Malgré la situation préoccupante qui prévaut au nord-est du Mali et constatée par les producteurs et les organisations de la société civile, les autorités feignent d’ignorer la crise en se basant sur des statistiques très discutables.
La gravité de la situation pastorale et alimentaire dans le Nord-est du pays a nécessité à Gao la tenue d’une concertation par des organisations paysannes du Mali. C’était du 19 au 21 avril 2010. Préoccupés, producteurs, organisations paysannes et société civile le sont aujourd’hui à ce propos.
Et ils l’ont fait savoir au cours de la concertation de trois jours. Devant l’immobilisme du gouvernement, connu pour sa propension à tout peindre en rose, les producteurs du Mali, à travers leurs organisations faîtières, ont demandé l’élargissement inconditionnel des aides publiques à toutes les communes du Nord-est du pays.
Il est apparu que les appuis assurés aux producteurs, transformateurs et commerçants des pays voisins en termes de subventions directes ou de baisses conséquentes du taux d’intérêt font que la production céréalière malienne est généralement achetée par ces acteurs. Ce qui crée un déficit réel qui échappe aux autorités dans un contexte où les textes de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) exigent la libre circulation des personnes et des biens.
C’est une situation qui devra amener le gouvernement à reconnaître la crise que connaît le Mali en vue d’y apporter les solutions adéquates. Les faits édifient largement sur le caractère très critique de la situation qui prévaut au Nord-est du Mali en ce qui concerne l’alimentation des hommes et des animaux.
A l’issue de la rencontre, les participants à la rencontre de Gao, en l’occurrence les élus locaux, les organisations paysannes et autres acteurs de la société civile ont préconisé des mesures conjoncturelles suivantes : assurer la présence physique de l’État dans les sites de concentration, élargir et renforcer immédiatement l’aide publique à toutes les communes du Nord-est du Mali : Gao, Tombouctou, Kidal, étendre les mêmes mesures aux autres régions du Mali confrontées à la crise alimentaire et fourragère, notamment Kayes et Koulikoro.
Dans le même ordre d’idée, les assises ont demandé la multiplication des banques de céréales, la prise en charge systématique des malnutris, etc.
Dans nos prochaines livraisons, nous évoquerons le cas des communes touchées par la crise qui a entraîné un déplacement massif et précoce des populations du Nord vers le Sud.
Mohamed Daou
05 Mai 2010.