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Si l’on se réfère à la Charte olympique, établie par Pierre de Coubertin, le Mouvement olympique a pour but de contribuer à bâtir un monde pacifique et meilleur en éduquant la jeunesse par le moyen du sport pratiqué sans discrimination d’aucune sorte et dans l’esprit olympique qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, la solidarité et le fair-play. Et par conséquent «l’essentiel, c’est de participer».

Mais cette expression de Coubertin a été tellement galvaudée que l’on se demande de quelle participation il est question: des pays, des Nations, des sportifs ou des délégations en villégiature? Certes, se qualifier est en soi une bonne chose.

Mais, nous estimons que ce n’est pas pour une piètre prestation. Cela ne vaut pas la peine si c’est pour décevoir au finish toute une nation qui pendant longtemps a cru que ses représentants pourraient pour la première fois ramener au bercail au moins une médaille olympique.

Le cas de notre pays laisse perplexe au regard de l’engouement suscité autour de la question et surtout par rapport aux gros moyens mis en jeu, finalement pour rien. Allons-nous nous contenter d’être champions chez nous ici au Mali ou en Afrique, sans jamais émerger sur le plan mondial?

En tout cas, la déception est assez grande aujourd’hui chez tous les Maliens. Ils gardent d’ailleurs un triste souvenir de ces Jeux Olympiques de Pékin 2008, à tel point qu’on se demande s’ils ont encore envie d’en entendre parler !

Et pour cause, pour la première fois, notre pays y était fortement représenté avec 17 athlètes : 12 basketteuses, deux manageurs, deux représentants en athlétisme et un en taekwondo.

S’il est unanimement reconnu que les autres disciplines (basket, natation, athlétisme) avaient des chances quasi nulles de remporter des médailles, force est de reconnaître que la chance d’une médaille olympique reposait sur le taekwondo, par l’intermédiaire du champion du monde en titre, Daba Modibo Keïta. Aussi, le pays tout entier, comme un seul homme, s’était mobilisé derrière ce seul espoir malien.

Le Chef de l’Etat n’a pas lésiné sur les moyens pour prendre en charge tous les frais liés à la préparation de Daba, les billets aller-retour de sa base d’entraînement aux USA jusqu’en Chine, pour lui et son staff technique.

Mais ce naufrage collectif de nos athlètes doit nous donner beaucoup à réfléchir. Et après Daba Modibo Kéïta, qui, il faut le dire, malgré sa contre-performance, a déjà révélé le Mali à la face du monde, y aura-t-il une relève ? C’est là que réside toute la question.

En la matière, le ministère de la Jeunesse et des sports, le Comité National Olympique et Sportif du Mali (CNOSM), sans oublier la Fédération malienne de football et toutes les autres autorités sportives de notre pays ne doivent pas dormir sur leurs lauriers en se contentant des points engrangés par le passé.

Ce serait se donner une excuse qui n’en vaut pas la peine. Comme le ministre Hamane Niang a coutume de le dire, l’essentiel, ce n’est pas de nous hisser sur les plus hautes marches du podium sur le plan continental. Mais, c’est nous y maintenir qui reste la plus grande équation à résoudre.

Dans cette perspective, il est impératif de revoir notre politique sportive si nous ne voulons pas être relégués dans les jours à venir au bas du tableau. Ne faudrait-il pas les états généraux du sport pour donner une nouvelle dynamique et un nouveau souffle à notre politique sportive?
Prenons l’exemple de la Chine.

Malgré toutes les pressions internationales, celle-ci est restée égale à elle-même. Et avec la fin des jeux olympiques de Pékin, les autorités chinoises peuvent se féliciter d’avoir réussi leur pari olympique, à la fois d’un point de vue sportif, une parfaite organisation, des compétitions de haut niveau avec une foule de records du monde battus.

Plus encore, d’un point de vue politique, pas de violence ni de mise en cause trop bruyante de la situation des droits de l’homme dans le pays. Ces jeux marquent ainsi l’émergence d’une grande Nation du sport, car pour la première fois, la Chine détrône et les Etats-Unis et la Russie en terme de nombre de médailles remportées.

Cet exemple chinois prouve à suffisance qu’il y a eu une bonne politique sportive à la base. Pourquoi le Mali ne ferait pas autant en commençant à préparer des pépinières d’athlètes qui fourniront à notre pays des médailles olympiques en 2012 à Londres ?

Bruno Loma

01 septembre 2008