Des actes de vandalisme, de saccage de biens publics et privés, d’attaque aux personnes physiques et aux édifices, de pillage, de vol et de viol ont été perpétrés à Bamako les heures qui ont suivi la défaite de l’équipe nationale de football du Mali face à celle du Togo. Ce 27 mars, pendant que l’émeute orchestré dont le chapeau a été porté par les hooligans gagnait du terrain, les forces de l’ordre ont brillé par leur silence.
Nulle part elles n’étaient visibles pour s’opposer au pillage et aux troubles de l’ordre public. Que cache l’insurrection du 2 mars dernier ?
Que voulaient les auteurs de tels actes ? Comment éviter d’autres tentatives ? Au-delà du limogeage des responsables en charge de la sécurité des personnes et des biens, promptement opéré par le Président de la République, l’Adéma-Pasj, le parti présidé par Dioncounda Traoré, a jugé nécessaire que soit exprimée la réponse de la classe politique face à cette situation qui porte une atteinte grave au processus en marche depuis le 26 mars 1991.
Le meeting a été initié par l’alliance pour la démocratie au Mali
(Adéma-Pasj) pour une sensibilisation sur les dangers qui guettent le processus démocratique malien. Cependant, dans un élan de communion, les formations politiques associées à cette manifestation de soutien à l’action du chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, ont fait preuve d’une démonstration de force qui entre dans l’histoire politique du Mali.
Une dizaine de formation et de regroupements politique dont les délégués sont venus de toutes les régions du Mali ont pris d’assaut le palais de la culture : Adéma, Mouvement citoyen, les partis de la convergence pour l’alternance et le changement (ACC), le CNID, le MPR, le FAMA, le PDJ, le RMC et deux associations, CAFO et l’AISLAM. Tous ont martelé leur dénonciation «des actes barbares» perpétrés le 27 mars 2005 et ont prononcé leur soutien au Président de la République.
Comment ne pas être stupéfait devant ce qui est arrivé le 27 mars 2005 ?
s’est interrogé Dioncounda Traoré, le Président de l’Adéma . Qu’est-ce qui est arrivé au Mali ? On n’a jamais vu ça au Mali : des attaques aux étrangers qui se sont réfugiés dans leurs ambassades, des attaques à la tour de l’Afrique. Puis on s’est attaqué (du jamais vu au Mali) aux femmes. Même lors des événements du 26 mars 1991 qui ont occasionné des actions particulièrement violentes, il n’a pas été fait cas de viol de femmes . C’est dire que le 27 mars 2005 a été d’une violence rare. «Nous devrons présenter des excuses à nos soeurs», a déploré le président de l’Adéma. «Plus jamais ça au Mali», a-t-il fait scander par la foule de militants.
«Où étaient les forces de l’ordre ?»
Dioncounda Traoré a dénoncé l’absence des forces de l’ordre pendant tout ce temps. Où sont-elles passées pendant des heures et des heures de hooliganisme, de vandalisme. Et ces bâchés qui circulaient dans la ville avec des pneus qu’on brûlait ?
Plusieurs points d’ombre sur les manifestations du 27 mars 2005 qui ont conduit le militant de la démocratie à cette déclaration : «ceux qui pensent que le 26 mars n’a pas marqué un point de non retour dans la marche en avant du Mali, dans le processus démocratique malien, dans la construction de l’Etat de droit, et qui rêvent que peut-être un jour on pourrait revenir en arrière, se trompent. Ils se trompent et ils nous trouveront devant eux». Selon le président de l’Adéma ce qui s’est passé n’est pas seulement l’expression de la perte d’un match de football, mais aussi celle de frustration, de déception. Proscrivant la violence, il a réitéré son soutien au gouvernement.
La vertu du dialogue a été louée par le président du Mouvement citoyen Djibril Tangara qui s’est dit fier de ce meeting. «Si cette organisation n’était pas née, le mouvement l’aurait créée».
Selon lui le dialogue et la solidarité doivent être mis au devant pour surmonter toutes les difficultés. Adhérant à la proposition de l’Aislam de mettre en place une commission de quête pour la remise des feux de signalisation et des cocotiers détruits, le mouvement citoyen à travers son président Djibril Tangara s’est engagé à mettre à la disposition du district, une somme de 500.000 F Cfa.
«Pour replanter les cocotiers sur la route de Sénou», a-t-il précisé. Avant lui, l’Aislam à travers Mohamed Kimbiri avait fait une contribution de 1000 F Cfa. Parlant au nom de l’association islamique, Kimbiri a souligné que les actes de vandalisme et de viol ne sauraient être commis par un bon musulman. Au contraire l’Aislam a organisé des prières à chaque fois que le pays était confronté à des difficultés.
Choguel : nous sommes avec l’Adéma
«L’Adéma à travers l’organisation de ce meeting vient de s’inscrire dans la logique d’un véritable partenariat de gestion concertée, efficace, loyale et fidèle avec le Président ATT», a indiqué Amadou Soulalé, président du FAMA. Selon Choguel Maïga, président du MPR, «Ce meeting apporte un soutient à l’action du Chef de l’Etat parce que les violences, les destructions d’une façon directe ou indirecte visent l’action du gouvernement». Il a félicité, ceux qui ont eu l’initiative de cette rencontre, l’Adéma-Pasj, le mouvement citoyen, l’ACC ainsi que tous les partis politiques qui soutiennent l’action du chef de l’Etat.
«Désormais nous sommes ensemble. Notre proposition est qu’à toutes les dates charnières y compris le 8 juin qui s’annonce bientôt que les forces politiques qui sont avec le Président de la République, réfléchissent pour mener des actions concertées afin que les Maliens sachent que le Mali bouge et pour que le pessimisme ne gagne pas le Malien, pour que les discours pessimistes distillés ici et là soient contrés par un argumentaire reposant sur des réalisations concrètes du gouvernement, sur la réussite de la politique du chef de l’Etat».
Selon Choguel Maïga, face à cette première grande épreuve, le Président de la République a fait preuve d’une promptitude et d’une grande capacité de maîtrise de la situation en posant des actes de gouvernement. Tour à tour, Kalilou Samaké de l’ACC, Abdoulaye Diop du Cnid, le Dr. Abdoul Bâ du Pdj (groupe parlementaire PDJ-CDS) et Nana Cissé ont exprimé leur soutien au Président de la République.
Boukary Daou
11 Avril 2005