Ainsi fut fait : pour avoir parlé de président, quatre directeurs de publication ont passé une semaine derrière les barreaux.
Que ne feront certains pour le général ATT ? « A chaque jour suffit sa peine », dit la Bible. Ici, sur cette bonne vieille terre de Soundiata Kéita, on s’est trouvé un maître pour qui aucun sacrifice n’est de trop. Tous les jours, la cour s’élargit et les uns et les autres rivalisent d’ardeur pour plaire et complaire.
Sombé Théra vient en tout cas de battre tous les records et de coiffer en brevetant et faisant du mot « président » une marque déposée pour Amadou Toumani Touré alias ATT. Sinon, que reprochait-on aux 5 embastillés ? Juste d’avoir dit président ! « Il ne peut s’agir que d’ATT », a clamé Sombé, bien en verve.
La démocratie malienne est en péril. Le général qui tient tellement à son image ne fait pourtant rien pour celle de son pays. Sa cour, très souvent minée par des personnalités en vacances ou en mission, repartant dès que ça sentira du brûlé, n’a rien fait pour l’aider.
Aux pires moments où il avait à faire face à la fronde internationale suscitée par « ATTcratie : la promotion d’un homme et de son clan », il ne s’est pas trouvé un seul dans son entourage pour publiquement porter la contradiction. Les mêmes qui, aujourd’hui, l’ont poussé à ternir à ce point l’image du Mali, voulant juste le faire pour des journalistes qui ont eu le seul tort d’user de leur liberté d’opinion.
« On va crever l’abcès », criaient même des proches du général. L’abcès a vraiment été crevé. Malheureusement, pas dans le sens qu’ils souhaitaient, car en la matière, les journalistes ont eu le beau rôle : au procès, pas un mot n’a été placé et le procureur, voulant se débarrasser de la patate chaude, a défini son rôle, mais appelé le président, Moussa Sara Diallo, « à ne pas le suivre » et à trancher en son âme et conscience…
A l’arraché, quatre directeurs de publication ont fait une semaine de prison, un journaliste a fait deux semaines de prison pour un délit d’offense au chef de l’Etat, un chef d’Etat qui, selon la loi aurait dû se plaindre par écrit et qui ne l’a pas fait. Ils ont été condamnés sans avocats et sans avoir placé un mot : pour la gloire d’ATT.
Alexis Kalambry
03 juillet 2007.