La soirée d’hier, 22 janvier 2010, aura été très cauchemardesque pour les populations de Daoudabougou. De chaudes altercations entre jeunes de la localité et policiers ont éclaté vers 16 heures, suite à la mort d’un chauffeur de Sotrama au niveau, dit-on, de la Tour d’Afrique de Faladié. Que se serait-il passé ?
Selon les témoignages que nous avons recueillis sur place à Daoudabougou Sérafara au moment des affrontements violents, le chauffeur de Sotrama aurait refusé au niveau de la Tour d’Afrique de Faladié de répondre à une sommation du policier qui se chargeait de la fluidité de la circulation et du contrôle routier.
Suite à ce refus, le policier aurait poursuivi le chauffeur de Sotrama et l’a sommé de s’arrêter. S’en suivit alors une altercation entre les deux hommes, et sous la menace du chauffeur, le policier a ouvert le feu, abattant du coup son «agresseur». Sous les coups mortels du policier, le chauffeur sera évacué à l’hôpital, mais sans vie.
La nouvelle fut répandue dans les milieux des chauffeurs de Sotrama à une vitesse exceptionnelle. Très indignés, les chauffeurs de Sotrama et leurs apprentis décidèrent de se venger et prirent les artères de Daoudabougou Sérafara, Niamako et bien d’autres, en otage avec des casses des vitres des autres Sotrama et taxis qui étaient en circulation.
Des pneus ont même été allumés à Daoudabougou Sérafara où nous étions présents. La réaction musclée des policiers s’est caractérisée par des tirs de gaz lacrymogène qui ont énormément perturbée la soirée d’hier des populations de Daoudabougou Sérafara. On dénombre des blessés et plusieurs arrestations.
Dans ce tohu-bohu qui s’en est suivi, nous n’avons pas pu avoir la version de la police. Toujours est-il qu’au moment où nous mettions cet article sous presse, la violence continuait à Daoudabougou Sérafara. Un incident, s’il faut le qualifier ainsi, qui a mis à mal les paisibles populations de la localité. Nous y reviendrons dans nos prochaines publications.
Bruno Loma
Le Républicain du 23 Février 2010.
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Bamako : Chaude après-midi sur la rive droite
Les habitants de Bamako, notamment ceux de la rive droite du fleuve ont vécu un vrai calvaire hier en fin d’après-midi.
Des milliers de personnes ont dû rentrer chez eux à pied à cause d’un mouvement de grève brutalement déclenché par les conducteurs de transport en commun « Sotrama ». En effet, c’est à de véritables scènes d’émeutes auxquelles l’on a assisté dans certains quartiers de la rive droite. A l’origine du mouvement, la mort d’un conducteur de Sotrama à la suite d’un incident avec la police.
Selon un communiqué du ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, un incident est survenu dans la nuit du dimanche à hier aux environs de 5 heures aux alentours de MALIMAG entre une équipe de patrouille de la Brigade anti-criminalité (BAC) de la Police nationale et un conducteur de véhicule Sotrama.
Incident au cours duquel un des occupants du Sotrama a succombé suite à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré. « Le gouvernement, poursuit le communiqué présente à la famille du défunt ses condoléances les plus attristées. Il rassure qu’une enquête est ouverte pour situer les responsabilités. Il appelle les syndicats des chauffeurs au calme et à la sérénité ».
Selon de sources policières, l’incident est survenu à la suite d’un refus d’obtempérer du conducteur de Sotrama qui circulait avec comme seul passager son apprenti. C’est celui-ci qui aurait ouvert le premier le feu sur les policiers du BAC qui ont riposté. Mais c’est le chauffeur qui sera blessé. Il succombera à ses blessures à l’hôpital Gabriel Touré comme le précise le communiqué du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile.
Dès que les chauffeurs de Sotrama ont appris la nouvelle, les esprits se sont échauffés et la tension est montée d’un cran. Certains chauffeurs et apprentis de Sotrama, très en colère sont descendus dans la rue pour bloquer la circulation dans plusieurs endroits de la rive droite.
Aidés par certains badauds, ils ont dressé des barricades sur des voies et pris pour cible les policiers chargés de réguler la circulation. Les agents de la police ont dû fuir pour se mettre à l’abri. Le mouvement a sérieusement perturbé la circulation dans la capitale.
Les embouteillages se sont accentués par l’absence des agents de régulation de circulation. Ils se sont prolongés jusque dans la nuit et provoqué plusieurs petits accidents. Des bruits des sirènes retentissaient de partout. En face du siège de la BDM, un vieux mendiant a été renversé par une moto. Il baignait dans son sang.
Les émeutiers avaient bloqué la circulation notamment au niveau du rond-point de Daoudabougou en brûlant des pneus sur la voie. Les agents du Groupement mobile de sécurité (GMS) sont intervenus pour rétablir de l’ordre. Le poste de police de Sénou où habitait le défunt aurait été totalement saccagé.
Madiba Keïta
L’Essor du 23 Février 2010.