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Le déchet d’huile de palme est un produit généralement importé de la Côte d’Ivoire pour servir de matière première dans la production de savons artisanaux communément appelé « gabakourouni » très appréciés par les femmes dans les travaux ménagers. Certains importateurs malveillants n’hésitent pas à mettre sur les marchés cette huile pourtant impropre à la consommation en violation du protocole d’accord qui réglemente l’importation et la circulation de ce produit spécifique.

L’Association nationale des fabricants de savons artisanaux (ANAFASA) a organisé, le samedi 26 mai 2007, une conférence de presse à la CCIM. Animée par Lassana Diallo et Tidiani Diakité, respectivement président de l’ANAFASA et de la Commission de suivi du protocole, cette rencontre avec les hommes de média visait à faire le point d’exécution du protocole d’accord signé le 15 mai 2006 entre l’ANAFASA et la Direction nationale du commerce et de la concurrence.

Une commission de suivi de ce protocole a été créée pour suivre l’importation et la circulation des déchets de l’huile de palme sur le territoire malien. En effet, le déchet de l’huile de palme importé de la Côte d’Ivoire est la matière principale qui entre dans la fabrication de savons artisanaux très sollicités par les femmes dans leurs travaux domestiques.

Cependant, ce déchet est destiné uniquement à la fabrication du savon, donc impropre à la consommation. Mais il se trouve qu’à vue d’oeil, il n’y a pas une grande différence entre ce déchet et la bonne huile, sauf que le déchet dégage une odeur nauséabonde. Voilà que certains commerçants importateurs n’hésitent pas à franchir le Rubicond en livrant ce produit à la consommation courante. Il y a quelques années, l’affaire avait entraîné une suspension de toute importation de déchet d’huile pendant au moins 11 mois.

Les pourparlers pour circonscrire cet état de fait ont abouti au protocole d’accord suivant lequel toute importation de déchets d’huile de palme doit être conditionnée à une intention d’importation délivrée par les services techniques. Le commerçant au moment de la levée de l’intention d’importation doit présenter une commande en bonne et due forme de l’Association des fabricants de savons artisanaux principale consommateur du produit avec près de 4000 membres.

Ainsi toute importation faite avec l’aval de l’ANAFASA est l’objet, depuis son entrée en territoire malien, d’un suivi rigoureux jusqu’à la livraison à destination. « Aucune huile commandée par nos membres ne peut être vendue à la consommation » rassure Lassana Diarra, le président de l’ANAFASA. Les membres de la Commission de suivi organisent aussi des visites inopinées dans les marchés.

Cependant, les conférenciers ont révélé que le protocole rencontre d’énormes difficultés dans son application. Car certains commerçants, se sentant ainsi dans un carcan, passent par les voies frauduleuses pour obtenir des intentions d’importation et verser sur le marché des produits, qui selon les experts sont source de cancer pour l’homme.

Pour cela, ces importateurs bénéficient de la complicité de certains cadres de la Direction nationale du commerce et de la concurrence. « Le protocole donne la possibilité à l’Association de veiller sur les huiles avec les services techniques. Malheureusement, nous constatons une défaillance auprès de ces derniers. Nous savons que le directeur de la DNCC est de bonne foi et fait bien son travail, mais certains de ses cadres cèdent facilement à la pression de l’argent. Dès fois même nous amenons des agents des services techniques pour constater la présence de déchets d’huile sur le marché mais ils refusent de les saisir. Et pire encore certains agents contribuent à faire échec à nos visites inopinées en informant les commerçants  » a expliqué Tidiani Diakité, le président de la Commission de suivi du protocole.

Celui-ci propose l’ouverture de dépôts d’huile de consommation dans tous les marchés et la sensibilisation des vendeurs d’huile sur les conséquences des déchets d’huile de palme sur la santé des populations.

C’est pourquoi, les producteurs de savons artisanaux en appellent au sens élevé et au devoir de patriotisme de chacun pour s’impliquer dans ce combat qui est celui de tout le peuple pour faire face à ce  » problème d’empoisonnement généralisé  » voulu par certains commerçants qui ne songent qu’à leurs intérêts personnels.

Youssouf CAMARA

28 mai 2007.