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Bemba Koné, ébéniste :

« Le chef de l’Etat ne doit pas laisser s’installer au Mali l’incivisme »
« Les vandales ont tout saccagé chez moi. Ils ont incendié mes 8(huit) scies et mes rabots. j’ai payé chacune des scies a 20.00Of cfa. Ce matin, en me rendant sur mon lieu de travail, j’ai constaté que je n’avais plus rien. Je n’ai pourtant rien à voir avec cette défaite. Les autorités n’ont pas été à la hauteur de leur mission de protection de nos biens. Le chef de l’Etat ne doit pas laisser s’installer au Mali l’incivisme. Je demande au Président de la République à être mis dans mes droits
« .

Bréhima Kéïta : « Je condamne les casses et les violences. J’accuse les supporters et les dirigeants. Tout le monde a sa part de responsabilité dans cette défaite. Ça ne valait pas le coup de s’en prendre aux installations« .

Youssouf Berthé, Badialan 3 Kodabougou

« Le comité des supporteurs aurait pu nous éviter cette situation »
« La violence n’a rien arrangé dans la vie. En s’attaquant aux installations, nos compatriotes ont failli à leur légendaire « diatiguiya ». Nous assistons à un éternel recommencement. S’il faut tout casser pour un rien, c’est décevant. Le comité des supporteurs aurait pu nous éviter cette situation qui n’honore pas le Mali
« .

Idrissa Traoré « Poker », ancien international :

« Nous ne sortons pas grandis de cette épreuve »
« C’est vraiment déplorable. Le football n’a pas besoin d’un tel comportement. Le football c’est du fair-play. Les gens ont manqué de fair-play. Le Mali n’est pas un pays de fair-play et nous ne sortons pas grandis de cette épreuve
« .

Oumar MAIGA, secrétaire national du Centre Africa OBOTA-MALI :

« Investir dans l’éducation sociale »
« J’ai un sentiment de désarroi. Ce qui a été fait, le soir du match et le lendemain, est vraiment le comble. On ne s’attendait pas du tout à cela. Entre le Malien d’hier et celui d’aujourd’hui il y a une grande différence en matière de civisme. Au Mali, nous devons beaucoup mettre l’accent sur l’éducation civique. On ne peut pas imaginer qu’après cette détresse des Maliens, que l’on se mette à attaquer les édifices publics. C’est une double défaite pour nous. Je crois qu’il y avait d’autres formes de manifestations de notre désarroi que de s’attaquer aux édifices publics, aux feux de signalisation et autres.
La Tour de l’Afrique n’avait rien à voir avec cette défaite. Je pense que les autorités doivent prendre leurs responsabilités, car, à ce niveau là, il y a des faiblesses. Il faudra voir comment canaliser le public ; comment éduquer notre société ; parce que c’est une question d’éducation civique qui se pose avec acuité. Au lieu d’investir dans n’importe quoi, il serait opportun qu’on investisse dans l’éducation sociale
« .

M. Yacouba Berthé, Directeur de la Tour de l’Afrique :

« C’est seulement la désolation »
C’est un directeur très affligé que nous avons approché hier matin dans l’enceinte de la Tour de l’Afrique. Dans l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder, il condamne les actes de vandalisme et le laisser- aller qui ont conduit aux violences de l’après-match.
Selon lui, « il faut voir puis apprécier les dégâts énormes faits ici. On ne peut pas apprécier à sa juste valeur tout l’investissement qui a été fait ici et l’ampleur des dégâts qui ont été commis. Je pense que c’est seulement la désolation. »
Il y a tout de même un appel au calme qu’il faudra lancer parce qu’il faut d’abord que les gens retrouvent leurs esprits et voir ensuite, tout ce qui est possible comme mesures à prendre, a-t-il déclaré. Cela ne se fera pas dans la passion ni dans la violence. « Le Mali a beaucoup de choses à faire, je crois qu’on n’a pas besoin de scènes de ce genre, a-t-il précisé« .

M. Abrahamane Sacko, Chef de Cabinet du ministère de la Culture

« Il est vrai que des résultats négatifs, très négatifs se répercutent sur la vie de façon générale. Mais il faudrait que nous apprenions tous à traiter autrement nos défaites. Le Football c’est un jeu, et un jeu par définition, c’est des règles qu’on établit. Chaque équipe va avec ses moyens et chacun se dit plus apte à appliquer ces règles.
Maintenant, si l’autre devient plus apte pour appliquer ces règles et gagner, je pense que ça ne vaut pas la peine de faire des dégâts au stade encore moins en ville. C’est d’accepter que l’autre a bien compris les règles du jeu. Il est temps qu’on essaye d’éduquer, de sensibiliser la population
« .

Makan Siré Cissé, vendeur de tara

« C’est un vieux de 60 ans environ, vendeur de tara à côté du centre de Bollé que nous avons vu pleurer hier matin sur les ruines de ses installations après le passage des manifestants. En effet, sous le choc, ce vieux, qui dit n’avoir d’autres ressources que les miettes qu’il gagne dans le commerce de ces taras, pense que l’Etat doit prendre toutes les mesures pour, non seulement sécuriser les installations, mais aussi la vie des citoyens. Il a évalué à plus de 700 000 F cfa les dommages causés chez lui et signale avec insistance, le cas de ses voisins, un jeune Dogon Amadou Poudiougou et sa famille habitant dans un kiosque d’à côté et qui ont tout perdu également. »

Madani Sy, électronicien :

« Les dirigeants fuient leur responsabilité »
« Nous constatons que les dirigeants fuient leur responsabilité. On dirait que la FEMAFOOT et le Président de la République sont de mèche. Il faut faire partir et la Fédération et le ministère des Sports qui ne cessent de négocier les matches du Mali
« .

Mamoutou Samaké, manifestant (Yirimadio)
« Nous n’avons pas pu supporter et c’est pourquoi nous avons cassé »
« Si c’était à refaire, moi je n’allais pas hésiter tant nous souffrons. Nous sommes au stade depuis 14 heures et au finish, le Togo vient nous battre chez nous-mêmes. C’est ce que nous n’avons pas pu supporter et c’est pourquoi nous avons cassé« .

Alima DABO, épouse de joueur

« Il faut accepter la défaite. Nos joueurs avaient commencé à bien jouer, mais vers la fin, ils ont bâclé le jeu. Et c’est la défense des Aigles que je mets en cause.
Par rapport à l’arbitrage, je reconnais qu’il y eu trop de cartons jaunes, mais ça n’avait aucun effet sur le match. On avait bien dominé le match jusqu’à la fin, mais nous n’avions pas de finition. Le Mali joue toujours comme ça. On ne comprend pas ce qu’il y a. Le Mali a perdu, et ce n’était ni un problème de fédération, ni un problème d’arbitrage ni un problème d’argent, mais juste un problème de défense
« .

Bassam AZZAR, promoteur de la pâtisserie AMANDINE :

« J’invite les autorités à assurer la sécurité des populations et de leurs biens »
C’est une foule surexcitée qui a déferlé sur la « pâtisserie Amandine » le soir de la défaite du Mali face aux Eperviers du Togo. Pour le patron de la pâtisserie que nous avons rencontré, il s’agissait d’une émeute, des gens qui sont mécontents du match.
« On ne s’attendait pas à ce genre de manifestations. On s’attendait à ce que ça chauffe un tout petit peu, mais pas à une telle ampleur« .
Il dit n’avoir aucune idée de la valeur des objets piqués par les manifestants. Les évaluations sont en cours et c’est aux huissiers de faire le bilan.
« J’invite les autorités à assurer la sécurité des populations et de leurs biens. Que des policiers soient mis sur les lieux pour protéger les biens des gens« .

Réalisés par
Tiémoko TRAORÉ et Amadou OMBOTIMBÉ

29 Mars 2005