Le Mali vient d’accéder à la souveraineté internationale. Moins d’un trimestre, la nouvelle Ligue Régionale de Football a, à sa tête, Garan Kouyaté assisté de Félix Johannel Administrateur des Colonies, Sory Ibrahim Konandji, Mamadou Konandji Kolo etc.… Elle profite alors d’une aubaine. La Fédération Malienne de Football vient d’inviter l’équipe nationale de Tchécoslovaquie, pour un match amical à Bamako contre le Mali.
C’est un grand événement car les tchèques occupent le second rang mondial en cette année après le Brésil. Les dévoués dirigeants de la Ligue de Ségou tordent la main à Bamako pour pouvoir jauger la valeur de ses joueurs qui faisaient feu de tout bois en demandant qu’elle soit l’hôte des meilleurs footballeurs du monde. Cela est suffisamment un baromètre pour déterminer le rang du football ségovien sur l’échiquier national et international. La FMF donne son OK et les préparatifs vont bon train.
Les Trois Glorieuses de Ségou (Avenir, Olympique et Jeunesse Sportive) acceptent une sélection des meilleurs éléments qui s’appellent : Fa Keita, Chaka Traoré Bouvier, Bakary Traoré Alliance, Mamady Dembélé Dragon, Mamoutou Bouaré Zapata, Lassana Bamba tous de l’Avenir, Amadou Touré Bernard, Mamadou Diarra, Secoura Bakoroba, Mahamane Maiga Corbeau, Moussa Traoré Balani, Karamoko Traoré Karakos tous de l’Olympique et Tiecoura Koné Brésil, Antoine Drabo, Tiemoko Sissoko Rampert, Seydou Traoré Seydoukoro, Tidiani Guissé Quinze, Hamidou Guindo Diablo tous de la JSS.
La sélection de Ségou affine sa stratégie au Camp du Bataillon Autonome du Soudan Français (aujourd’hui Camp Sékou Amadou) sous la conduite d’Amadou Diawoye Kouyaté, un Maitre d’EPS, diplômé de l’Ecole Fédérale de Dakar. Trois semaines de préparation ont permis à la sélection de Ségou de préparer leurs aptitudes physiques et techniques et quelques combinaisons tactiques. Nous sommes le 22 janvier 1961. L’équipe nationale tchèque foule la pelouse du Stade Bissagnet de Ségou (aujourd’hui Stade Municipal) après un accueil au Gouvernorat de Ségou.
L’affiche du match peut paraître inégale, surtout que la sélection tchèque venait de battre celle de Bamako, l’équipe nationale du Mali en quelque sorte par 1 but à 0. Moussa Sissoko Elval Ho, arbitre fédéral est désigné pour officier la rencontre. Il est assisté de Boubacar et Léon Keita. Cheick Kouyaté, Secrétaire Général de la Fédération Malienne de Football est le délégué du match.
Ségou aligne d’emblée : Tiemoko Sissoko, Tidiani Guissé, Chaka Traoré, Seydou Traoré, Antoine Drabo, Amadou Touré, Mamadou Diarra, Bakary Traoré, Fa Keita capitaine, Moussa Traoré et Tiecoura Koné. Quant aux Tchèques, les joueurs se prénomment Dloumy, Holoubek, Fabera Capitaine, Kofent, Linhart, Rys, Sole, Majer, Kadraba, Hajek, Nemecek etc.…
D’entrée de jeu, les ségoviens, assurés d’une bonne condition physique, impriment leur rythme au jeu, s’imposant dans les duels. Bernard, Mamadou Diarra, Alliance quadrillent bien le milieu de terrain. Ségou multiplie les dribbles et les permutations avec des ailiers comme Brésil et Balla qui, sûrs de leur vitesse, alternent les débordements quand Guissé, Bouvier, Antoine et Sedoukoro stoppent les velléités des attaquants tchèques. Sur les gradins pleins à craquer, le public applaudit et exulte.
Les hôtes de la Tchécoslovaquie sont surpris et dépassés par le tempo des ségoviens. Et puis justice ! Ségou marque le premier but de la partie. C’est le délire. La clameur noie les fidèles de la grande mosquée, restés après la prière de 16 heures.
Le Stade Bissagnet de Ségou étouffe de joie jusqu’à la pause sifflée par l’arbitre. Au retour des vestiaires, la partie démarre avec la même cadence. Les spectateurs se régalent, car les ségoviens footballeurs confirment leur début de première mi-temps. Soudain, le beau jeu disparait, laissant place à des actes antisportifs de la part des compagnons de Kadraba, désemparés et qui s’emploient désormais à ternir le match avec des tirages de maillots et des simulations. La partie baisse en intensité et les tchèques égalisent alors à la 90eme mn de jeu.
Le match se termine donc sur ce score de parité de 1 but partout et l’amitié par le sport entre nos deux pays est sauve ! Surtout que le séjour des hôtes se termine par une soirée dansante au Ségou Club (aujourd’hui Pied-à-terre) agrémentée par les mélodies des deux orchestres de la cité des balanzans à l’époque : le Ségou Jazz et la Renaissance.
Moutta
Le Ségovien