Un citoyen a été victime d’un nouvel incident mortel impliquant un policier.Une affaire de meurtre fait depuis hier l’objet de tous les débats à travers la ville. Un policier de la brigade spéciale d’intervention a blessé mortellement par balle un jeune homme dans la nuit du 10 au 11 mai. Cet acte ne peut être qualifié de bavure policière puisque l’agent n’était pas de service.
La tragédie s’est déroulée devant la boîte de nuit « Le Milliardaire » sis à l’immeuble Babemba à Ouolofobougou. À défaut d’avoir obtenu une version officielle (et ce n’est pas faute d’avoir pas cherché) auprès de la police nationale, nous nous sommes reportés sur certaines personnes qui assurent avoir été témoins de l’accident.
Tout serait parti d’une rencontre la semaine dernière entre Ousmane Diarra, chef agent de sécurité au niveau de la GTZ et deux hommes dont nous ne détenons que les pseudonymes, à savoir Wassaléen et « P ». Selon nos informations, la semaine dernière, Wassaléen et « P » ont rendu visite à Ousmane à la GTZ.
Ils étaient accompagnés d’une troisième personne qui cherchait à avoir accès aux locaux de l’organisme allemand. Ousmane Diarra se serait opposé. L’affaire aurait dû se terminer là si avant-hier soir Ousmane n’avait pas reçu un appel de Wassaléen qui lui aurait demandé de le retrouver à la boîte de nuit « Le Milliardaire ».
Il était environ 1 heure 30mn. Ousmane accompagné d’un agent de la brigade spéciale d’intervention (BSI) se serait présenté devant l’entrée de la boîte. Il aurait appelé « P » et son compagnon pour leur dire qu’il se trouvait devant la porte.
Pendant que les nouveaux arrivants attendaient, le portier un autre agent de sécurité, ami de l’homme qui avait tenté la semaine dernière d’avoir accès aux locaux de la GTZ, aurait déclaré qu’ils ne pouvaient pas entrer dans la boîte de nuit.
Une vive altercation aurait alors éclaté. Au bout de cet échange vigoureux, le portier aurait poussé violemment Ousmane Diarra qui tituba avant de s’affaler sur le policier, son compagnon. Ce dernier déséquilibré aurait bousculé une autre personne. Cet autre inconnu aurait ceinturé aussitôt le policier.
Mais il aurait libéré l’agent lorsqu’un homme arrêté non loin du groupe lui avait soufflé, que l’homme qu’il maîtrisait était un policier. Mais apparemment, le policier qui était en civil n’entendait pas passer l’éponge sur l’incident. Furieux, il aurait dégainé son arme et aurait tiré en l’air.
Ce fut le sauve-qui-peut. D’après une de nos sources, le policier aurait visé et ouvert le feu sur Sirima Camara dit « Français ». La balle aurait atteint l’homme dans le dos. Le projectile ressortira par la poitrine et la victime sera projetée à terre. Des amis accoururent pour tenter de secourir le blessé. Ils le transportèrent au centre hospitalier universitaire (CHU) Gabriel Touré. Le malchanceux Siriman succombera peu de temps après à ses blessures.
L’auteur du coup fatal aurait disparu dans les secondes suivant son coup de feu meurtrier. Seul le compagnon du policier en civil, Ousmane Diarra a été arrêté. Il se trouve au commissariat du 1er arrondissement. Hier matin nous avons rendu visite à la famille du disparu.
Le père du défunt et ses frères sont très consternés. Ils se plaignent surtout du fait que jusqu’à notre passage, aucun responsable de la police n’était venu enquêter sur le lieu du crime. Aucune délégation n’était venue présenter les condoléances aux parents du défunt Siriman.
L’incident mortel d’avant-hier est le deuxième survenu cette année entre la police et des citoyens. En février dernier, les Bamakois ont subi les méfaits de la grève des conducteurs de Sotrama. L’origine de cette perturbation dans le secteur des transports urbains était un incident survenu le 22 février entre 5 et 6 heures du matin dans les environs de l’ex-Malimag.
Les faits.
Un agent de la brigade anticriminalité avait tiré et tué un conducteur de Sotrama. Un sergent titulaire et un sergent stagiaire étaient effectivement présents dans le secteur quand la Sotrama suspectée de transporter des armes et de la drogue passait. L’un des agents siffla pour l’arrêter. Le conducteur, Mamadou Coulibaly alias « Dix » aurait attendu que l’agent le salua avant de réclamer le cahier du véhicule pour ouvrir violemment la portière. Le battant cogna le policier qui recula en titubant.
Le chauffeur « Dix » » démarra en trombe. Le sergent titulaire dégaina son pistolet pour tirer dans la roue arrière. Le stagiaire préféra envoyer une rafale qui atteignit mortellement le conducteur dans le dos. Le gouverneur du District, le ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile étaient représentés aux obsèques. Les membres du syndicat de la police nationale avaient assisté aux funérailles de « Dix ».
Tous avaient présenté leurs condoléances à la famille du disparu. C’est certainement un geste similaire qu’attendent les parents de la victime d’avant-hier tué devant la boîte de nuit « Le milliardaire ».
Nous reviendrons sur le sujet dès qu’il aura une autre version différente de celle qui nous a été présentée par les témoins rencontrés. La police nous a assuré qu’elle donnera toute l’information sur cette affaire pour ne pas laisser la place à l’intoxication. On attend donc.
Gamer A. Dicko |
L’Essor du 12 Mai 2010.