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Pour assurer l’approvisionnement correct des populations en vivres, l’Etat a renoncé à la TVA sur une quantité de céréales importées. Ces faveurs accordées aux opérateurs économiques importateurs de céréales n’ont pas permis d’influer sur les prix des céréales. Le sac de 100 kg de mil qui coûtait 12 000 FCFA au mois de mai, a doublé voire même triplé ici :

Des opérateurs économiques jouent-ils à la spéculation en faisant de la rétention sur les céréales? Ou bien la quantité de céréales importées sans TVA est elle insuffisante pour pouvoir influencer sur les prix ?

Actuellement, les faveurs accordées par le gouvernement aux commerçants importateurs de céréales sans perception de TVA sont comparables à une goutte d’eau dans le désert puisqu’elles n’ont pas atteint l’objectif escompté, à savoir la diminution des prix sur le marché.

Dans un premier temps, le gouvernement avait tablé sur 50 000 tonnes de céréales sans TVA afin d’influencer sur les prix au marché ; cette mesure a été très insignifiante. Le gouvernement a alors décidé une seconde fois de porter cette mesure à 110 000 tonnes en ajoutant 60 000 autres tonnes de céréales, (riz et mil).

En plus de cela, les commerçants importateurs de céréales sont autorisés à faire rentrer au pays 100 000 tonnes de maïs exonérées également de TVA. En tout et pour tout, les opérateurs économiques sont autorisés à importer 210 000 tonnes toutes céréales confondues sans taxe. Malgré ces faveurs accordées aux commerçants les céréales coûtent très cher.

C’est ce qui a fait dire au président de la République, M. Amadou Toumani Touré au cours du lancement de l’opération banques de céréales le lundi 08 Août 2005 au Commissariat à la Sécurité Alimentaire que des commerçants ont pris le beurre et l’argent du beurre.

Ces opérateurs économiques doivent comprendre que les céréales sont un produit vital. Face à ce problème de survie, l’Etat est comme un spectateur passif ; oui pour la liberté des prix dans un système libéral. Mais dans une situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles. La mesure exceptionnelle du gouvernement s’avère inefficace.

Mais selon certains spécialistes, c’est plutôt le gouvernement qui ne joue pas franc jeu, dans la mesure où le déficit céréalier est de plus de 340 000 tonnes. Pourquoi ne pas augmenter la quantité de céréales importées sans taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 110 000 tonnes à 347.000 tonnes sinon au-delà. Selon notre spécialiste, si le marché est suffisamment approvisionné en céréales, les prix baisseront automatiquement.

UN STOCK NATIONAL DERISOIRE

Le président de la République du Mali, M. Amadou Toumani Touré (ATT) a jugé “dérisoire” la quantité du Stock national de Sécurité Alimentaire qui est de 35 000 tonnes toutes céréales confondues.

Cette quantité de céréales emmagasinée dans les dépôts de l’Office des produits Agricoles du Mali (O.P.A.M) est vraiment insignifiante quand on sait que le Mali consomme par mois 40.000 tonnes de riz, sans compter les autres céréales.

Sur cette question de stockage des céréales, l’exemple du pays Dogon mérite d’être évoqué où nos frères sur les montagnes réservent des quantités importantes de céréales qui peuvent tenir trois saisons en cas de crise comme c’est le cas actuellement.

Entre le gouvernement et les opérateurs économiques, il y a un semblant de jeu de cache-cache. L’Etat pense que les opérateurs économiques ne jouent pas franc jeu. Malgré les faveurs qui leur sont accordées, le gouvernement pense qu’ils font de la spéculation en faisant de la rétention sur les céréales pour créer la rareté.

Des opérateurs économiques pensent au contraire que c’est l’Etat qui ne joue pas le jeu dans la mesure où le déficit céréalier est de 347.000 tonnes de céréales selon le Commissariat à la Sécurité Alimentaire sur la base des statistiques du Système d’Alerte Précoce (SAP) ; pourquoi ne pas étendre à 347.000 tonnes la quantité de céréales exempte de TVA au lieu de 200.000 tonnes actuellement ? S’interrogent-ils.

Tout compte fait, les vivres coûtent cher ; mais malgré cette précarité actuelle, la situation alimentaire au Mali est sous contrôle.

PLUS DE 170.000 ENFANTS MAL NOURRIS

L’enquête médiconutritionnelle et socioéconomique que vient de réaliser le Commissariat à la Sécurité Alimentaire avec l’appui du Programme Alimentaire Mondial (PAM) Oxfam, Action contre la Faim, les Directions Régionales de la Santé, du Développement Social et la Faculté de Médecine dans les communes de Ber, Aguel Hock, Anefis, Intillit, Téméra, Bamba et dans 30 villages des cercles de Nara, Diéma et Nioro a recommandé un appui en farines et compléments à 175.000 enfants et en vivres à leurs familles.

Le taux de prévalence de la malnutrition aiguë globale se situe entre 15,3% à Bamba et 7,6% à Intillit. Selon l’OMS, ces taux sont moyens. Il s’agira de distribuer pendant six mois, 5000 tonnes de farine et compléments à 46.593 enfants. Le coût de cette opération est estimé à 583 millions de FCFA/mois.

Daba Balla KEITA

10 août 2005