Effective dans le fondamental et le secondaire depuis ce matin, la rentrée scolaire 2008-2009 intervient dans un contexte de vie chère, mais aussi de tenue prochaine du Forum national sur l’éducation qui, entre autres missions, devra remettre l’école malienne malmenée sur de bons pieds.
Il en va de l’intérêt du Mali qui commence déjà à faire les frais de l’apprentissage approximatif dispensé dans nos écoles depuis deux décennies. Le niveau, on ne le dira jamais assez, va de Charybde en Scylla année après année.
Malgré les charges et les sollicitations toutes incompressibles les unes les autres, beaucoup de parents d’élèves ont tant bien que mal pu s’acquitter des écolages. En retour, ils attendent des leurs qu’ils rompent avec les mauvaises habitudes des années folles qui les voyaient abandonner les classes pour des futilités.
Car, à force de revendiquer, ils en étaient arrivés à imposer leur vue même en matière d’évaluation, qui relève pourtant de la compétence de l’autorité scolaire. Mais, n’est-ce pas trop facile d’assurer les frais scolaires seulement, croiser ensuite les bras et laisser les enfants agir à leur guise ?
Or, comme l’éducation commence à la maison, les parents restent donc interpellés. Ils devront contraindre au besoin les scolaires à mettre dans leurs boîtes à sel que force doit rester au règlement intérieur une fois l’espace scolaire franchi ! Que la réussite de l’année commence dès le 1er jour de la rentrée ! Ils en ont les moyens pour peu qu’ils le veuillent.
Les Bambaras ne disent-ils pas que « mogo té sè ka gné guènè kè bama ka bo o là o ki kin » (on ne doit pas craindre le caïman sorti de son urine) ? C’est par là peut-être que viendra le salut. Si l’enseignant, de par son noble comportement, était autrefois craint et respecté, rien n’autorise non plus à vilipender la profession en l’éclaboussant des errements de certains.
Mais enfin quel parent ne souhaite pas voir son enfant sélectionné à une bourse d’excellence ou simplement admis au Camp d’excellence ? Quel parent ne voudrait pas d’un enfant cité pour ses compétences professionnelles ? Quel parent reprouverait donc que son enfant « commande » aux autres ? Il n’en existe pas beaucoup.
Seulement voilà : nous nous écartons un peu plus chaque jour des sillons tracés par nos devanciers. « Qui aime bien châtie bien » : tel était leur principe fondamental d’éducation. Mais, pour nous, apparemment, les enfants sont des « baba commandants », nos Pygmalion qu’il faut aimer et choyer plus que de raison pour ne pas être la risée du voisinage.
Ce qui était corrigé par toute la communauté devient tabou à défaut de susciter l’hilarité générale. Les enfants, en l’absence de leurs propres géniteurs, peuvent tout se permettre sans crainte d’être recadrés par quelque âme sensible. Hélas !
Gageons néanmoins que cette année scolaire sera le départ de la rédemption de l’éducation nationale.
A. M. T.
06 Octobre 2008