Ces derniers mois ont été marqués par une recrudescence de l’immigration clandestine. En effet, l’adoption par les Etats Shengen d’un certain nombre de décisions visant à réduire le nombre de visa d’entrée en Europe amenuise l’espoir de pas mal de futurs immigrants. L’ambition reste cependant : fouler le sol européen avec ou sans visa.
Cette dernière alternative semble être la plus dure mais aussi elle est la solution qu’adopte la majorité, faute de visa. La question que se pose bon nombre de personnes est comment ces jeunes africains atteignent-ils l’Europe sans visa ?
C’est-à-dire venir en Europe par l’Espagne via le Maroc. Selon le témoignage de certains jeunes immigrés ayant vécu l’expérience, venir en Europe relève d’un véritable parcours du combattant.
«Après avoir fait plusieurs demandes de visa au niveau du consulat de France sans suite, j’ai décidé de venir par voie terrestre avec tous les risques que je savais auparavant. D’abord il m’a fallu chercher un passeur qui nous a pris à chacun 1.600.000 F Cfa, ce dernier nous conduit par pirogue en nombre très élevé et sans aucune mesure de sécurité. Nous savons tous que sous risquons notre vie, mais nous n’avions pas le choix. Au moment de franchir les clôtures, des hommes armés tiraient sur nous, mon meilleur ami a été tué sous mes yeux» a déclaré Bouagnini un jeune malien résidant à Paris.
«Il fallait que je vienne car je suis l’aînée d’une famille nombreuse, je ne veux pas devenir la risée de tout le monde. Tout l’espoir de la famille repose sur moi seul» a martelé un autre jeune sous le couvert de l’anonymat.
Des centaines d’autres jeunes qui n’ont pas eu la chance de franchir la double clôture de 3 mètres séparant l’Espagne et le Maroc plongent dans la souffrance. Ils sont obligés de revenir au Maroc pour tenter une nouvelle chance.
Il arrive souvent que les policiers de ce pays les pourchassent jusqu’au confins du Sahara, une expérience vécue par plusieurs centaines d’immigrants il y a seulement quelques jours.
Ces rescapés ne doivent leur survie qu’à certaine bonne volonté comme les organisations internationales qui leur fournissent des vivres, des couvertures et de l’eau.
Une situation dramatique qui interpelle les autorités africaines et européennes car l’une des causes qui pousse les jeunes à l’immigration est sans doute la pauvreté qui s’aggrave de jour en jour en Afrique.
Avec un accent particulier pour l’Afrique au sud du Sahara. Avec l’amplification de ce phénomène l’Europe pourra contenir très difficilement le flux migratoire.
Les événements de ces derniers temps en témoignent puisque malgré les rejets massifs de demande de visas, les immigrants franchissent les frontières d’Europe par d’autres moyens et ceci à leurs risques et périls.
Selon certains, l’Europe est l’ultime chance pour eux de réussir dans la vie et de subvenir aux besoins de leurs proches.
Cependant réaliser une telle volonté s’avère très difficile, car la réalité sur place est tout autre. Si certains arrivent à tirer leur épingle du jeu, bon nombre d’entre eux traîne dans la souffrance.
Leurs maux ont pour noms, manque de logement, de titre de séjour et de travail.
Un véritable cercle vicieux car le manque de titre de séjour est synonyme de chômage.
Or, titre de séjour et emploi sont nécessaires pour avoir un logement descend.
Conséquences, beaucoup d’étrangers deviennent des sans abris, à la charge des organisations caritatives. Ou alors ils sont réduits à la mendicité.
La seule issue pour palier à tout ce phénomène est la mise en place par les gouvernants d’une politique de création d’entreprise pour les bras valides du pays qui ont perdu tout espoir de réussir leur vie dans leur pays d’origine.
Correspondante particulière de Paris
Sako Doumbia
13 octobre 2005.