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Tout gros Mandéka qu’il est, comme il se définit lui-même, le président du parti des Tisserands, quelque peu excédé par les intentions qu’on lui prête, n’en a pas moins donné de lui une facette d’animal politique rompu dans l’art de masquer sa batterie. Pour mieux surprendre l’adversaire au moment opportun. Ne dit-on pas que l’ambiguïté est la trame de la diplomatie ? Elle l’est davantage pour la politique.

Le Président du RPM et non moins celui de l’Assemblée nationale, El Hadji Ibrahim Boubacar Kéïta a brillé par son absence lors du meeting de soutien au Président de la République que l’ADEMA a organisé le 9 avril dernier, au Palais de la Culture.
Cette absence de celui qui est considéré comme le challenger potentiel d’ATT à la présidentielle de 2007, a fait l’objet de tous les commentaires au sein de la classe politique et dans les salons feutrés de Bamako.

Pour certains l’absence d’IBK est une défiance à l’endroit du président de la République en qui il n’a plus confiance eu regard à la marginalisation dont les cadres de son parti font l’objet de la part du pouvoir. Pour d’autres, c’est un signe de démarcation vis-à-vis du pouvoir à l’approche de la présidentielle de 2007.

Interrogé à chaud sur la question, à la faveur de la rencontre qu’il a eue au siège du BDIA avec les responsables de ce parti, le mardi 26 avril, le Président du RPM a été catégorique : « était ce un meeting de sensibilisation par rapport aux casses du 27 mars ou un meeting de soutien au Général Amadou Toumani Touré ? S’il s’agit du premier cas, mon parti a fait ce qu’il pouvait à travers des communiqués.

Pour ce qui concerne le soutien au Président de la République, en ce qui me concerne ATT sait à quoi s’en tenir. Cela me suffit largement. Je m’en tiens à cela ».
ATT doit s’en tenir à quoi ? C’est la question nous n’avons pas pu poser à notre interlocuteur faute de temps. Car nous avons rencontré l’intéressé quand il s’apprêtait à monter à bord de sa Land Cruiser.

Mais, à analyser les propos d’IBK, on peut retenir deux choses. Soit, l’homme veut signifier que son soutien à ATT ne souffre l’ombre d’aucune ambiguïté, soit il veut dire que le Président de la République sait pourquoi, lui IBK, n’était pas au rendez-vous du 9 avril.

Interpellé sur les réelles motivations de ses prises de contacts avec la classe politique que bon nombre d’observateurs voient sous une connotation hautement électoraliste, tout en soutenant qu’il va vite en besogne alors qu’on est encore loin de 2007, IBK n’a pas manqué de fustiger ces analyses. « Pourquoi disent-ils que je suis pressé ? Pressé par rapport à quoi ?

« Si j’étais un fou du pouvoir, les Maliens l’auraient su en 2002″
 » Ma démarche actuelle n’a pas une connotation particulière par rapport à une quelconque course au pouvoir. Je ne suis pas un fou du pouvoir. Si j’étais un fou du pouvoir, les Maliens l’auraient su en 2002. Je n’ai pas mis le pays à feu et à sang pour venir aux affaires. Non, sur ce plan, je suis tranquille. Vraiment qu’on me laisse gérer ma vie politique tranquillement. Je suis un musulman qui croit beaucoup en Dieu. Ce que je dois faire comme tâche pour mon pays, je le fais et je l’assume. Mais que l’on ne passe pas le temps à faire des supputations, à extrapoler. Nous sommes dans un pays où nous devons nous parler. Si je viens m’entretenir avec un parti politique malien comme le BDIA, un parti si proche de nous qui fut dirigé par un homme que j’ai estimé à tous égards, (Feu Tiéoulé Mamadou Konaté, ndlr) ne voyez aucune astuce en cela. Moi, Ibrahim Boubacar Kéïta, je suis le gros Mandéka que vous connaissez. Ce que j’ai à faire dans le temps, je le fais dans le temps. Ce que je ferai demain, je le ferai également tranquillement. J’ai rencontré aujourd’hui (mardi 26 avril 2005, ndlr) le BDIA avec mon Bureau Politique National, comme j’ai rencontré hier l’ADEMA, l’US-RDA, comme je rencontrerai demain le MPR. C’est tout ».

Alassane Diarra

28 avril 2005