Depuis 1994, la Journée Internationale de la Femme est célébrée au Mali sur un thème ciblé sur une préoccupation du moment de la femme. Ainsi, en cette année électorale 2012 et malgré la dégradation de la situation sécuritaire au Nord de notre pays, le thème national retenu est «Accès des femmes aux postes électifs: défis, enjeux et perspectives».
L’institutionnalisation de la Journée Internationale de la femme au Mali répond, pour le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, à trois objectifs principaux: sensibiliser l’opinion nationale et la communauté internationale et attirer leur attention sur la nécessité d’améliorer le statut socio-économique de la Malienne; faire prendre conscience aux hommes du rôle déterminant que peuvent jouer les femmes dans la gestion des affaires de la cité et valoriser le travail féminin, seul gage de la pleine participation de la femme à l’essor économique de la NationSi les Maliennes représentent 51% de la population totale de notre pays, force est de constater qu’elles sont peu présentes aux postes de responsabilité et aux postes électifs.
En 2010, selon les statistiques du CNDIFE, on comptait 6 femmes ministres pour 23 hommes, 3 Secrétaires générales de ministères pour 26 hommes, 4 dames Chef de Cabinet contre 25 hommes, 15 élues à l’Assemblée Nationale sur 147, 6 Conseillères nationales sur 75 et 927 élues communales sur 10 774. C’est dire si le chemin de la pleine participation des femmes à la vie publique au Mali est encore long!
Et pourtant, le mouvement féminin à une longue expérience de la lutte politique au Mali.
Selon un rapport du MPFEF daté de 2000, les femmes ont joué un grand rôle dans toutes les batailles, de l’empire du Ghana jusqu’à la décolonisation. Elles ont donc bien marqué de leur sceau l’évolution politique, économique et sociale. On peut noter à leur actif la création en 1956 de « l’intersyndicale des femmes travailleuses », et des associations « Jemagelen » et « Rencontre syndicale ». Les organisations féminines fusionneront en 1957 pour former l’Union des Femmes du Soudan Français (UFSF), qui va jouer un rôle très actif dans les premiers mouvements panafricains des femmes en organisant à Bamako le Congrès Constitutif de l’Union des Femmes de l’Afrique de l’Ouest (UFAO) en juillet 1959.
Différentes contraintes, de divers types, restent à lever pour un meilleur accès des Maliennes aux postes électifs. Entre autres, le difficile accès des filles et des femmes à l’éducation et la formation, malgré les progrès notables enregistrés dans les taux de scolarisation, et l’existence de nombreux défis d’ordre socioculturel et économique. C’est donc surtout sur le changement des mentalités, des attitudes et des pratiques relatives aux statut et rôle de la femme au Mali qu’il faut désormais axer les efforts.
Au premier rang des acteurs de cette lutte se situent les femmes elles-mêmes, qui doivent prendre confiance en elles et se soutenir sans réserve. Voter pour des femmes, aller tout simplement voter, faire entendre sa voix, porter ses doléances aux états-majors des partis politiques. Ce sont autant de pas que chacune d’entre nous peut faire à son niveau. A défaut, nous ne ferons pas de politique, mais soyons sûres que c’est elle qui nous fera!
Ramata Diaouré
08 Mars 2012