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 » Le Mali est aussi victime et otage de cette situation [Ndlr, l’insécurité dans la zone du Sahara qu’on partage avec l’Algérie et la Mauritanie, entre autres]. Nous sommes des otages lorsque des otages sont pris ».
Voilà ce qu’a déclaré le chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, le président de tous les Maliens, à la presse en recevant nuitamment son homologue français Nicolas Sarkozy mercredi dernier. Il s’expliquait sur la décision de libérer quatre membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) contre le Français Pierre Camatte que détenait l’organisation classée parmi les organisations terroristes par les USA, la Grande-Bretagne, mais aussi l’Union européenne, la France y compris.

Pierre Camatte était l’otage de « fanatiques » comme il qualifiait lui-même ses ravisseurs à sa descente d’avion, jeudi matin, sur l’aéroport de Villacoublay près de Paris. Et ces « fanatiques » ne semblent pas avoir de pays ou tout au plus ne s’attachent à un pays que lorsqu’ils y trouvent la tranquillité et où on obéit à… leur Kalachnikov. Le Nord-Mali, « Sud d’un pays, Nord d’un autre pays et Ouest d’un troisième » est donc ce lieu où ces « fanatiques » se sentent bien chez eux en sécurité. Mais n’allez pas dire que « cette histoire ne nous regarde pas » !

 » Nous sommes des otages lorsque des otages sont pris ». ATT ne croit pas si bien dire. Mais, en cédant à AQMI « dans une histoire qui ne nous regarde pas », pour quelque raison que ce soit (raison humanitaire ou raison d’État), le président de la République du Mali s’est lui-même livré pieds et mains liés et avec lui tout un pays, c’est-à-dire moi, mes ascendants et mes descendants, vous, vos ascendants et vos descendants. Étonnant non ? Voilà donc le Mali otage et d’AQMI et d’ATT et de nos voisins et de nos « pays frères et amis ».

La faute à qui ? « L’histoire ne nous regarde pas » ? Pourquoi voulez-vous donc que j’applaudisse « l’acte » posé par le grand patron, « qui aurait sauvé la vie » de M. Camatte dont j’ignore réellement ce qu’il faisait au nord ? « “L’histoire ne nous regarde pas » ? Et pourtant, c’est la toute première fois, en cinquante ans d’indépendance, que des ambassadeurs sont rappelés par leurs gouvernements pour consultation.

 » L’histoire ne nous regarde pas » ? Je ne le crois vraiment pas si l’on a la même compréhension de l’adage qui dit qu’« il vaut mieux avoir affaire à Dieu qu’à ses saints ». Sans être exempte de reproche (qui l’est du reste dans ce bas monde ?), l’Algérie au moins participe à la formation des ressources humaines du pays en offrant plus de bourses d’études que l’Hexagone (spécialiste des reconduites de Maliens à ses frontières). Alger participe aussi au maintien de l’activité économique dans les régions du Nord-Mali. « L’histoire ne nous regarde pas » ? Tant pis !

A. M. T.

01 Mars 2010.