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Comme si l’avenir est bien assuré, les autorités du Mali font des plans sur la comète pour les futures générations. Dans leur volonté de tout peindre en rose, elles parlent même de pays en voie d’émergence. Mon Dieu ! Et moi qui avais tendance à croire que les alouettes ne tombent jamais toutes rôties du ciel, me voilà bien servi !

Tiens donc ! Peut-être pensent-elles au pétrole, gaz, zinc, manganèse, bauxite, uranium… et les ressources encore inconnues de notre sous-sol qui vont faire, à elles seules, le bonheur des Maliens qui seront encore de ce monde le 22 septembre 2060 ? Je ne saurai l’affirmer catégoriquement.

Toutefois, une certitude : c’est que l’éducation et la formation, socle sur lequel repose tout développement, sont tellement bafouées qu’il ne faut rêver de bonheur avant plusieurs cinquantenaires. Prenant le contre-pied de la notion élémentaire qui veut que l’homme soit au début et à la fin de tout processus de développement, nos dirigeants assistent sans broncher à la mort de tout ce qui faisait la grandeur morale de ce pays ; la préparation de la relève.

Ils ont tellement pris goût à banaliser les Maliens qu’ils croient que le clinquant des hôtels (fruits d’investissements étrangers), de collecteurs naturels, d’échangeurs, de routes, de superficies aménagées vaut flatteries, courbettes ; qu’il peut cacher les échecs inexcusables comme la déperdition chaque jour plus prononcée du citoyen.

Tous ou presque se prenant désormais pour le centre de la terre, on assistera bientôt à la fin totale de toute notion de civilité, d’amour de son prochain et de la patrie dans ce pays. Exemple : en circulation, un Malien cogne l’arrière de votre engin à un arrêt obligatoire ; au lieu de gentils mots d’excuse, il y a de fortes chances qu’il vous taxe de pauvre bougre. Heureux celui qui n’est pas invectivé, ses père et mère avec.
«  Djo tigi djo, djalaki tigui djalaki » ? Non. Ici, l’équité et la justice ont un prix. C’est pourquoi, il y a autant de rebelles que d’habitants dans ce pays. Sauf s’il s’agit d’une émergence à rebours, le pays va immanquablement à sa perte.

Les écoles privées prolifèrent à tous les niveaux, n’est-ce pas ? Mais, les parents, enthousiastes au départ, parce que voyant en cela une bouée de sauvetage, ont vite désenchanté et sont obligés de retourner à l’école publique, moins coûteuse, mais surtout apparemment plus « sérieuse ».

Car, au lieu d’être l’alternative à la défaillance du public, le privé est pris à la gorge par des affairistes de tout acabit. Les établissements privés sont comme des superettes pour ne pas dire des marchés aux puces. D’où les nouveaux milliardaires de l’école.

En conséquence, le Mali reste le seul pays au monde où des maîtrisards peuvent écrire « Saint-Pierre » (la basilique romaine ?) la serpillière qui sert à nettoyer ! Et si j’ajoute que des journalistes sportifs ignorent l’orthographe d’entraîneur, de fair-play ou même de football et s’en « footent » quand on le leur fait la réflexion, vous allez me traiter de mauvaise langue, mais c’est la triste réalité !

Demandez à des économistes frais émoulus de faire le distinguo entre inflation et déflation, ce sera, pour vous, l’infarctus du myocarde garanti. Emergence ? Mon œil ! C’est plutôt une dégringolade continue qu’on prépare pour les générations à venir.

A. M. T.

11 Octobre 2010