On ne sait plus qui de Yayah Jammeh ou de Laurent Gbagbo est l’émule de l’autre, tant ces deux hommes politiques se sont spécialisés dans la volte-face, le reniement de leur parole donnée et la pression pour demeurer au pouvoir. Une certitude cependant : si rien n’est fait rapidement pour la contrecarrer, l’actuelle classe politique africaine, corrompue et avide de pouvoir, va enterrer les derniers espoirs du continent.
Présentée il y a 20 ans comme la panacée, la démocratie, pour la majorité des populations africaines, est devenue pire que la camisole de force des partis uniques parce que les tenants autrefois acharnés de l’ouverture politique, une fois aux affaires, s’avèrent intraitables sur ses principes de base. Telle une bouée de sauvetage, ils s’accrochent. Ils s’acoquinent avec les milieux d’affaires, pardon… des requins, en quête perpétuelle de plus-value.
En plus de sa tentative de confiscation du pouvoir, il se dit que M. Gbagbo est à la tête d’une fortune personnelle, estimée à plus de 2000 milliards de F CFA. Un montant qui peut donner le tournis à un homme qui part du postulat qu’on n’en a jamais assez de l’argent. Malheureusement, pour beaucoup de nos « démocrates », en dépit des apparences, les palais présidentiels sont synonymes de sésame ouvre-toi, de nirvana. Le pouvoir et l’argent constituent alors un frein pour l’alternance.
La morale publique ayant fui, l’impunité étant devenue la règle, les constitutions bafouées, des présidents ne se fixent plus de limites. Leurs affidés et adversaires rêvent de les imiter afin de s’assurer la même puissance ad vitam æternam. Pour cela, tous les moyens sont bons, même le sacrifice de vies humaines au nom d’un nationalisme éculé ou d’un projet de société utopique. La classe politique africaine, globalement, s’est disqualifiée.
Je plains la jeunesse africaine, qui n’a pas toujours conscience de son poids réel et de sa responsabilité pour changer le cours des événements. Elle assiste curieusement, sans mot dire, au gaspillage de l’héritage national par ceux qui s’en iront d’une façon ou d’une autre dans 10, 15, 20 ans au plus. D’ailleurs, que serions-nous à plus ou moins brève échéance avec ce pourrissement généralisé ? Nul doute que la situation va devenir intenable.
Que faire ? Simple comme bonjour. Envoyer paître tous ceux qui ont tant soit peu géré nos pays, qui chantent faux avec des promesses mirobolantes, assorties d’argent liquide, de thé, tee-shirt et pagnes pour plus tard récupérer leurs « investissements » ; éconduire ceux qui se prévalent de routes, ponts, chaussées, hôpitaux et aménagements agricoles mal faits et qui n’ont aucune prise réelle sur nos besoins existentiels.
Ils font voir trente-six chandelles à ceux qui bouffent 1 franc du Blanc, mais caressent dans le sens du poil ceux qui volent les milliards des caisses publiques. C’est suffisamment grave comme parjure non ?
Croyons en la foi de ceux qui, comme Winston Churchill, promettent la sueur et exigent le travail sans relâche ; la préservation du denier public, la restauration de l’Etat coercitif avec des bornes à ne pas dépasser. J’ai le sentiment que le salut de l’Afrique ne viendrait que de sa diaspora consciente, qui devra sonner le glas des dinosaures.
A. M. T.
20 Décembre 2010.