Les cas d’infanticide son régulièrement relatés dans ces colonnes. Pas plus tard que la semaine dernière, nous faisons état d’un fait survenu à Dioïla où une jeune fille avait abandonné son nouveau né dans les hautes herbes. Cet enfant fût sauvé de justesse par les passants qui furent attirés par ses cris (voir L’Essor de mercredi).
Malgré l’implication des forces de l’ordre, et la poursuite des auteurs d’infanticide devant la justice, le phénomène ne faiblit pas.
Il y a quelques jours, un cas d’infanticide a été signalé à Konatébougou en Commune I du district de Bamako. En début de matinée, le chef BR du commissariat de police du 6 ème Arrondissement a reçu un appel anonyme l’informant de la présence du corps d’un nouveau né sur un tas d’ordure dans le quartier. L’informateur expliqua que l’enfant a été abandonné là par une jeune femme que des passants ont retenue sur les lieux. Le chef BR, Sidi Traoré dépêcha ses hommes sur le terrain. Ils y trouvèrent au milieu d’une foule compacte de curieux le corps d’un nouveau-né recouvert par un morceau de tissu et une jeune fille à la mine toute défaite. La fille sera identifiée plus tard par les services de police comme Minankolo Diarra, âgée de 18 ans et originaire de Kolokani. Elle a quitté son village natal pour trouver un emploi de domestique dans la capitale. Depuis elle était employée comme aide-ménagère dans une famille à Konatébougou.
A interrogatoire elle expliquera les larmes aux yeux qu’elle avait demandé peu de temps avant son accouchement, assistance à sa patronne. Mais cette dernière pour toute réponse lui aurait dit d’aller accoucher là où bon lui semblait. Séance tenante celle qui l’employait lui versa le salaire du mois tout en lui montrant la porte. Elle repartit à la recherche d’un refuge. C’est ainsi que, explique la jeune fille, que les contractions prénatales la clouèrent en un coin de rue en début de soirée. Toute la nuit elle sera tenaillée par ces vives douleurs. Mais à l’aube, elle accoucha d’un garçon qui décédera quelques minutes plus tard, après avoir crié deux fois. Après l’accouchement elle rassembla ses forces, enveloppa le nouveau né dans un tissu et se mit à la recherche d’un tas d’ordures où elle pouvait déposer discrètement la dépouille. Malheureusement pour elle a été surprise dans ses manoeuvres par des passants qui l’ont retenu sur les lieux avant d’appeler la police. Celle-ci se présenta en compagnie des représentants du Secours catholique pour l’enfance.
Les explications de la jeune femme parurent trop courtes et trop simplistes pour le chef BR Yoro Traoré et ses hommes qui décidèrent d’ouvrir aussitôt une enquête pour connaître les causes du décès de l’enfant. Entre temps, le corps a transféré à la morgue. Quant à Minankoro Diarra, elle fût conduite au CSCOM de la commune I où elle fût soumise à un autre interrogatoire par le Dr Sidi Yatara qui avait été appelé pour constater la mort du nouveau né. Devant le praticien elle déclina toute responsabilité dans la mort de l’enfant.
Le médecin nous a confirmé qu’un nouveau né peut mourir aussitôt après sa naissance si on ne lui apporte pas les premiers soins adéquats. C’est ce qui expliquerait probablement la mort du nourrisson. Toutefois, la police va poursuivre les investigations pour déterminer les causes du décès du nouveau né. En attendant de voir clair dans cette affaire, Minankoro Diarra a été gardée à vue à la Brigade des moeurs. Mise en examen, elle devra comparaître devant la justice pour répondre de faits d’infanticide.
Mh. TRAORÉ | Essor
7 aout 2007