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Un incivisme qui dure depuis des décennies sans que les autorités et les politiques sachent vraiment comment le circonscrire. Il a permis, en mars 1991, de débarrasser le pays d’une dictature, mais depuis, a été utilisée comme une arme à tous les niveaux, y compris par ou contre ceux qui l’ont introduit dans ce pays.

On aurait tort de croire que les inciviques sont seulement ceux qui ont cassé, volé, violé et brûlé ce dimanche. Non ils ne sont pas les seuls car le phénomène s’est installé à tous les niveaux, il s’est généralisé dans les secteurs.

L’incivisme va des revendeurs ambulants ou fixes qui se promènent avec des saloperies, des commerçants qui vendent des produits à l’origine et à la qualité douteuses, des revendeurs qui occupent illégalement le domaine public, de ces trop nombreux organisateurs de cérémonies qui entravent la circulation y compris sur les principaux axes routiers, de ces chauffards qui conduisent au mépris de tout code surtout routier, de ces politiciens qui nomadisent entre les formations politiques au mépris des bases qui les ont élus, aux policiers véreux qui laissent en circulation des véhicules mortels, aux douaniers qui laissent entrer dans le pays des produits dangereux pour la santé et l’environnement, aux fonctionnaires corrompus qui établissent des faux documents, aux élus qui acceptent de délivrer de faux actes d’Etat civil, aux juges qui mettent en prison des innocents et remettent en liberté des criminels ; l’incivisme va aussi du simple «citoyen» qui jette ses ordures sur la voie publique, vole l’entreprise qui le paye, à l’Etat qui ferme les yeux sur les injustices, qui refuse de prendre des lois adaptées, qui refuse que les lois prises soient appliquées, qui accepte de brader le domaine public et de mettre dans la rue des casseurs potentiels, qui tolère et protège tous ces maires et conseillers communaux qui excellent dans les magouilles, spéculations et malversations, qui accepte de nommer à leur poste tous ces policiers, gendarmes, douaniers, juges et autres fonctionnaires véreux qui ne pensent qu’à s’enrichir personnellement et individuellement au détriment de la collectivité.

L’incivisme va de la société civile qui se tait avec une complaisance intéressée et des médias trop souvent partisans à l’Etat qui accepte de procéder par colmatage, replâtrage et tâtonnement, notamment en cherchant toujours et toujours des boucs émissaires et des fusibles à faire sauter.

L’Etat pèche en ce que plus personne ne croit en lui, en sa force et en son autorité. Il est vrai que la démocratie et l’expression des libertés sont dures à gérer surtout lorsque l’on cherche à plaire à tout le monde à la fois pendant tout le temps. Mais il faut accepter alors le risque de tomber soi-même dans l’incivisme, faute d’autorité. En quatorze années de démocratie, nos dirigeants semblent être loin de comprendre que nos jeunes démocraties ont besoin d’Etat fort pour se développer, en combattant

d’abord l’incivisme dont la corruption qui n’est qu’une manifestation pernicieuse du laxisme des autorités.

Ch. A Tandina

6 Avril 2005