L’objectif de ces rencontres est de développer une synergie entre les deux entités. Cela est compréhensible quand on sait que l’Etat, malgré son désengagement conformément au libéralisme économique, joue néanmoins un rôle de régulateur et d’élaboration de stratégie et politique de développement économique. Il ne saurait être indifférent, en raison de sa responsabilité, aux efforts de création de meilleures conditions de vie des populations.
Or, le secteur privé déclaré comme moteur du développement est grand pourvoyeur d’emplois, et de ressources financières. C’est cela qui explique la participation de l’Etat au capital de nombre de sociétés.
LA RELANCE DE L’INDUSTRIE TEXTILE
Ces dernières années, les autorités multiplient les efforts en faveur de la promotion des investissements et de l’industrie textile en particulier. C’est dans cet élan que l’ancienne ITEMA longtemps restée dans une situation de cessation d’activité a pu rouvrir ses portes récemment sous l’appellation de BATEX-CI.
Il vient combler le vide laissé par la COMATEX dans le cadre de l’utilisation de la production nationale de coton. Les objectifs recherchés sont la préservation des emplois, la création de nouveaux emplois, l’augmentation des recettes fiscales de l’Etat, mais aussi et surtout la transformation d’une partie de la production nationale de coton en produits finis et semi-finis.
C’est par là que le Mali peut tirer le maximum de profit de la culture du coton. Cela est important à un moment où se pose la problématique de la durabilité de la production du coton en Afrique de l’Ouest.
Dans ce cadre d’ailleurs, une rencontre a eu lieu à Bamako récemment regroupant les experts de nombreux pays africains. En plus de cela, il convient de mettre l’accent sur les conséquences drastiques de la subvention du coton dans les pays du nord, qui a considérablement réduit le prix au producteur de cette culture industrielle et d’exportation.
La seule alternative qui s’offre, dans ces conditions, aux pays du sud, c’est de valoriser au niveau national la production à partir de sa transformation. C’est à cela que s’attellera BATEX-CI en plus de l’opportunité offerte par le projet Fitina-SA. Mais, déjà avec l’expérience de ce dernier, il y a certes de l’espoir, mais aussi des difficultés. En effet, dans la vie d’une entreprise, il arrive des moments difficiles, puisqu’il n’y a pas d’affaire sans risque.
L’AUDACE ET LES CONTRAINTES
Le repreneur de l’Ex-ITEMA a fait montre de courage et d’audace. En s’engageant dans cette voie, il ranime l’espoir chez de nombreux travailleurs qui sont des chefs de famille restés longtemps sans activité professionnelle ni ressources financières pour la survie de leurs familles. Cela est déjà un facteur social important qu’il y a lieu de saluer. Dans cette mouvance l’opérateur économique a donné la preuve qu’il n’est pas un partisan du moindre effort. C’est compte tenu de son apport à l’économie du pays qu’il mérite d’être soutenu par les autorités
EN QUOI CE SOUTIEN PEUT-IL CONSISTER ?
Le plus important sera de lui accorder un certain nombre de facilités afin de lui permettre de faire face à ses obligations vis-à-vis de l’Etat et de ses employés. Il reste, à présent à déterminer si la production de BATEX-CI permettra d’absorber une quantité importante de notre production cotonnière. A ce sujet, il semble qu’il y ait des difficultés.
En effet, l’Etat peut-il obliger le nouvel acquéreur de la société, M. Bakary Cissé, à utiliser le coton produit au Mali dans le contexte actuel de libéralisme économique, même si cela lui revient plus cher qu’à l’importation ?
Rien n’est moins sûr, quand on sait que les affaires reposent sur la rentabilité. Or, selon certaines indiscrétions, les impressions à BATEX-CI se font sur du tissu importé d’un pays voisin. Si c’est vraiment le cas, on peut craindre que l’apport de la société pour l’économie nationale soit moindre.
Tel n’est sûrement pas l’objectif recherché par les autorités maliennes. En plus de cette situation BATEX-CI, à l’instar des autres unités de production industrielle, a besoin de tarifs plus abordables d’eau et d’électricité. Les négociations entre les autorités et EDM-SA se poursuivant, il faut espérer qu’elles aboutissent sur une baisse qui soutienne la performance des unités de production.
Cela est une exigence, car permet de faciliter l’atteinte des objectifs visés par le président de la République dans le cadre de la promotion des investissements, en particulier de l’industrie textile.
Par la même occasion, ce sont les industriels eux-mêmes et leurs employés qui auront une plus grande marge de manoeuvre et de sécurité dans le cadre de leur activité professionnelle et partant, de leur vie quotidienne ainsi que de celle de leur unité de production. Des jalons importants sont certes posés, mais il faudra, au fur et à mesure, suivre l’évolution afin de s’assurer que tout se passe à hauteur d’attente.
C’est à cette seule condition qu’on pourra espérer sur de bonnes perspectives dans le secteur de l’industrie.
Moussa SOW
14 Mars 2005