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A Ségou, dans la capitale des Balanzans où il se trouvait, le samedi 19 juillet dernier, pour la conférence des cadres de son parti, le RPM, le leader de cette formation politique, El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta, a endossé l’habit d’un véritable chef de l’opposition en qualifiant le pouvoir ATT «d’antidémocratique et d’incompétent qui doit s’en aller».

Au regard de l’analyse qu’il fait de la gestion actuelle du pays, IBK estime que «le pouvoir ATT fera tout pour rester aux affaires en 2012». Car soutient-il, «ils (Ndrl : les hommes d’ATT) ont pris conscience de leurs intérêts personnels». C’est pourquoi, le président du RPM a affirmé que «ceux qui estiment qu’ATT va préparer le terrain pour eux en 2012 se trompent lourdement».

Car, indique-t-il, «une bourgeoisie bureaucratique politico-militaire se met en place avec la nomination des officiers supérieurs de l’Armée dans l’administration publique pour l’aboutissement dudit projet». Un avertissement aux partis politiques surtout ceux de l’ADP et singulièrement l’ADEMA et l’URD dont les cadres disent à qui veut les entendre que 2012 est leur heure.

En affirmant que «le pouvoir ATT fera tout pour rester aux affaires en 2012», le président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta, qui se positionne, de plus en plus, comme étant le chef de file de l’opposition malienne, ne pense pas forcément à la personne du président de la République Amadou Toumani Touré. Car dit-il «la conscience universelle est là pour faire barrière aux velléités de prolongation de mandat». Mais, soutient-il, «on peut partir et ne pas partir».

C’est-à-dire quitter les fonctions présidentielles et rester maître d’œuvre de la gestion à travers un dauphin taillable et corvéable à souhait. Ainsi, d’après le leader charismatique et incontestable du RPM, «le pouvoir actuel est en train de se conforter une bourgeoisie à contrats d’or lié au commerce extérieur et l’exploitation de champs à la faveur des crises intrumentalisées».

En fait, de l’avis d’IBK, dans la situation actuelle que nous vivons au Mali, «il y a plus de spéculations que de périls». Toutes choses qui justifient, à ses yeux, la création d’une base sociale, d’une bourgeoisie qui, selon lui, «est en train de prendre conscience de ses intérêts personnels. Les hommes du pouvoir actuel ont un projet. Celui de rester aux affaires en 2012.

Ne pas le voir relève d’une myopie. Ceux (les partis politiques, surtout ceux de l’ADP et singulièrement l’ADEMA et l’URD dont les cadres disent à qui veut les entendre que 2012 sera leur heure) qui croient naïvement que ATT va leur préparer le terrain se trompent lourdement. Car ceux qui sont là, aujourd’hui aux affaires, feront tout pour rester aux affaires en 2012».

«ATT humainement formidable, mais pas démocrate»

A cet effet, le président du RPM a estimé qu’«une bourgeoisie bureaucratique polico-militaire se met en place avec la nomination des officiers supérieurs de l’Armée dans l’administration publique à cette fin». Ainsi, pour que le réveil ne soit pas brutal pour eux, IBK les a invités à faire preuve de clairvoyance et se mobiliser afin de barrer la route à de tel projet.

Dans ce cadre «le RPM ne fera pas d’alliance bidon. Seuls les partis qui ont de sérieux engagements pour le Mali seront avec nous pour mener le combat qui vaille contre l’émergence d’un groupe d’individus au détriment d’autres» a affirmé le président du RPM qui s’est indigné de ne pas voir la pauvreté reculer malgré les milliards de FCFA qui pleuvent sur le Mali.

C’est pourquoi, IBK a affirmé que le Mali va mal. «Le recul est grand, la descente est profonde» a-t-il indiqué avant d’arriver à la conclusion suivante «le Mali est en danger, car sa sécurité et sa souveraineté sont menacées. Le Mali est en danger parce que la pauvreté est grandissante. Le Mali est en danger parce qu’il n’a pas à sa tête des hommes qu’il faut. N’a-t-on pas vu ici des ministres à «essai » ? Bref, le pouvoir actuel est incompétent et incapable et il doit s’en aller.

Car il ne fait pas de la politique pour les Maliens mais pour un groupuscule. Pour relever le défi, le pays a besoin d’un démocrate compétent et ATT n’est ni l’un ni l’autre. Il est, certes, très gentil et formidable humainement.

Cependant, il n’est pas celui qu’il faut pour la gestion du pays. Il a un pouvoir légal et non légitime surtout quand on sait que la Cour Constitutionnelle, elle-même, a estimé qu’ils y a eu des fraudes massives lors des élections. Si l’administration est instrumentalisée pour tronquer les résultats des élections, nous sommes alors au Zimbabwe».

Les dossiers tels que la privatisation de la CMDT, des fora en vue sur l’école et la corruption ainsi que la crise dans la région de Kidal n’ont pas échappé aux critiques du président du RPM.

Sur le premier, IBK a soutenu que son parti votera non, à l’Assemblée nationale, contre la liquidation du géant de la cotonculture. Concernant les fora sur l’école et sur la corruption, IBK a estimé que «les tenants du pouvoir veulent endormir la conscience du peuple». Car dit-il «beaucoup de propositions sur ces dossiers dorment dans les tiroirs». Parlant du brûlant dossiers de Kidal, il affirmera, une fois de plus, que «l’Accord d’Alger ne peut jamais réinstaurer la paix et la quiétude au Nord du Mali».

Enfin, IBK a invité ses camarades à se mettre davantage à la tâche en s’informant et en se formant afin de relever le défi de la conquête du pouvoir.

A cet effet, il a cité l’écrivain Honoré de Balzac qui a dit qu’«il n’y a de pire crime que de vouloir exercer un métier dont on n’a pas la compétence». Un état de fait qui se «passe au Mali» d’après IBK.


Alassane DIARRA

Envoyé spécial à Ségou

22 Juillet 2008