Aujourd’hui, EDM-SA fait face à une grave crise en électricité et en eau. Cette situation s’explique par un ensemble de problèmes indépendants de la volonté de l’entreprise. Il s’agit, entre autres, de l’incapacité des barrages hydroélectriques du pays à assurer l’approvisionnement des populations en électricité.
Pour résoudre cette question délicate, indispensable, pour le développement du pays, la direction d’EDM-SA, depuis quelques années, a prôné la stratégie de l’interconnexion avec la Côte d’Ivoire en particulier.
Pour la direction de l’entreprise, cette stratégie est celle qui arrange le Mali. Malgré les avancées effectuées dans ce domaine, la situation politique de la Côte d’Ivoire constitue aujourd’hui un handicap majeur à la poursuite des travaux dans ce sens.
Nonobstant, la direction d’EDM-SA est à pied d’œuvre pour activer l’interconnexion.
Afin de donner un coup de piston à ce projet, une délégation malienne s’est rendue le mardi 28 novembre à Abidjan.
Rappelons que le projet d’interconnexion est estimé à environ 60 milliards de F CFA.
Des délestages à l’horizon
Pour cause d’insuffisance de pluies en amont, le barrage de Manantali, principale source d’approvisionnement du pays avec une capacité de production électrique de 200 mégawatts, est sur le point de s’arrêter.
Le niveau d’eau dans le barrage est en décrue. La cote de la retenue d’eau est aujourd’hui légèrement supérieure à 200 m. Cette situation plonge la direction d’EDM-SA dans la tourmente.
Quand on sait que à 192 ou à 194, la pression de l’eau ne peut plus faire tourner les dynamos.
Comme solution pour combler le déficit, EDM- SA se rabat sur les centrales thermiques dont l’approvisionnement coûte très cher.
La seule turbine thermique de Darsalam peut consommer 3 millions de F CFA de carburant par heure soit 72 millions de F CFA en 24 heures.
Dans le cadre de sa mission de service public, EDM-SA est aussi obligée de faire face aux dépenses énergétiques des centres isolés qui marchent sur le thermique. Ces centres consomment plus qu’ils ne produisent.
Il s’agit, entre autres, des centres de Sikasso, Kidal et Gao. Dans certaines de ces localités, par mois EDM-SA peut dépenser plus de 20 millions de F CFA pendant que les recettes de la localité ne dépassent pas 6 millions.
Face à cette situation, la direction d’EDM-SA compte sur la subvention du gouvernement du Mali pour combler le déficit de l’entreprise. Surtout qu’aujourd’hui, l’Etat est le principal actionnaire avec 66 % devant IBS qui n’a que 34 % depuis le départ des Français.
Concernant les risques de délestage incessant, la direction d’EDM- SA continue d’écarter cette hypothèse, mais elle demande aux clients de cesser le gaspillage d’eau mais aussi d’arrêter la fraude.
En gros, les impacts des fraudes sont estimés en électricité à 6,3 milliards de F CFA et 1,324 milliard de F CFA en eau.
Abdoul Karim KONE
30 novembre 2006.