricultrices que les agriculteurs, alors que celles-ci jouent un rôle important dans la production, la transformation, le stockage et la commercialisation des produits.
« Il apparaît clairement qu’il s’agira de développer des stratégies pour rendre effectifs les droits économiques, sociaux, politiques et culturels des femmes » a conclu la ministre Mbodji Sène.
Pour joindre l’acte à la parole, son département a offert un important lot de matériel à plusieurs associations féminines. Il s’agit de matériel agricole et maraîcher pour un montant global de plus de 3 milliards de Fcfa.
Au cours de cette cérémonie, on a enregistré les contributions du Commissariat à la Sécurité Alimentaire (250 000 Fcfa), du ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle (200 000 Fcfa). La FAO a, quant à elle, offert 50 pièces de tissu.
Paul MBEN*Envoyé spécial
18 octobre 2005.