La mise à mort, constatée le 1er mai 2010, d’une lycéenne au flanc de la colline en plein midi à Bamako est une large brèche ouverte dans le cordon sécuritaire érigé par le « régime des généraux » afin d’assurer paix, sécurité et quiétude à toute la population.
Foutaises ! Même le clinquant des cérémonies de remise de moyens logistiques aux forces de sécurité ; les recrutements à tour de bras de frères, cousins, fils et neveux (…) au sein des forces de sécurité n’ont plus le don de nous faire rêver : nous frôlons la mort gratuite à chaque instant, à chaque coin de rue.
Parce que nous possédons un petit bien convoité par un malfaiteur, un accident prémédité irréparable est vite arrivé. Pour paraphraser un ex-ministre burundais des Affaires étrangères, on dira, sans risque d’être démenti, que l’espérance de vie au Mali est désormais « de 24 h renouvelables ».
De fait, qui n’a pas entendu le procureur près la Cour d’appel de Mopti déplorer le nombre croissant des crimes de sang liés en particulier aux litiges fonciers aux Assises au Mali ? Qui n’a pas appris qu’un policier a récemment tué de sang froid un jeune Malien, lui tirant – comble de l’inélégance – dans le dos après une simple prise de bec ?
Combien de citoyens, partis à la quête de leur pitance quotidienne, sont tombés sous des balles scélérates depuis quelques années sur nos routes nationales ou foraines ? Combien d’enfants ont été sacrifiés sur l’autel des ambitions de Maliens pressés d’« arriver » ?
Si nul ne sait le nombre avec exactitude, une certitude cependant : l’Etat fait semblant d’assurer notre sécurité ; c’est un euphémisme pour dire que nous sommes une jungle où la seule règle qui vaille est l’adaptation/suppression, c’est-à-dire du darwinisme pur et dur : les plus faibles disparaissant sous les coups de boutoir des plus forts sans autre forme de procès.
Voilà pourquoi au lieu de trouver des solutions aux cris d’orfraie des populations plus que jamais dans la psychose de l’insécurité, des autorités en charge de la question se vilipendent sur des querelles byzantines. Ici, la loi du Talion est permise. « Tu me fais, je te fais » !
On pensait que notre mal à une limite. Que non ! C’est en ce moment de confusion mortelle que le projet d’abolition de la peine de mort est déposé sur la table de l’Assemblée nationale.
Nous ne sommes ni pour ni contre, mais estimons qu’en l’état actuel des choses, il vaut mieux maintenir cette sentence pour dissuader bien des assassins en puissance. Dans le cas contraire, il va alors falloir que chaque Malien fasse emplette de son linceul et le trimballer partout.
Il est vrai que les motivations visant la suppression de la peine de mort se trouvent dans la volonté des prédateurs et dissimulateurs de deniers publics de l’y échapper éventuellement. Mais de grâce qu’on maintienne la mesure même si elle n’est pas appliquée !
Parce que chaque jour des citoyens sont lâchement abattus ; les auteurs de ces crimes lorsqu’ils sont débusqués et écroués n’en restent pas moins sereins sachant qu’après quelques mois de prison, ils sont relaxés. Sacrilège !
A. M. T.
24 Mai 2010.