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La semaine dernière, plus de 500 Maliens, candidats à l’immigration, ont été arrêtés et refoulés du Maroc. Ils ont été reconduits par avion à Bamako avant d’être acheminés dans leur village.

Aujourd’hui de nombreux jeunes Maliens, rêvant de vie meilleure, paient chaque année de leur vie en tentant l’aventure européenne, noyés ou électrocutés ou tout simplement abattus par des policiers en faction.

Pour de nombreux autres Maliens, cette situation déplorable s’explique en partie, par l’échec du pouvoir ATT en matière de promotion et de création d’emplois.

Selon un professeur de droit international de l’Université de Bamako, c’est l’incapacité de nos gouvernants à développer des politiques cohérentes de création d’emplois, qui est à l’origine de ces migrations massives.

« Je comprends la détermination de ces jeunes gens qui ont été déçus car les promesses électorales ne sont pas respectées. Ce sont des jeunes las d’attendre qui veulent aider leurs parents à sortir de cette misère de plus en plus insupportable », dit-il.

En plus des Etats, il jette la responsabilité sur le FMI et la Banque mondiale qui adoptent des « politiques regressionnistes en direction des pays pauvres : les privatisations sauvages avec leur lot de licenciements abusifs en sont pour beaucoup ».

Dignité : un vain mot ?

Pour le citoyen lambda, la ruée des Maliens vers l’Europe est due à la pauvreté et au chômage qui gagne du terrain dans notre pays.

« A un certain âge, il devient insupportable pour tout homme de vivre dans certaines conditions surtout avec ses parents. C’est pourquoi, nous sommes obligés de sortir et avec tous les risques. Si l’Etat crée aujourd’hui beaucoup d’emplois sans démagogie pour les jeunes, nous allons rester », explique le frère d’un expulsé.

A Melilla, à la frontière Maroc-Espagne, les immigrés clandestins ont subi toutes les humiliations avant leur expulsion.

C’est pourquoi, Mme Sangaré Oumou Coulibaly, une enseignante, invite les Blancs et les Arabes à avoir de la considération pour les Noirs.

« Les Noirs, affirme-t-elle, sont des hommes tout comme eux et même plus. Nous avons une dignité. Qu’ils arrêtent de nous humilier ».

Quant à Albert Koné, il appelle ses frères à retourner chez eux et travailler dans la dignité jusqu’au bonheur tant espéré.

« Beaucoup de personnes se trompent sur l’Europe. Tout n’y est pas rose. Nos compatriotes qui y sont, souffrent le martyre avant de voir le bout du tunnel », avance-t-il.

La crise migratoire née du développement de l’immigration pose aujourd’hui un sérieux problème de coordination entre les pays africains ponts de l’immigration et leurs riverains européens.

Sidiki Dembélé

18 octobre 2005.