Partager

Jetez un coup d’oeil sur le tableau de l’évolution du flux des investissements directs étrangers la liste sélective des pays en développement, vous tomberez des nues. De 2 millions de dollars US en 1989-1994, le Mali s’est trouvé parmi les pays les plus prometteurs en matière d’investissement étranger dans la période 1995-2000, avec plus de 64 millions de dollars.

Sur le même registre comparatif, la Mauritanie, qui damait le pion au Mali avec 6 millions de dollars au départ, s’arrange derrière le Mali entre 1995-2000.

Ce parcours qui ressemble à « un miracle économique » donne en effet un sens au fait que, à la demande des bailleurs de fonds, un forum sur l’investissement direct étranger, non pas seulement au Mali mais en Afrique, soit organisé à Bamako.

Pour mémoire, c’est en fin mars 2004 à Genève que la table ronde des bailleurs de fonds pour le Mali s’est tenue. Cette table ronde a mis l’accent sur la nécessité d’accroître l’économie du Mali, entendu qu’on ne peut obtenir un taux de croissance élevé qu’avec l’implication du secteur privé.

L’embellie de la période 1995-2000 est pourtant partie de 1982, date à laquelle le Mali a engagé un processus de reformes macro-économiques, les programmes d’ajustement structurel.

A en croire les organisateurs du forum, ces reformes qui ont porté sur tous les domaines ont abouti à des résultats jugés satisfaisants, même si ailleurs elles sont dites catastrophiques.

Le secteur privé malien est dominé, non pas par les entreprises industrielles, mais par des sociétés de services avec une hypertrophie de la branche commerce qui se développe au détriment des investissements productifs en réalisant une part substantielle, bien qu’en régression, de la valeur ajoutée.

Par contre, la reprise constatée est notable dans presque tous les domaines à l’exception du secteur manufacturier qui demeure faible malgré les opportunités d’investissements créées et rendues disponibles dans les filières porteuses.

Ce qui est attendu du secteur privé en tant que moteur de croissance et du développement, surtout après le désengagement de l’Etat, des activités productives, c’est de réaliser les investissements nécessaires pour assurer le décollage industriel du Mali.

Cependant, ce que l’on peut retenir le moins du parcours du Mali, c’est que de 2 à 64,5 millions de dollars, entre 1994 et 2000, à la publication du dernier rapport mondial sur le développement humain durable, où le Mali est classé parmi les derniers, il y a comme un paradoxe, une énigme : la croissance rime-t-elle toujours avec le développement humain ?

Si tel est le cas, le Mali est encore loin du seuil salutaire.

Soumaïla T. Diarra

16 novembre 2006.