Ainsi, dans la nuit de mercredi, un premier contingent de 140 personnes a débarqué à l’aéroport international de Bamako-Sénou par vol spécial. Hier un second convoi de 140 personnes est arrivé aux environs de 11 heures, soit 280 expulsés en l’espace de 48 heures. D’autres contingents sont attendus aujourd’hui. Au total, ce sont 420 de nos compatriotes qui sont concernés par cette mesure d’expulsion.
Ils ont été accueillis à leur arrivée, par les services de la protection civile et de la sécurité intérieure. Selon le sergent-chef, Nouhoum Coulibaly, chargé de l’accueil et de l’installation des expulsés, un autre convoi de 140 expulsées est attendu dans les heures à venir. « Ici, nous nous occupons de leur hébergement, leur nourriture et leur prise en charge médicale en cas de maladie. Nous les gardons en observation pendant trois jours. Ceux qui le désirent sont reconduits chez eux », a-t-il ajouté.
Habits sales, souvent déchirés, pieds nus pour certains, yeux rouges, une profonde tristesse sur tous les visages. Ayant tout perdu, certains n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. D’autres, traumatisés par le choc, continuent à raconter leur calvaire à qui veut l’entendre.
« Moi, j’ai passé plus de 12 mois, en détention provisoire dans la prison de Saaba (NDLR : une région de la Libye). On m’a arrêté sur le lieu de travail, en me retirant tous mes papiers« , clame un jeune homme.
Nouhoum Tangara, un ressortissant de Mopti vivant à Tripoli depuis 5 ans affirme avoir été emprisonné depuis 6 mois. « Moi, je ne suis pas en situation irrégulière. Je suis parti en avion avec un visa de séjour en règle. Ils disent, qu’ils ne veulent plus d’étrangers dans leur pays », a lancé violemment le jeune homme désespéré. Plus de 500 Maliens sont détenus à la prison de Saaba, assure-t-il, et d’autres compatriotes seraient emprisonnés dans d’autres régions.
Selon un communiqué publié mercredi sur le site internet du Comité populaire général (gouvernement) libyen, cette décision fait suite à un conseil interministériel. La réunion s’est penchée sur les problèmes découlant de la présence de ces étrangers sur le sol libyen, aussi bien aux niveaux économique, social, sanitaire que sécuritaire, ajoute le communiqué. Plus de 2 millions de personnes de différentes nationalités africaines résidant en Libye seront arrêtées et expulsées, précise le communiqué. Affaire à suivre donc.
Doussou DJIRE
14 Novembre 2008