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Un second groupe de 140 personnes est attendu ce soir aux environs de 20 heures. Les refoulés ont été accueillis à leur descente d’avion par le ministre de la Sécurité et de la Protection civile.

Le colonel Sadio Gassama était entouré pour la circonstance, des représentants des ministères de la Santé, des Maliens de l’Extérieur, des Affaires sociales, du Gouverneur du district de Bamako et du Maire de la Commune VI.

L’aventure des immigrants clandestins, à entendre leurs témoignages, n’a pas du tout été facile.

Mamadou Dembélé, un jeune homme de 26 ans originaire de Kayes, raconte que cela faisait deux ans trois mois qu’il végétait entre Rabah et Alger, jusqu’au jour où il a réussi à braver la dure épreuve de la grillage.

Il est allé se cacher en brousse, puis s’est rendu au commissariat avant d’être conduit au camp. Malheureusement, la chance ne lui a pas souri.

Pourquoi les clandestins ont-ils été refoulés en si grand nombre ? Mamadou Dembélé de répondre : «tous les gens refoulés ne viennent pas d’Espagne. C’est quand les clandsetins ont entendu qu’il y avait un coup de force à la grille de Sipta qu’ils sont sortis en masse de leurs cachettes pour tenter leurs chances. L’Espagne ayant commencé le refoulement des clandestins du camp, les Marocains ont, de leur côté, multiplié les patrouilles. Ils ont ainsi arrêté des immigrants clandestins par milliers pour les jeter à plus de mille kilomètres dans le désert. Sans eau ni nourriture».

Concernant le traitement qu’ils ont reçu tant du côté espagnol que du côté marocain, tous les clandestins sont unanimes : le traitement était inhumain.

Les militaires espagnols tiraient sur nous à balles réelles. Il y a eu beaucoup de blessés, des pieds et des mains cassés. Salia Sékou Ly, originaire de Yanfolila s’en est d’ailleurs tiré avec un pied fracturé.

Il raconte que, quand il était encore accroché à la grille de la barrière, un militaire espagnol lui a brisé le pied à coups de crosse de sa carabine. Les Médecins sans Frontière se sont occupés de lui du côté marocain.

« Quand les militaires marocains nous arrêtaient, affirme Famory Keita, ils procédaient tout d’abord à une fouille systématique avant de nous dépouiller de nos sous et portables. Après ils nous conduisaient par bus, pieds et mains liés, pour nous abandonner vers la frontière algérienne à la merci des vagabonds. Ces derniers, à leur tour, s’acharnaient sur nos biens. Cependant, les clandestins expriment toute leur gratitude à l’endroit du gouvernement malien et plus particulièrement au consul du Mali au Maroc« .

Pierre Fo’o MEDJO

13 octobre 2005.