C’est le 8 juin, conformément à la loi électorale que le président Amadou Toumani Touré réélu de façon éclatante sera à nouveau investi à la tête de l’Etat. Cela marquera le début d’une nouvelle étape dans notre processus démocratique. Si le premier mandat du président Amadou Toumani Touré a été basé sur le consensus politique, le second consacrera-t-il la rupture avec la gestion consensuelle des affaires publiques ? C’est cette question que beaucoup de Maliens se posent depuis la proclamation des résultats du scrutin du 29 avril qui ont donné le candidat Amadou Toumani Touré victorieux. Ce que l’on retient, c’est qu’en 2007 comme en 2002, le candidat Amadou Toumani Touré a bénéficié du soutien des dizaines de partis politiques et de nombreuses associations.
Logiquement, le président de la République gouvernera avec ses partenaires politiques. Cependant, on s’attend à ce qu’il y ait une différence entre les façons de gérer.
ENCORE UNE GESTION CONSENSUELLE ?
En politique, lorsque des partis accordent leur soutien à un candidat autre que ceux que les uns et les autres ont investis, ils s’attendent à une récompense en cas de victoire de leur candidat. Le président Amadou Toumani Touré se trouve dans un tel lien aujourd’hui avec des dizaines de partis politiques.
Si bien qu’on s’attend à ce qu’il y ait un partage de gâteau. Mais, la question que l’on se pose en ce moment, c’est de savoir si le gâteau existant est suffisamment costaud pour satisfaire tous ceux qui s’attendent à en avoir un morceau. Rien n’est moins sûr.
Alors, ne faudrait-il pas, dans ce sens, s’attendre à ce qu’il y ait des frustrés dans les rangs des partenaires du président Amadou Toumani Touré ?
Cette probabilité est très grande, quand on sait que, depuis le début du processus démocratique au Mali, être ministre est devenu une ambition de nombre d’acteurs politiques. Ainsi, tout soutien jugé de taille devra être récompensé par des portefeuilles ministériels.
Le président de la République a-t-il promis cela à des leaders de partis politiques?
Nous ne saurons le dire, étant donné que nul n’est dans les secrets des négociations qui ont été faites. Mais, il ne fait aucun doute que les uns et les autres s’attendent à se voir promus à des postes de ministres.
QUE VA FAIRE ATT ?
S’il ne peut pas se débarrasser de ses partenaires dont l’appui lui a permis de passer dès le premier tour de l’élection présidentielle et avec un score fleuve, il doit être prudent pour éviter d’être celui qui posera des actes pour uniquement tenter de satisfaire tout le monde. Cela n’est pas possible, étant donné que lui-même ne fait pas l’unanimité.
D’une part, il y a le choix des hommes qui déterminera les chances de succès du mandat qui s’annonce, d’autre part, il doit éviter de gonfler le nombre de portefeuilles ministériels qui représente des charges supplémentaires pour un Etat qui n’a pas suffisamment de ressources financières pour faire face aux charges de fonctionnement.
En plus, trop de départements ministériels annihilent l’efficacité de l’action gouvernementale qui risquerait d’être émaillée de cacophonie, de conflits de compétences.
Par ailleurs, des rumeurs concordantes et persistantes font été du fait que le président de la République envisagerait de créer plusieurs postes de conseillers à la présidence.
AURAIT-IL AUTANT BESOIN DE CONSEILLERS ?
A ce niveau également, n’y a-t-il pas des risques de pléthore ?
A tous les niveaux, c’est la problématique de l’efficacité qui est posée. Car, un second mandat est une période où les populations s’attendent à ce qu’il y ait davantage de résultats dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail des populations. Il ne fait aucun doute que le président Amadou Toumani Touré n’a pas encore oublié que le plus grand parti demeure celui de la demande sociale.
En effet, malgré les résultats satisfaisants enregistrés dans plusieurs domaines, force est de constater que les Maliens attirent beaucoup l’attention du président de la République sur la cherté des produits de première nécessité comme les céréales qui constituent la base de l’alimentation dans notre pays, le lait et le sucre qui sont également utilisés quotidiennement en grande quantité dans nos familles.
Aussi, avec la hausse récente des prix du lait, les populations sont paniquées ; elles craignent que cette tendance ne se généralise face à un pouvoir d’achat faible.
Moussa SOW
05 juin 2007.