Chaque jour qui passe, nous rapproche davantage de cette action que la communauté internationale va engager pour nous aider à recouvrer la totalité de notre territoire
L’intérêt de la communauté internationale pour la crise de notre pays ne faiblit pas. Après la réunion du Groupe de soutien et de suivi sur la situation à Bamako il y une semaine, une rencontre restreinte s’est tenue à Paris entre officiers militaires américains et français.
Si la première rencontre a consacré un consensus au plan diplomatique sur la nécessité de se mobiliser au chevet de notre pays, la deuxième réunion apparaît comme la mise en œuvre au plan militaire des conclusions de Bamako. Le sous-secrétaire américain chargé des affaires africaines, Johnny Carson, y a participé pour y réaffirmer le refus de son pays de cautionner l’occupation du Mali et l’appui américain à une force africaine mandatée par l’ONU.
Pour le règlement de la crise malienne, tout le monde semble désormais d’accord pour mettre deux fers au feu : tenter une solution négociée tout en préparant l’intervention militaire internationale. Quelque soit la solution qui prévaudra, la volonté de tous les amis du Mali de par le monde est de chasser les islamistes qui occupent le Nord de notre pays depuis fin mars et s’adonnent aux pires exactions sur les populations civiles sans défense. Leurs agissements insupportent tous ceux qui sont épris des valeurs de paix et de respect du caractère sacré de la personne humaine.
Américains, Français, Allemands, Britanniques… ne cessent ainsi de témoigner de leur solidarité avec notre pays et promettre leur soutien à une force militaire de la Cédéao bénéficiant de l’onction onusienne, qui se déploierait dans le septentrion. Même s’ils ne prévoient pas d’envoyer des troupes, les grandes puissances n’affichent pas moins leur détermination à lutter contre l’intégrisme islamique et les trafics en tous genres qui ont pris racine dans le Sahara.
Français et Allemands répètent le même engagement. « Il s’agit pour les Etats africains de mettre en place un plan d’action qui doit être soumis à nouveau au Conseil de sécurité dans un délai d’un mois et c’est après que la question de l’intervention se pose. La France a dit par la voix du président de la République qu’elle accompagnerait, qu’elle soutiendrait, cela veut dire formation, soutien logistique, apport de matériel », a rappelé le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il a assuré que les menaces proférées contre les otages français aux mains des terroristes d’AQMI ne sauraient infléchir la position de son pays.
Evoquant le sort de ces otages, Jean-Yves Le Drian a indiqué qu’il « est nécessaire qu’à partir des bases que nous avons en Afrique nous essayions de rechercher nos otages et donc que l’on fasse du renseignement, de l’information, de la recherche de visibilité sur la localisation. Tout est dangereux pour nos otages. C’est la raison pour laquelle nous sommes très prudents lorsque nous en parlons et la raison pour laquelle nous déployons énormément de moyens pour rechercher leur implantation ».
De leur côté, les Allemands se disent prêts à participer à une mission militaire internationale pour « aider les Africains » à stabiliser le Nord-Mali. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, l’a confirmé avant-hier en recevant Romani Prodi, l’émissaire de l’ONU pour le Sahel. « La communauté internationale doit soutenir le Mali pour reprendre le contrôle du Nord-Mali. Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation dans le Nord-Mali, tant au regard des droits de l’homme que de la situation humanitaire ou des questions de sécurité », a développé le ministre allemand qui souhaite éviter que cette région « puisse devenir un havre pour le terrorisme mondial ». « L’Allemagne est prête à agir mais il ne s’agit pas de l’envoi de troupes de combat », précisera-t-il.
Ce soutien des Européens s’est matérialisé sur le terrain par le séjour, cette semaine, d’une mission européenne venue évaluer les besoins de notre armée en vue d’une éventuelle préparation au combat.
Autre signe de la solidarité internationale à notre égard : l’annonce à l’issue de la réunion du Groupe de soutien et de suivi de l’ouverture très prochaine des bureaux permanents de l’ONU et de l’UA pour coordonner leurs actions face à la crise malienne.
Toutes ces actions ont suivi l’adoption, le 12 octobre dernier, par le Conseil de sécurité de l’ONU, d’une résolution préparant le déploiement d’une force militaire internationale de quelques 3.000 hommes au Mali. L’instance dirigeante de l’ONU avait, à cette occasion, accordé un délai de 45 jours à la Cédéao pour présenter un plan militaire détaillé et précis. Nul doute que la réunion de l’UA à Addis Abeba mercredi s’est penchée sur la réponse à donner au Conseil de sécurité de l’ONU.
Pendant ce temps, les partisans d’une solution négociée sont aussi à pied d’oeuvre. L’Algérie tout comme le Burkina Faso – médiateur désigné par la Cédéao dans la crise malienne – sont de ceux-là. Mais leurs initiatives rencontrent peu d’écho dans notre pays où l’opinion n’accorde aucune confiance au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) considéré comme co-responsable des massacres de soldats à Aguelhoc.
La France aussi ne semble plus considérer ces séparatistes comme des partenaires crédibles. Elle vient de refuser le visa à une délégation comprenant le président du MNLA qui voulait se rendre à Strasbourg.
ADAMA DIARRA
L’Essor du 25 Octobre 2012