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niger1.jpgSamedi passé, le président de la république Amadou Toumani Touré a procédé à l’inauguration du barrage seuil de Talo.

Sur le site de l’ouvrage, la population sortie très nombreuse a réservé un accueil chaleureux à la délégation présidentielle arrivée aux environs de midi.
Avec l’inauguration du barrage seuil de Talo, c’est le démarrage du Projet Moyen Bani (PMB) qui vient d’être amorcé.

D’un coût initialement estimé à 22,173 milliards Fcfa et finalement ramené à 20,417 milliards Fcfa, le projet du barrage seuil de Talo a été financé conjointement par le Fonds africain pour le développement de la BAD (73,52 %), le Fonds de l’OPEP (16,36 %) et le gouvernement (10,12 %).

L’ouvrage ne permet pas de créer un lac artificiel comme c’est le cas avec les barrages de Sélingué et Manantali, car le seuil de Talo n’est pas un ouvrage de retenue d’eau.

Il a trois fonctions majeures : relever la cote du plan d’eau en période de crue pour permettre l’irrigation de 20 000 ha dans les cercles de Bla et San, maintenir un débit permanent en saison sèche pour satisfaire les besoins des zones situées en aval dans les cercles de San et Djenné, et permettre la traversée du fleuve grâce à un pont métallique.

Ouvrage de régulation qui comprend un ouvrage fixe en béton d’une hauteur de 4 mètres avec une crête de 274,35 mètres sur une longueur brute de 294 mètres surmonté d’un pont métallique reliant les deux rives du fleuve Bani, le seuil de Talo comprend 4 pertuis de 3×3 mètres équipés de vannes pour restituer un débit compris entre 5 et 150 mètres cubes par seconde suivant les périodes.

Sur la rive droite du fleuve, un ouvrage de prise principale permet l’irrigation des plaines. Il est constitué de 7 pertuis équipés de vannes pour dériver des débits variant de 0 à 100 mètres cubes par seconde.

Pour les besoins de la première tranche, 3 des 7 pertuis de la prise principale sont murés afin de limiter le débit prélevé à 50 mètres cubes par seconde.

La riziculture en submersion dans cette zone était devenue pratiquement aléatoire, voire impossible en raison de l’insuffisance des crues du fleuve Bani. Ainsi, le projet a comme objectif de rétablir des conditions de débordement par le rehaussement du niveau du Bani, afin de dominer les plaines grâce à la construction d’un seuil, à garantir la disponibilité de l’eau en étiage et aménager à terme une superficie de 20.000 hectares.

Les composantes du projet sont multiples : la construction du barrage, l’aménagement de terres, la réalisation de pistes d’accès au barrage, le développement des activités génératrices de revenus pour les femmes et la prise en compte des aspects environnementaux.

La production attendue est de 14.000 tonnes de paddy et 760 tonnes de viande. Comme mesures d’accompagnement , nous pouvons noter la formation de 80 organisations paysannes en alphabétisation, la gestion d’organisations paysannes et des aménagements, la réhabilitation de 14 centres de santé et la construction de deux nouveaux, leur équipement et leur dotation en médicaments, la réalisation de 29 puits à grand diamètre.

Toutes ces infrastructures socio sanitaires profitent également à Djenné. De même, le PMB a assuré la mise en place d’une ligne de crédit de 50 millions Fcfa destinée aux femmes et procédé à la formation de 25 membres des comités de gestion des points d’eau, la mise en place d’un système de surveillance épidémiologique relative à la santé animale et humaine, l’élaboration d’une réglementation pastorale locale et la réalisation de campagnes IEC relatives au Vih/Sida et aux maladies d’origine hydrique.

Après son mot de bienvenue, le maire de la Commune de Fany, Bakary a remercié les autorités maliennes pour la réalisation de l’ouvrage en question dont le projet avait fait l’objet d’une vive controverse à un moment donné.

En effet, médiation, conduite par un comité de bons offices qui a permis de lever les réticences des populations de Djenné qui s’opposaient à la construction du seuil prétextant que l’ouvrage allait priver le fleuve Niger des eaux d’un de ses principaux affluents, le Bani, a été saluée par le maire de Fany.

De même, lorsque les études techniques prouvèrent que la construction du seuil n’aura aucun impact négatif sur Djenné, certains continuaient à s’opposer au projet tant que des garanties ne seraient pas données pour la construction d’un ouvrage du même type à Djenné.

Aussi, une longue campagne de sensibilisation a été menée de mai 2001 à mai 2004 avec dans la foulée un forum sur le développement de Djenné organisé en 2003, dans le but de convaincre les populations de Djenné.

La réalisation du seuil de Talo, selon le ministre de l’Agriculture, Seydou Traoré, rentre en droite ligne de l’application de la Loi d’orientation agricole (LOA) qui fait une place de choix à la maîtrise totale ou partielle de l’eau pour l’irrigation.

En effet, le niveau d’eau observé aujourd’hui au niveau du pont de Douna est inhabituel. Effectivement, avant la réalisation du seuil de Talo, le fleuve au niveau par exemple du pont de Douna s’asséchait complètement pendant la période sèche. Aujourd’hui tel n’est plus le cas et n’importe quel voyageur peut faire ce constat.

Constat de cet état a été fait par les notables qui ont affirmé que depuis des décennies, les pêcheurs n’avaient pas capturé d’aussi gros poissons dans le fleuve en cette période de l’année.

De même, constat a été fait par les habitants que la végétation reverdit et des espèces qui avaient commencé à disparaître depuis des décennies font leur apparition dans les environs immédiats du lit du fleuve.

Pour le président Touré, tous ces témoignages positifs prouvent la pertinence du projet.
Pour le chef de l’état, les entraves qu’avaient connu la réalisation de cet ouvrage avec l’opposition des habitants de certaines localités de la zone sur fond de désinformation, ne sont plus que de mauvais souvenirs.
Et Amadou Toumani Touré, d’affirmer que même les populations de Sofara et Djenné se rendent compte de l’utilité du seuil de Talo. En effet, selon le président Touré, des habitants de Sofara ont témoigné de la présence de l’eau dans leur plaine. « Ce qui n’était plu observé depuis des décennies », a-t-il ajouté.

Promesse a été faite par le président aux habitants de Djenné, de la construction du seuil de Djenné.
Le chef de l’état a remercié la BAD qui a accepté d’accompagner les deux projets, le ministère de l’Agriculture et tous les cadres qui se sont investis pour la réalisation de l’ouvrage, l’entreprise chinoise, les bureaux d’études et de contrôle, pour la qualité du travail accompli.

Tout comme le ministre de l’agriculture, appel a été lancé par le chef de l’état à l’endroit des populations bénéficiaires, comme les associations et groupements de producteurs, à prendre soin de ce joyau et à honorer leurs engagements en s’acquittant convenablement de leurs obligations.

Annonce a été faite par Mamadou Samba Ba représentant de la Banque africaine de développement (BAD) que son institution allait parrainer une réunion qui se tiendra autour du seuil de Djenné.

19 mars 2007.