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Nous avons reçu cette longue contribution du brillant Professeur. Nous la sortons intégralement, y compris la courtoise interpellation de notre éditorialiste dont cette exergue magistrale : « A mon cadet et ami Adam Thiam en espérant que tu publieras le présent article in extenso pour une information correcte des lecteurs de ton journal. Ce n’est nullement un droit de réponse. Le philosophe allemand Nietzche disait qu’il fallait choisir ses ennemis. Vous devez méritez votre ennemi. Il doit être à votre hauteur. Pour le reste il n’y a que le mépris à leur réserver ». Nous le remercions de cette mise au point et l’assurons de toute notre sympathie.

Il y’a longtemps que nous avons été vacciné contre les épanchements de bile dans la presse malienne. Nous avons eu la chance, le privilège de faire partie de ces maliennes et maliens dont le parcours n’est point sinueux et l’itinéraire suffisamment connu et qui n’ont guère besoin de dire ce qu’ils sont ou ce qu’ils ne sont pas.

Ce que l’histoire récente du Mali a retenu d’eux ne prête guère à confusion. On peut les aimer ou les détester à souhait, voire les haïr, cela ne change strictement rien à la vérité historique. Mais certains esprits retors n’en ont cure. Fidèles à leur prophète Goebbels, ministre de l’information d’Hitler, ils pensent qu’à force de calomnies, le mensonge finit par devenir vérité.

Dans une parution récente, le journal Le Républicain titrait à sa Une que le Snesup exigeait la démission du Pr Issa N’Diaye. S’agissait-il d’une stratégie commerciale pour mieux vendre le journal? Sinon la ficelle est trop grosse. Qu’est-ce qui peut justifier un si flagrant mensonge de la part d’un journal censé être aussi averti sur les questions de déontologie ?

En fait, il ne s’agit nullement d’un préavis du Snesup qui est une centrale syndicale au niveau de l’enseignement supérieur mais d’un banal préavis du bureau du comité syndical Flash/Ensup. La différence est de taille. Si l’amalgame paraît innocent à première vue, il est en réalité subtil, sournois et délibéré surtout lorsqu’on reprend avec délectation l’accusation grotesque de ‘tripatouillage de notes’. La diffamation est un délit puni par la loi malienne.

Mais l’éthique politique et professionnelle actuelle s’en moque. Cela fait partie de la tactique habituelle des groupes sectaires et des méthodes de voyous dont ils ont le secret. Venons-en aux faits dans leur nudité !

L’actuel bureau du comité syndical Flash/Ensup est le résultat d’un « putsch », selon l’expression même d’un des auteurs, conçu et exécuté par un groupuscule sectaire politico-mystique qui se fait appeler ‘kremlin’ et qui s’est de fait approprié un local de l’Ensup où quelques cerveaux embrumés par le tabac et l’alcool dressent des stratégies funestes et ridicules pour prendre le contrôle de l’enseignement supérieur.

Les plus illuminés d’entre eux rêvent même de prendre un jour le pouvoir au Mali. Quand l’un d’entre eux l’a déclaré en menaçant un professeur qui avait décidé de surveiller les examens contrairement à l’un des multiples préavis dont ils ont l’habitude, ce dernier le chassa de sa salle en le qualifiant publiquement de « mauvais comédien ».

A l’origine le ‘kremlin’ était un lieu convivial de retrouvailles pour les anciens diplômés maliens de l’Union soviétique. Si l’Union soviétique et la Russie ont formé beaucoup de cadres maliens compétents, honnêtes, sérieux et patriotes, qui ont rendu des services éminents au pays, la Russie des dernières années a complaisamment délivré quelques diplômes d’études ‘approximatives’ et de doctorats de circonstance à des esprits limités et à moralité plus que douteuse qui règnent en nouveaux tsars au “‘kremlin.”

Beaucoup d’anciens membres du ‘Kremlin’ ont depuis pris leurs distances avec les pratiques maffieuses qui y ont désormais cours. Refusant souvent d’exécuter les préavis à géométrie variable de la direction actuelle du syndicat, ils ont été traités, à travers des messages et coups de fil anonymes, de « traitres » et de « vendus ». Quel sens du courage et de la loyauté ?

Ayant échoué dans sa tentative de prise de contrôle du syndicat, il y a quelques années, le ‘kremlin’ réussit entre temps à placer deux de ses membres l’un à la tête du département d’histoire de la Flash et l’autre à celle du département de langues. L’année dernière, il réussit enfin son putsch, prenant prétexte du refus du secrétaire général sortant de cautionner la revendication des titulaires de DEA inscrits en formation doctorale et opposés à la limitation à 6 heures hebdomadaires du volume des heures supplémentaires de cours décidée par le Rectorat à travers son projet de formation doctorale.

Ce programme accordait aux inscrits une subvention annuelle variant entre 800.000F et 4.500 .000 FCfa dans un contrat signé pourtant par les intéressés et au terme duquel ils s’engageaient à respecter la disposition évoquée et à déposer annuellement un rapport d’étape pour continuer à en bénéficier. Ce fut la ruée au départ sur les financements.

On prit l’argent simplement pour le ‘bouffer’. Certains ne déposèrent aucun rapport et continuent pourtant à émarger à ce programme depuis plus de 2 ans, alors que les dispositions précisaient qu’en cas de non dépôt, les subventions seraient arrêtées et les contrevenants contraints à rembourser à l’État les sommes perçues. Les bénéficiaires du programme disposaient d’un délai de 4 ans pour soutenir leur thèse, faute de quoi, ils seraient remis à leur corps d’origine.

Rien n’y fit. Aujourd’hui, il y a des titulaires disposant d’un DEA de 10, 15 voire 20 ans. Que font-ils encore à la Flash ? N’ont-ils pas atteint leurs limites intellectuelles pour être à même de rédiger une thèse ?

La complaisance des autorités de tutelle y est pour beaucoup dans les dérapages actuels. Comment peut-on mener des recherches sur le terrain et rédiger une thèse quand on a 20, 30, parfois plus de 40 heures de cours dans la semaine? Comment peut-on continuer à encadrer des mémoires quand on est soi-même en formation ?

En prévision du renouvellement du bureau, le secrétaire général sortant fut qualifié de « vendu » et de « corrompu » par l’administration. Au terme d’une campagne hystérique où on le traina dans la boue, le bureau syndical fut renouvelé. Le jour de l’élection, le ‘kremlin’ échoua au premier tour.

On organisa aussitôt un second tour alors bien des partisans du sortant étaient déjà rentrés à la maison. On en profita pour aller chercher du renfort. On assista alors à toutes sortes de cafouillages savamment entretenus pour remporter la mise. Des membres du ‘kremlin’ non membres de la Flash ni de l’Ensup purent voter dans la confusion générale. Le nouveau bureau fut rempli de titulaires de DEA.

On chassa presque tous les titulaires de doctorat. La cause était désormais entendue. Depuis, une pluie de préavis fait rage, tous décidés par le bureau, jamais par l’assemblée générale. Très régulièrement, il est arrivé que l’assemblée mette en cause les décisions du bureau.

Pourtant dans les correspondances adressées à l’administration et dans les préavis de grève qui ont suivi, le bureau n’hésite point à falsifier les décisions souveraines de l’assemblée. Quelle gouvernance syndicale, quelle démocratie !

Ceux qui se risquent à contredire le bureau sont hués lors des A.G, conspués, insultés, menacés. Pire que dans les AG des étudiants! Aucun égard, aucun respect, des intimidations, rien que des insultes à la bouche !

En guise d’argumentation, rien que l’invective et la vulgarité des propos. De guerre lasse, nombreux sont ceux qui ont déserté les AG. Ce sont toujours les mêmes qui y continuent à gesticuler et vocifèrer.

Ce fût une véritable diarrhée de préavis ! Un vrai déluge ! Préavis lors de la 1ère puis de la 2ème session pour ne pas déposer les sujets d’examen, pour ne pas surveiller les épreuves, pour ne pas corriger, pour ne pas déposer les notes, boycott des délibérations. Une véritable stratégie de prise en otages !

Mais au grand dam du syndicat, à une écrasante majorité, sauf dans les départements d’histoire et la section anglais du département de langues (on comprend aisément pourquoi), les enseignants déposèrent les sujets d’examen, surveillèrent les épreuves, corrigèrent les copies d’examen, déposèrent les notes et participèrent aux délibérations. Les chefs de département de langues et d’histoire se transformèrent en véritables auxiliaires du syndicat pour saboter les examens.

Leurs faits et gestes soigneusement établis, leurs manquements graves et répétés aux textes et règlements, leur non respect de la déontologie, leurs incompétences furent soigneusement établis par le doyen et communiqués à plusieurs reprises au rectorat sans conséquence. Au contraire l’impunité leur donna des ailes dans leur mission commandée.

Néanmoins le syndicat échoua lamentablement dans sa prise en otage des examens. Au lieu de reconnaître à chaque fois son échec, le bureau syndical préféra la fuite en avant. Des enseignants ayant accepté de surveiller ont été insultés devant les étudiants. Des professeurs ayant accepté de déposer des sujets de substitution ont été traités de « malhonnêtes ».

Certains anciens du ‘kremlin’ ayant osé déclarer n’être plus membres d’un tel syndicat, ont été accusés à tort d’avoir détourné des fonds de projet, ce qui expliquerait leur prétendue allégeance à l’administration. Tout est bon pour calomnier, salir ceux qui ne sont pas d’accord. Les pires méthodes furent utilisées.

C’est la première fois dans l’histoire du syndicalisme malien qu’une direction syndicale en vient à de telles pratiques, à des méthodes propres à des voyous et qui plus est, à l’endroit de ses propres militants.

La caractéristique principale des préavis du nouveau bureau se résume à la quête de l’argent et par tous les moyens. Alors que les encadrements de mémoire n’étaient pas autorisés pour les bénéficiaires du programme de formation, le premier responsable du nouveau bureau, lui aussi bénéficiaire du programme, réussit à se faire payer pendant 3 trimestres en heures supplémentaires, 12 mémoires en les faisant inscrire sous d’autres noms.

Des états fictifs d’heures supplémentaires fictives de cours ont été élaborés par le bureau et présentés directement au rectorat avec préavis de grève. On poussa le culot à y amener le 1er semestre jusque pratiquement à la fin de l’année, alors que tout le monde connaît la date à laquelle ont été organisés les examens partiels mettant fin au 1er semestre. L’usage du faux, la fraude et l’utilisation de toutes sortes d’artifices pour soutirer de l’argent à l’État sont devenus monnaie courante.

Une poignée d’irréductibles, malgré l’appel à lever le préavis suite à une réunion du Doyen avec l’ensemble du corps professoral, attendit 13 jours pour venir déposer les notes le jour même de la délibération. Le conseil des professeurs de la faculté avait décidé depuis la 1ere session de considérer certaines matières non essentielles non validées. Pour d’autres, des enseignants titulaires et plus qualifiés acceptèrent de déposer des sujets de substitution.

De fait, il n’était plus nécessaire de prendre en compte les notes déposées intentionnellement en retard. Le syndicat, comme à l’accoutumée cria au scandale et exigea qu’on revienne sur les résultats et qu’on y intègre les notes déposées par les retardataires. Leurs gesticulations et menaces n’y firent rien.

En délibération générale aussi bien au niveau du département qu’au niveau du conseil des professeurs de la faculté et même au niveau de l’AG convoquée par eux, leurs exigences furent rejetées et les résultats validés. Seules 2 petites voix, celles de 2 membres du syndicat qui sont essentiellement à la base de tout ce qui se trame au syndicat, refusèrent, comme des forcenés, le verdict majoritaire.

Ils continuent à se répandre en invectives et calomnies sans aucune gêne.Dans ces conditions, tous ceux qui veulent assainir l’atmosphère et instaurer des règles de fonctionnement corrects deviennent des obstacles, des cibles à démolir.

Le Département de sciences sociales est certainement l’un des départements les plus transparents et les plus rigoureux de la Flash. Des efforts connus et appréciés par la grande majorité des enseignants et des étudiants du département ont permis d’atteindre des résultats indiscutables. Il a fallu pour cela distribuer des fois des demandes d’explication.

Le message est clair. On sait qu’on ne peut plus y faire ce que l’on veut sans avoir de compte à rendre. Et cela dérange certains. Les sections travaillent et ont été responsabilisées, les chefs de section régulièrement associés aux prises de décisions. Aucun problème au département. Les constatèrent sont connus et limités à une poignée d’individus.

On sait que le chef de département n’est pas dans les combines du syndicat visant à soutirer toujours plus d’argent à l’État. Et ce n’est pas par hasard qu’il déplaît à l’actuel bureau syndical auquel il n’a aucun compte à rendre. Il ne cherche pas non plus à faire plaisir. Il fonctionne sur des normes et principes connus de tous.

C’est dans ces conditions que furent remerciés à la rentrée des enseignants non relevant de la Flash, des contractuels et quelques assistants en formation ayant refusé de participer aux évaluations de l’année, la Flash, de par les textes, n’ayant aucune obligation à leur donner des cours. Pourtant, ils ont été prendre l’argent pour le travail qu’ils ont refusé d’accomplir. Et ils ont le culot de traiter les autres de malhonnêtes.

Le chef de département actuel a été élu par ses collègues et non nommé par le syndicat. C’est à son corps défendant et sur insistance de ses collègues qu’il a accepté ses fonctions actuelles. Il n’est nullement intéressé par les fonctions qu’il occupe présentement et il ne cherche pas non plus à s’y accrocher.

Mais tant qu’il sera chef de département, il exercera ses fonctions avec méthode et persévérance, sans déroger aux principes. Tant pis pour ceux qu’il dérange. Ils seront obligés d’accepter la volonté de la majorité et de se plier aux règles communes ou ils seront dans l’obligation de s’en aller. L’école n’a rien à voir avec des hommes d’affaires. Qu’ils aillent faire fortune ailleurs !

La prochaine étape pour le ‘kremlin’ consiste à s’emparer du poste de doyen à l’occasion des prochaines élections. Il est déjà parti en campagne. La chance actuelle de notre faculté est d’avoir à sa tête une équipe composée de collègues intellectuellement structurés, dotés d’un sens éthique élevé, rigoureux et compétents.

Son départ risque de sonner le glas de notre faculté. Il est plus que nécessaire de sortir de la léthargie actuelle et de s’organiser rapidement pour barrer la route à des aventuriers sans vergogne.

Nous avons même été traité d’anti syndicaliste par le bureau actuel comme s’il pouvait nous donner des leçons en la circonstance. L’histoire du mouvement syndical enseignant est connue. Le comportement du bureau actuel constitue une honte pour les enseignants dont il ternit la réputation.

Nombreux sont les enseignants restés honnêtes et sérieux malgré l’environnement actuel et les tentations diverses. Ils œuvrent dans des conditions difficiles.

Il est temps de mettre un terme aux agissements actuels. Il faut en finir avec les dérives d’un bureau syndical qui ne sait même pas rédiger un préavis et qui, plus est, dans un français lamentable. Le bureau ne sait même pas que le syndicat n’est pas une autorité administrative et qu’il ne relève pas d’un ministère.

Sa référence n’est pas la Constitution d’un pays mais ses propres statuts et son règlement intérieur même s’il les viole lui-même au quotidien. Les revendications sont jetées pêle-mêle. On y met un peu de tout. Si les frais de surveillance et de secrétariat sont en retard, c’est aussi parce que les chefs de départements de langues et d’histoires, véritables plaies de la Flash, n’ont pas leur travail à temps.

On sait d’ailleurs que cela est en passe d’être payé prochainement. On le met dans le préavis pour le présenter comme une victoire du syndicat. Le bureau en perte vitesse, ajoute même le CESB qui est une structure qui ne fait pas partie du comité syndical, rien que pour redorer son blason. C’est le règne de la malhonnêteté intellectuelle et de la médiocrité la plus crasse.

Il ne sert à rien de dénoncer l’État et la mal gouvernance du pays si nous ne balayons pas devant notre propre porte. C’est vrai que ce pays a besoin d’être nettoyé de fond en comble et que tous les secteurs de l’appareil d’État sont gangrénés : les services financiers, l’administration générale, la magistrature, la santé, les corps en uniforme, l’enseignement et j’en passe.

Pour l’école, cela est intolérable car elle est au cœur même du système de formation des cadres et du citoyen. L’école assure la reproduction du modèle social et sa pérennité.

Il nous faut assainir le cadre syndical pour qu’il renoue avec les véritables traditions de lutte qui ont instauré la crédibilité de l’action syndicale aujourd’hui décriée.

Il nous faut construire un syndicat plus représentatif et qui prend en charge les préoccupations de l’ensemble des travailleurs : enseignants, personnel administratif et autres, pas seulement un syndicat des heures supplémentaires.

En réalité, il n’ ya pas de syndicalisme sans solidarité. Les enseignants doivent réapprendre à travailler avec les autres catégories de travailleurs, à les intégrer dans leurs perspectives de lutte pour rendre l’école viable. Sans vision politique correcte, sans patriotisme, il n’y a pas de véritable syndicalisme.

Le corporatisme aveugle conduit inévitablement au désastre. Il nous faut changer radicalement la donne actuelle pour que les derniers ne restent pas toujours les premiers. Sortons de nos lâchetés collectives pour mettre en chantier de véritables logiques de changement porteuses d’espérances.

Sommes-nous en mesure de relever les défis actuels posés à notre génération ? Yes, we can ! (oui, nous le pouvons !)

Pr Issa N’DIAYE

22 Mars 2010.