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KUNNANFONI: Dr Cheick Modibo Diarra vous avez été navigateur interplanétaire aujourd’hui vous êtes Président de Microsoft Afrique, un moment vous étiez rentré chez vous pour être paysan à Ségou, un commentaire sur cette expérience fabuleuse ?

Cheick Modibo Diarra : Je peux dire que tout ça fait parti d’un tout. Lorsqu’on passe à mon continent, qui est continent extraordinaire en terme de potentiels, évidemment apprendre les technologies les plus pointues font parti de l’expérience, ce sont des outils dont nous avons besoin.

Revenir à la terre – pour utiliser notre savoir et notre savoir faire en terme d’ingénierie pour pouvoir trouver des façons de gérer l’eau et surtout de faire la coordination entre les types de sols, les températures et les genres de semences qu’il faut utiliser pour de grands rendements – fait aussi partie de nos responsabilités en tant que gens éduquées pour pouvoir partager le résultat ensuite avec nos compatriotes.

Et maintenant aller dans le domaine des nouvelles technologies, ça c’est vraiment quelque chose qui est absolument indispensable parce que ces nouvelles technologies sont absolument indispensables pour accélérer le développement de notre continent.

KUNNAONFONI : quels les domaines prioritaires pour le continent dans l’utilisation des Ntics pour son développement ?


C-M D :
D’abord, le domaine de l’éducation où il y a une flexion forte à cause de la démographie, le domaine de la santé aussi, où nous avons un nombre limité de spécialistes qui se trouvent dans les capitales mais qui peuvent à partir des TIC prendre des radiographies et des informations, faire des diagnostics et prescrire des traitements.

Ce sont des domaines où l’on peut utiliser les technologies de l’information et de la communication tout comme dans la gestion de nos banques de données. J’étais, il n’y a pas longtemps au Cap-Vert où nous avons signé un partenariat avec ce pays. J’étais émerveillé de la façon dont ils ont mis leur état civil en place grâce aux Ntics.

J’ai appris à ma grande satisfaction que lors de la dernière ou de l’avant dernière élection présidentielle, la différence entre les deux candidats était seulement de 12 voix. Il n’y a pas eut de bataille, il n’y a rien eut. Donc ça ce sont des choses concrètes dans tous les domaines, dans tous les secteurs où les TIC sont utiles.

C’est avec les Ntics que l’Afrique peut faire le bond qualitatif et se mettre en avant sur tout le monde. Parce que nous sommes un continent qui n’a pas fait beaucoup d’investissements jusqu’à présent dans les infrastructures et les nouvelles technologies.

Etant donné que nous n’avons pas de contraintes d’amortissement de nos investissements, nous devons directement partir de la génération présente et commencer à travailler avec ces outils.

KUNNANFONI: Ce qui dessine un peu votre vision du développement du continent Africain ?


C-M D :
Ma vision du continent africain est une vision vive que partage la plupart de mes compatriotes, parce que j’ai l’occasion souvent de partager avec eux des conversations.

Vous direz vous-même, lorsque vous fermez les yeux et que je vous demande ce que vous souhaiterez l’Afrique, vous allez probablement me répondre que vous voulez un continent où les gens sont bien éduqués, un continent où les gens sont en bonne santé, un continent où les gens mangent à leur faim, un continent où les gens sont récompensés selon leur mérite, un continent qui contribue à tous les grands efforts de l’humanité allant au-delà de nos frontières, un continent où il fait bon vivre et où les gens sont respectés, un continent où les gens tiennent vraiment beaucoup compte de leur environnement et gèrent tout cela bien.

Et ça c’est cette vision vive que nous partageons tous. La question, c’est de savoir maintenant quels sont les programmes que nous pouvons mettre en place pour faire de cette vision une réalité.


KUNNANFONI : Vous appelez ça le contrat social Africain ?


C-M D :
Le contrat social Africain est un peu différent. C’est lorsque nous décrivons cette vision et qu’en plus de la vision nous mettons en place un plan stratégique pour pouvoir la réaliser et en faire une réalité. Avec ceux qui adhèrent à la vision et aussi à la démarche que nous mettons en place pour arriver à la vision, en ce moment ce serait un contrat social.

Parce que, figurez-vous, il y a plusieurs démarches qui vous amènent en général au même but. Donc il peut y avoir plusieurs contrats sociaux, ici on les appelle des projets de sociétés. On peut avoir différents projets de sociétés pour la même vision.


KUNNANFONI : Et ce contrat social, c’est entre quels partenaires?


C-M D :
ce contrat social, c’est entre citoyens, comme vous et moi. Des citoyens engagés tous les jours. C’est un peu comme la théorie du papillon, l’effet du chao. Nos comportements individuels contribuent à créer le comportement de notre communauté, de nos sociétés, en font un facteur très important en plus de l’environnement politique et économique.

Ce sont les deux éléments importants pour le genre de sociétés vers lesquelles nous allons tendre. Ce contrat nous devons le signer avec nous-mêmes.


KUNNANFONI : Est-ce que le développement de l’Afrique passe par un changement de mentalité ?


C-M D :
Ici, on parle d’afroresponsabilité c’est-à-dire qu’il faut que le citoyen lui-même devient responsable et signe un contrat avec lui-même et sa conscience. Et aussi il y a une façon éthique de résoudre le problème de la cité, et une façon éthique de faire de la politique. C’est entre vous et moi, vous et tous vos compatriotes tous les gens qui viennent de votre continent, c’est entre vous et vos gouvernements, c’est entre tout un chacun.

J’ai toujours pensé que le développement de l’Afrique est l’affaire des Africains. Et c’est lorsque nous allons entamer vraiment et en toute conscience cette démarche que les autres peuvent venir contribuer.

Vous savez, un plan stratégique pour un développement d’une nation ou d’un continent doit être un plan réel qui prend en compte les ressources que nous contrôlons et que nous avons.

De façon à ce que tout ce qui vient de dehors pour venir s’y ajouter permette d’accélérer notre démarche vers le plan ou d’élargir les impacts. Mais il ne faut pas que le défaut de ces aides venant de l’extérieur arrête ou dérange en quoi que ce soit la démarche. Si c’est le cas, cela veut dire simplement qu’on n’a pas de plan.


KUNNANFONI :
Après la Nasa, vous êtes rentré une première fois au Mali, c’était à la veille de l’élection présidentielle de 2002 où l’on vous soupçonnait de vouloir vous être candidat. Il y a une échéance en 2012, êtes-vous candidat ?


C-M D : (il réagit vivement) Pourquoi soupçonner de faire la politique ? Il ne faut pas parler de ces choses en termes de soupçons.

Ce n’est pas quelque chose de mauvais que les gens se présentent à des élections. Ce n’est pas une mauvaise chose si les gens en ont les compétences et les talents il n y a pas de problème. Vous, vous êtes là entrain de faire du journalisme, de diffuser l’information, de sensibiliser les gens, c’est de la politique.

La politique au vrai sens du mot, c’est résoudre les problèmes de la cité. Vous, vous résolvez les problèmes de la cité en informant les gens pour qu’ils puissent comprendre les choses et faire des choix. Alors pourquoi moi je ne ferai pas de la politique en éduquant des gens.
KUNNANFONI: Et l’échéance de 2012 ?


C-M D : Quelle échéance 2012 ? Il y a quoi en 2012 ?


KUNNANFONI : L’élection présidentielle.

C-M D : Ah c’est l’élection présidentielle ! Pourquoi pas. On n’est pas encore en 2012. 20O12 c’est encore loin. Mais pourquoi pas, je suis un citoyen malien, j’ai plus de 35 ans. Ce sont les deux conditions pour être candidat.

J’ai ce droit là, mais je me réserve. Pour le moment je n’ai pas encore décidé. C’est vous qui essayez de me le faire dire. Mais attendez simplement que je résolve le problème de la cité à ma façon d’abord. A quoi cela sert de penser à 2012 lorsqu’on n’a pas d’emploi à offrir aux gens, lorsqu’on n’a pas une école où les gens vont s’instruire. Donc travaillons à cela déjà. 2012 arrivera et on verra ce qui va se passer.


Source

Kunnafoni

24 Juin 2008