Fodé Mankan Keïta, après avoir eu son Bac en 2001, a été attiré par le soi-disant eldorado européen. Nous vous invitons à découvrir le trajet des émigrés clandestins depuis Bamako jusqu’à la porte de l’Europe.
Depuis Bamako, ceux qui sont mieux renseignés cherchent un passeport, un carnet de vaccination et la carte d’identité. Par contre, ceux qui sont peu informés quittent avec seulement la carte d’identité.
Après Bamako, ils se dirigent vers Gao, où, ils sont rançonnés par les gendarmes maliens et souvent le prix à payer pour chacun est de 10 000F CFA. Ceux qui ne payent pas cette somme sont le plus souvent maltraités.
En plus du calvaire des forces de l’ordre il y a aussi des bandits armés. Après Gao ils arrivent à Borche en Algérie où le prix varie entre 10 000 et 50 000F CFA.
Dans cette ville, les émigrés obtiennent un cachet d’entrée valable pour 3 mois conditionné à la présentation du passeport, du carnet de vaccination et de la carte d’identité.
Après Borche, ils se dirigent vers Tamanrasset. Dans cette ville, ils forment deux groupes: le groupe pour la Libye et le groupe pour le Maroc.
Le groupe pour la Libye
De Tamanrasset à la frontière Libyenne le moyen de transport priviligié est l’avion. Une fois arrivés à la frontière libyenne, ils marchent environs 40 km à pied pour rejoindre la ville frontalière. Trajet au cours duquel, ils subissent des tracasseries des Forces de l’ordre libyennes et des bandits.
A leur arrivée à l’intérieur de la Libye il y a un lieu pour le récrutement où pour avoir du travail, il ne faut pas présenter un diplôme.
Après avoir réuni les frais de transport, ils se confient aux “busnessmans” pour pouvoir réjoindre l’Italie en payant une somme qui varie entre 800, 900 et souvent même 1000 Euros, soit l’équivalent de plus de 500 000F CFA.
Le “busnessman” à son tour achète un petit bateau dont la capacité maximum est de 150 personnes. Il forme un capitaine parmi les émigrés.
Après la formation, ils s’embarquent vers l’Italie et ceux qui ont la chance arrivent aux côtes Italiennes où ils seront reçus par les membres de la croix-rouge après un examen médical de 45 jours. Ils seront ensuite relâchés munis de cartes.
Mais, pour ceux qui échouent soit le voyage se termine par le chavirement du bateau où tous les émigrés meurent ou bien, ils se retrouvent sur les côtes libyennes où ils seront gardés avant d’être expulsés vers leurs pays d’origine.
Il faut se rappeler que bon nombre d’émigrés succombent à la traversée du désert. Et certains, par manque d’eau, mélangent l’urine et le lait en poudre pour survivre.
Après le groupe pour la Libye nous nous intéresserons au second groupe.
Le groupe pour le Maroc
Pour rejoindre le royaume chérifien, ils s’embarquent à bord des Taxis moyennant le payement de 300 Euros, soit près 200 000F CFA.
Après Tamanrasset ils se dirigent vers Makaniya, la dernière ville algérienne avant d’atteindre le Maroc. Dans cette ville, les émigrés forment des campements par nationalité.
Après, ils essayent d’infiltrer le territoire marocain pour atteindre la ville d’OSDA.
Dans cette ville, les émigrés se divisent à nouveau en deux groupes qui sont les suivants: ceux qui veulent escalader les grillages des enclaves de Ceuta et Melilla et ceux qui veulent rentrer par la pirogue.
D’abord pour ceux qui veulent escalader
Pour atteindre les enclaves espagnoles de Centa et Melila les émigrés clandestins sont obligés de marcher à pieds plus de 200 km. Au cours de cette traversée, bon nombre d’émigrés meurent à cause de la faim.
Arrivés au niveau de ces enclaves, ils essayent de forcer le grillage et les forces de l’ordre espagnoles leur tirent à balles réelles.
Enfin les candidats qui empruntent les piroques.
Pour ceux qui veulent aller en pirogue de OSDA, ils s’embarquent vers la capitale Rabat, où, ils négocient avec les “busnessmans” pour continuer vers l’Europe et les frais varient entre 900 et 1000 Euros valables pour trois tentatives de voyage.
Après avoir négocié, le “busnessman”, les embarque dans les camions pour les côtes maritimes. Après, ils entrent dans les pirogues ; certains se noient, pendant que d’autres sont appréhendés par les forces de l’ordre italiennes.
D’après Fodé Makan Keïta, les noirs sont considérés comme des animaux dans les pays arabes, et les émigrés clandestins sont couramment appelés Ahmar, c’est à dire âne.
Mamoutou DIALLO
21 septembre 2006.